Le chemin de l’exil

4 août 1914, 4 heures. La Grande Guerre a débuté. Elle va démanteler la scène artistique belge et laisser ses empreintes indélébiles sur bon nombre de créateurs, métamorphosés par l’horreur.

Récemment, nous évoquions une exposition sur la production livrée à la veille de la Première Guerre mondiale (Signes des Temps, à Mons, Le Vif /L’Express du 12 septembre). Nous soulignons aujourd’hui un parcours qui éclaire l’art pendant le conflit. Si certains artistes, postés derrière la ligne de feu, relatent la vie sur le front, la plupart vont se heurter à une autre forme de brutalité : tout abandonner et s’exiler. Ils trouvent refuge en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.

Partir ou mourir…

Cette période dramatique nous est racontée à travers les histoires personnelles de six figures centrales de l’art et de la littérature : Jules Schmalzigaug, Rik Wouters, Cyriel Buysse, André de Ridder, Paul van Ostaijen et Emile Verhaeren.

Inspiré par sa foi en l’avenir et sa découverte du Futurisme, Jules Schmalzigaug réalise des oeuvres qui suggèrent la vitesse et le progrès. Le début de la guerre signe la fin de l’euphorie. L’artiste part vivre à La Haye. Il y produit essentiellement des croquis d’après la vie. Mais ses vues de plages n’ont pas le caractère expérimental de ses oeuvres d’avant-guerre. Rien ne va plus ! L’artiste se sent isolé et met fin à ses jours deux ans plus tard.

L’art de Rik Wouters est d’abord une ode à la joie et à la force de vivre. Lorsque la guerre éclate, le peintre – qui rencontre déjà un certain succès à Boitsfort – est appelé sous les drapeaux. Son cancer diagnostiqué, il part vivre avec sa femme à Amsterdam. Malgré la douleur qui ne fait qu’empirer, l’artiste continue de peindre. Les deux oeuvres réalisées peu avant sa mort, Autoportrait au bandeau noir et Autoportrait au chapeau vert, constituent indéniablement les deux pièces phares de cette exposition.

Grand poète patriotique, Emile Verhaeren, exilé outre-Manche, sera très actif : il offre de beaux textes à la gloire de notre valeureuse patrie. Il écrit des poèmes qui encensent les troupes belges pour leur résistance face à l’assaillant.

Le parcours réunit 24 tableaux (et aquarelles), 31 dessins et 5 sculptures. Des oeuvres de bonne facture signées Marthe Donas, Oscar et Floris Jespers, Paul Joostens, Jan Kiemeney, Gustave Van de Woestyne, Rik Wouters… Le tout complété d’une impressionnante sélection de manuscrits, lettres, photos et publications de Cyriel Buysse, André de Ridder, Jan van Nijlen et Emile Verhaeren. Organisé par le Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers (actuellement en rénovation), ce septième opus de la série  » Les Modernes  » s’inscrit dans le cadre du projet de commémoration  » Anvers ’14-’18 « . De circonstance.

Les Modernes. L’art pendant la Grande Guerre,KMSKA, Koningin Fabiolazaal. Jezusstraat 28 – 2000 Anvers. Jusqu’au 11 janvier 2015 – www.kmska.be

Gwennaëlle Gribaumont

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