Adrien Joveneau réalise un pari fou : emmener un peloton du Beau Vélo de RAVeL sur les pistes du Congo. Objectif : montrer une autre image du pays. Départ le 9 septembre et arrivée en fanfare à Kinshasa huit jours plus tard.
Le Beau Vélo au Congo
A peu près stabilisé, doté d’institutions démocratiques, le Congo a-t-il tourné la page des années sombres ? On voudrait le croire, malgré les violences qui persistent dans l’est, la corruption endémique, une certaine insécurité à Kinshasa… Dès l’an dernier, la sortie d’un premier guide Petit futé consacré à la RDC invitait à penser voyage plutôt que guerre et massacres. Un voyagiste belge a aussi organisé, en octobre 2006, une croisière touristique sur le fleuve Congo. Cette fois, place aux deux-roues. Après le Québec, l’Egypte, le Sénégal, la Turquie et, l’an dernier, la Californie, le Beau Vélo de RAVeL met le cap sur le pays de Kabila. Conduits par Adrien Joveneau, animateur-producteur de l’émission ertébéenne, une trentaine de cyclistes belges vont s’élancer, à partir du 9 septembre, sur les pistes chaotiques du Bas-Congo, avant de rejoindre, une semaine plus tard, le boulevard du 30-Juin, à Kinshasa, où ils seront accompagnés par des centaines de Congolais.
» Je caressais le projet depuis longtemps, raconte Joveneau. Il m’a semblé que, cette année, les indicateurs étaient enfin au vert pour pouvoir s’y risquer à vélo. Nous avons simplement avancé de quelques semaines le séjour pour éviter la saison des pluies, qui rend les pistes impraticables. » Parti en repérage en février, le Namurois s’est vite rendu compte que faire rouler un peloton dans Kinshasa tenait de la gageure : chaussées défoncées, trafic dangereux… Seule la fin de la dernière étape se fera donc dans la capitale congolaise. » En revanche, constate l’animateur, Menkao, sur le plateau des Bateke, est vraiment la ville du vélo. On se croirait en Flandre ! Nous y avons rencontré l’abbé Stéphane, un Congolais qui se chargera de distribuer à la population les 400 vélos d’occasion récoltés en Wallonie et acheminés, le 19 août, en RDC. C’est le volet humanitaire du voyage. Une vingtaine d’autres bicyclettes transformées en vélos utilitaires à trois roues par des étudiants de Saint-Luc, à Liège, ont également été envoyées sur place. »
» Sortir la caméra déclenche beaucoup d’agressivité »
L’opération vise aussi à donner une image positive du Congo, alors que les médias y relèvent surtout les drames, les exactions, les détournements… Quand le présentateur du Beau Vélo a lancé le projet, le Centre Wallonie-Bruxelles, à Kinshasa, lui a fait part de son inquiétude. » Mais rouler en RDC n’est pas plus dangereux que traverser Los Angeles de nuit à vélo, comme nous l’avons fait l’an dernier, assure Joveneau. En Haute-Egypte, en 2003, nous pédalions encadrés par les forces de sécurité. Je ne dis pas que le Congo, c’est le Club Med, mais je veux montrer que, là-bas, des gens se battent pour monter des projets. De plus, le pays, superbe, n’a rien à envier au Kenya. Nous passerons par le refuge des bonobos et les chutes de N’Zongo. »
Lors du repérage au Bas-Congo, l’animateur a tout de même dû relever la présence de nombreux péages, où le peloton devra négocier un droit de passage. Si les cyclistes belges ont été bien accueillis partout, le contact a été plus froid lors des étapes de liaison effectuées en 4×4. » Le pire, c’est quand nous avons sorti la caméra, pour les besoins d’un film de présentation du périple. Immédiatement, nous étions face à des regards noirs, de l’agressivité, des revendications. » La destination retenue cette année n’a, en tout cas, pas refroidi l’enthousiasme des candidats au RAVeL du bout du monde. Ils étaient près de 300 à se présenter au casting de sélection, en mai dernier, à Tournai, soit trois ou quatre fois plus que les autres années !
En radio et télé : flashs quotidiens à 19 h 15 sur VivaCité pendant l’expédition ; reportages RTBF les 15
et 16 septembre ; film de 52 minutes diffusé le 30 septembre sur la Une.
Olivier Rogeau