Le Cheval Bayard

Monté par les quatre fils Aymon, le Cheval Bayard est une figure incontournable de Namur. Cette interprétation contemporaine de l’animal mythique est l’ouvre d’Olivier Strebelle. Faisant preuve d’une infatigable puissance imaginative, l’artiste compte parmi les rares figures emblématiques de la sculpture moderne en Belgique.

En 1953, Olivier Strebelle, né à Bruxelles en 1927, jouit d’une telle renommée qu’il se voit confier la réalisation d’une £uvre spectaculaire destinée à agrémenter le Pont des Ardennes à Namur. Franchissant une telle distance avec une seule arche, ce pont, à l’époque le plus grand de Belgique, constitue une véritable prouesse technique. L’architecte Roger Bastin souhaite parer son ouvrage d’un monument exceptionnel. Il choisit un thème en rapport avec la tradition folklorique régionale : La légende des quatre fils Aymon, vieille chanson de geste qui raconte les aventures de quatre frères contraints de chercher refuge dans la forêt des Ardennes. Ils seront sauvés d’une mort inévitable par l’intelligence surnaturelle d’un cheval nommé Bayard. Ce dernier – puissant, vigoureux et courageux – a la merveilleuse propriété de pouvoir s’allonger en fonction du nombre de cavaliers, permettant à la fratrie de le chevaucher simultanément.

S’investissant corps et âme, Strebelle multiplie les avant-projets. Au terme d’une longue période de maturation (près de quatre ans), l’artiste fixe définitivement sa version de l’histoire. Dans un mouvement asymétrique, le légendaire destrier s’arrache du sol pour s’élever dans les airs avec puissance et légèreté. Bayard est ainsi immortalisé dans son élan fantastique par dessus la Meuse, répondant au pont qui franchit le fleuve d’une foulée.

La variante finale est retenue et commandée par le Fonds des Routes en 1957. Mais les frais d’installation de l’£uvre auprès du Pont des Ardennes s’avèrent plus élevés que prévu. Enthousiasmé par le projet, le Commissariat de l’Expo 58 propose son intervention financière à condition que la sculpture soit d’abord présentée sur l’Esplanade du Heysel à Bruxelles pour la durée de l’Exposition Universelle. Les délais de réalisation paraissent toutefois intenables, l’événement ouvrant en avril de l’année suivante. C’est alors le début d’une véritable course contre la montre. Une équipe de sculpteurs et de mouleurs travailleront sans relâche dans le grand hall du Cinquantenaire. Aussitôt moulés, les éléments sont envoyés à une fonderie néerlandaise qui coule et assemble sur place les morceaux de bronze. Jusqu’au dernier moment, le temps fut compté. L’artiste profita même de l’acheminement de la sculpture par transport fluvial pour finaliser l’£uvre en y incrustant des morceaux de céramiques multicolores, qui donnent à la création un caractère totalement nouveau. Le monument de treize mètres de long sur cinq de large fut terminé en trois mois. Un record ! Le cheval fut placé de justesse la veille de l’ouverture de l’exposition, au terme de laquelle il trouva, en bordure du célèbre pont namurois, sa destination finale.

Le Cheval Bayard, Olivier Strebelle, Pont des Ardennes, 5000 Namur

Gwennaëlle Gribaumont

Le monument fut terminé en trois mois. Un record !

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