L’art numérique
Depuis les années 1990 sont apparues de nouvelles formes artistiques fondées sur l’usage des technologies numériques. Un ouvrage exhaustif leur est consacré
L’Art numérique, d’Edmond Couchot et Norbert Hilaire, publié chez Flammarion.
Il existe de nombreuses appellations pour désigner les £uvres réalisées avec des procédés informatiques. Selon les Prs Edmond Couchot et Norbert Hilaire, auteurs de l’ouvrage L’Art numérique, la première dénomination, » art à l’ordinateur » ( computer art), date d’une exposition qui fut organisée à Londres, en 1968. Baptisée Cybernetic Serrendipity, cette manifestation présentait essentiellement des dessins conçus à l’aide d’ordinateurs. La machine n’était encore qu’un outil, qui se démocratisera dans les années 1970 avec l’apparition de la micro-informatique. Des artistes issus d’autres disciplines, comme la vidéo, s’approprient alors l’informatique pour enrichir leurs créations. Le peintre David Em est, par exemple, un des tout premiers à mélanger des images en deux et trois dimensions, en alternant le travail sur ordinateur et la peinture. Cette utilisation resta toutefois assez conventionnelle. Elle débouchera sur une autre manière de créer des images fixes ou animées. L’ouvrage explique qu’à partir des années 1980 le » cinéma d’animation et le cinéma des effets spéciaux deviennent d’ailleurs le principal débouché û en termes de rentabilité û de l’image numérique « .
Avec les années 1990, l’ordinateur devient une partie intégrante de l’£uvre. C’est l’époque des installations interactives, comme I/Eye, de Bill Spinhoven. Disposé dans un lieu de passage, un écran d’ordinateur, relié à une caméra, affiche un £il. Sitôt qu’un passant traverse le champ de la caméra, l’£il commence à suivre le quidam du regard… Ce sont également les premiers pas de la réalité virtuelle grand public, qui tente d’immerger le spectateur dans l’image. Avec Internet, la relation entre l’artiste et le monde se modifie. Le spectateur et l’art deviennent actifs. L’artiste se transforme bien souvent en médiateur, chargé de coordonner les différentes interventions du public. Ainsi, The Most Wanted Painting, de Vitali Komar et Alexandre Melamid, est une création en ligne formée d’une collection de tableaux choisis selon les goûts et les préférences d’un éventail de visiteurs. Comme l’indiquent Couchot et Hilaire, » aujourd’hui, le Web est devenu une telle machine à communiquer et à faire de l’art, qu’il est difficile d’aborder la question frontalement « . Dans leur ouvrage de plus de 250 pages, ils essaient, dès lors, de débroussailler la matière en n’omettant pas de consacrer un important chapitre à la position des critiques d’art face au numérique. Un précieux livre donc, pour qui veut se plonger dans des disciplines artistiques en pleine évolution et riches de promesses.
Vincent Genot
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