L’adieu à Haiku Herman

La  » solidité paisible  » de Herman Van Rompuy est une jolie formule nimbée de poésie. Quand l’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt ne parvenait pas à mettre au pas ses ministres querelleurs, il a inventé le terme  » culture du débat « .  » Haiku Herman « , quant à lui, a su dissimuler l’immobilisme de son gouvernement derrière le paravent de la sagesse inaltérable. Mais, en fait, de quel bilan le Premier ministre Van Rompuy peut-il se prévaloir ? Certes, il a ramené la paix dans son gouvernement bigarré. Grâce à son bagage intellectuel, à son humour lui permettant de ne pas se prendre trop au sérieux, aux marques de respect à l’égard de ses partenaires au gouvernement et à son apparent détachement du pouvoir. Rien que du bon : en ces temps de crise, la population voulait avant tout la stabilité politique. Un nouveau Van Rompuy plus indulgent n’a même pas hésité à informer l’opinion publique de ses aventures australiennes en camping-car et des premiers pas de son petit-fils aîné. Les effets furent probants. Celui que, dans les années 1990, la presse a décrit comme un intrigant et un Raspoutine vient d’être porté aux nues par les mêmes médias. Tant mieux pour lui. Mais il n’en reste moins vrai que le précédent chef du gouvernement nous avait presque endormis avec sa solidité paisible. Entre-temps, au-dessous de la ligne de flottaison, les vrais problèmes de la fédération belge n’ont cessé de pourrir. Les finances du pays demeurent catastrophiques – le budget confectionné par Van Rompuy a été très mal accueilli en Belgique et à l’étranger. Et l’accablante hypothèque communautaire pèse toujours aussi lourd sur la continuité du pays. On comprend que Herman Van Rompuy n’ait pas désiré apporter sa pierre à une solution négociée sur Bruxelles-Hal-Vilvorde et risquer ainsi de voir sa popularité toute fraîche ébréchée. De plus, il a estimé, sans doute à juste titre, qu’un Premier ministre démissionnaire ne dispose plus de l’autorité nécessaire pour forcer la conclusion d’un accord de cette importance. Les vieux routiers Wilfried Martens et Jean-Luc Dehaene ont donc été appelés à la rescousse pour accompagner la énième tentative d’installation d’Yves Leterme à la tête de l’exécutif fédéral. La preuve que le CD&V ne voue pas une confiance beaucoup plus grande à son leader que les autres partis de la coalition. Mais les circonstances sont telles que Leterme arrive les mains vides au  » 16 « . Sans avoir reçu le moindre cadeau. Les chantiers laissés inachevés par Herman Van Rompuy le placent devant des responsabilités oppressantes.

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PAR HAN RENARD Journaliste à Knack

Pas de cadeaux pour Yves Leterme

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