Une institution de proximité, Axa Banque Europe ? Que non, le bras bancaire du n°1 européen de l’assurance, qui s’est planté récemment aux stress tests de la BCE, s’est étendu à l’Est. Mal lui en a pris, mais la maison mère a assumé ses responsabilités. Décryptage.
Le 26 octobre dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a communiqué la liste des 25 banques européennes, sur 130, ayant échoué aux stress tests, tests de résistance visant à éprouver leur solidité en cas de récession et de crise financière doublée d’une chute des prix de l’immobilier. Outre Dexia, la BCE a également pointé du doigt une autre institution belge, Axa Banque Europe. Une surprise pour les non-initiés, car dans l’inconscient collectif, Axa Banque Europe (ex-Ippa, An-Hyp, Foncière liégeoise) est avant tout une banque de proximité, de taille modeste, aux ambitions purement nationales, récoltant l’épargne des uns pour consentir aux autres prêts hypothécaires, financements et crédits à la consommation, souvent par le biais de courtiers en assurance ayant développé en parallèle une activité bancaire. Bref, tout sauf une taille et des activités de nature à inquiéter les épargnants ainsi que les autorités de contrôle nationale et européennes. Reste qu’entre l’inconscient collectif et la réalité, la marge est assez grande, à tout le moins depuis la crise financière de 2008.
Une banque transfrontalière
A l’époque, la chose était passée relativement inaperçue. Tout début octobre 2008, en pleine crise financière, Axa Banque Europe annonçait vouloir réaliser une fusion transfrontalière avec Axa Kereskedelmi Bank, à Budapest (Hongrie). Quelques mois à peine ont suffi pour que ce projet aboutisse, la première absorbant la seconde. Depuis lors, Axa Banque Europe est devenue une banque de droit belge, avec siège social à Watermael-Boitsfort (sud de Bruxelles), exploitant non seulement les activités connues du grand public en Belgique mais également active, par le biais de succursales, en Hongrie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie.
Mais ces activités à l’Est se sont finalement avérées source d’ennuis, et de pertes. Pour la Hongrie, les difficultés sont principalement à trouver du côté de la dépréciation de la monnaie locale (le forint) face à l’euro et au franc suisse. Sachant que les Hongrois ont souvent emprunté en devises étrangères (au vu du différentiel d’intérêt par rapport à un emprunt en forints) pour acheter leur maison, acculés face aux charges de remboursement et à la dépréciation du marché immobilier, le gouvernement les a aidés (au détriment des banques, dont Axa Banque Europe) sous la forme, déjà, d’un remboursement à un cours de change théorique bien plus favorable que l’officiel. Sur la base des normes comptables belges, Axa Banque Europe a perdu, en 2013, 37,8 millions d’euros en Hongrie, 11,7 millions en Tchéquie et 3 millions en Slovaquie. Dans le même temps, elle engrangeait néanmoins un bénéfice de 47,7 millions sur ses activités réalisées en Belgique. Par le jeu des vases communicants entre succursales, Axa Banque Europe a finalement dégagé l’an dernier une perte nette d’environ 5 millions d’euros (18,3 millions en 2012).
Si les stress tests de la BCE ont conclu à la nécessité d’un renflouement d’Axa Banque Europe, sa maison mère (Axa) n’avait cependant pas attendu cette annonce pour prendre ses responsabilités. Les succursales tchèques et slovaques ont été fermées, un portefeuille d’obligations structurées a été revendu, plus aucun prêt n’a été consenti en Hongrie depuis 2011 et, enfin, pas moins 225 millions d’euros de capitaux frais ont été injectés dans la banque. Affaire classée, donc…
Jean-Marc Damry