Le château du Roeulx accueille dans ses jardins, les écuries et l’orangerie une exposition d’art contemporain autour du thème des nuages. On y rencontre aussi Magritte, Arp ou encore, Man Ray.
L’idée de réunir des artistes autour de la thématique du nuage ne pouvait donner qu’une exposition intrigante. Dès l’entrée du domaine, deux figures monumentales tressées en fils d’acier inoxydable – Marianna et Nuria, un opus de l’Espagnol Jaume Plensa – s’observent en miroir. Laissant passer l’air et la lumière, leur volume évoque » l’immatérialité mouvante « . D’autres créations ponctuent le parcours dans le parc : une sphère en granit noir poli comme un miroir (Jan Van Munster), une gerbe de branchages (Bob Verschueren), des nuées dansant par-dessus le bassin d’eau (Anne Blanchet) ou encore, quelques pièces » historiques « . Ainsi retrouve-t-on un berger des nuages du sculpteur Jean Arp, un troupeau de moutons signé Lalanne et surtout une très belle oeuvre, tout en dynamisme ascendant, de Tony Cragg.
A l’intérieur des deux bâtiments, l’accrochage favorise sculptures et photographies. Dans les écuries, l’accent est plutôt mis sur les rêveries, le mystère, la fluidité, l’impression d’infini et d’envol. La plus belle réalisation – Le voyage nocturne de Javier Pérez – est en albâtre. Il s’agit d’un coussin nuage posé à même le sol qui, en son centre, garde l’empreinte, et donc la mémoire, de deux pieds. On n’est pas loin du surréalisme présent à travers quelques oeuvres de Magritte, Man Ray ou encore, Bury.
Dans l’orangerie, deux thématiques se côtoient. La première, avec humour parfois, part du caractère paradoxal (à la fois lourd et léger) du nuage. Françoise Coutant promène ses nuages sur roulettes. Chema Madoz associe le nuage à un ballon gonflé à l’hélium sauf qu’il le matérialise dans la pierre. Dans un contour convenu de nuage découpé dans l’acier, Robert Therrien, lui, fait surgir des robinets. L’eau » contenue » inspire aussi une très élégante installation de Michel François. La seconde thématique vise davantage la » physique » du nuage. Inigo Manglano-Ovalle modélise le trou d’un cyclone, Charlotte Charbonnel invente une recette (ethyl, lait écrémé…) pour créer in vitro des nuages en suspension alors que Perrine Lievens use de barbe à papa pour mettre en scène un nuage sur tréteaux.
Au fil du parcours, seules deux images associent le nuage et la mort. La première, de Chema Madoz, juxtapose l’apparition d’une tête de squelette dans une dispersion nuageuse. La seconde, plus angoissante, signée Yves Trémorin, surprend le souffle (en forme de nuage de poussières volcaniques) échappé de la bouche d’un coléoptère au moment de sa mort. Oui, l’exposition mérite le détour même si on regrette que la seule présence de peintures appartient davantage à l’illustration d’un concept qu’aux possibilités offertes par le matériau et les techniques elles-mêmes si propices pourtant à révéler le caractère insaisissable des nuages.
Clouds, au château du Roeulx (catalogue, sous la direction de Michèle Moutashar, aux éditions Actes sud). Jusqu’au 18 octobre.
www.expo-clouds.com
Par Guy Gilsoul