L’ancien maire de Toulouse, accusé de viol par d’ex-prostituées, est mis hors de cause. La gendarmerie s’attend à devoir rendre des comptes
L’affaire Baudis û l’hypothèse de ces bacchanales sadomasochistes toulousaines auxquelles aurait participé le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) û se dégonfle lamentablement. Les accusations de » Patricia « , une ex-prostituée, ont été balayées par l’instruction. » Fanny » s’est rétractée. Le travesti Djamel, qui avait été inculpé pour » témoignage mensonger « , s’est suicidé. Où s’arrêtera le gâchis qui, en France, force médias, gendarmes, avocats, justice et monde politique à s’interroger sur leurs propres dysfonctionnements ? Au départ, il y a l’affaire Alègre, du nom de ce tueur et violeur en série condamné à la réclusion à perpétuité en février 2002. Mais l’enquête qui avait conduit à sa mise en examen recèle encore des zones d’ombre, qu’un gendarme acharné, Michel Roussel, tente d’élucider avec l’aide de témoins qu’on sait, aujourd’hui, douteux. Peut-être l’un d’entre eux, l’ex-prostituée » Patricia « , a-t-elle été tentée de plaire à l’adjudant û en incriminant Baudis û pour s’exonérer des charges qui pourraient peser sur elle dans la mort dramatique d’une prostituée des quartiers louches de la Ville rose, au début des années 1990. En dépit des réserves de la hiérarchie de Michel Roussel et d’une partie de la magistrature toulousaine, l’affaire s’emballe, le nom de Dominique Baudis apparaît au détour d’un procès-verbal. Celui-ci apprend que le microcosme toulousain bruit de rumeurs, et s’invite au journal dominical de TF1, le 18 mai dernier, pour » prendre la calomnie à la gorge « . Résultat : les médias se considèrent comme délivrés de leur devoir de prudence et se livrent à une surenchère dans la divulgation d’accusations non vérifiées. La France se divise entre anti-Baudis et pro-Baudis. Une situation qui n’est pas loin de rappeler l’épisode des » témoins X « , dans l’affaire Dutroux, en Belgique ( Le Vif/L’Express du 20 juin 2003). Quatre mois plus tard, le président du CSA peut se féliciter d’avoir adopté une attitude offensive face à la » tentative médiatique d’assassinat » dont il détaillera les minutes dans un prochain livre.
Marie-Cécile Royen