La signature poético-dramatique de Lin Xiang Xiong

Site minier reconverti en musée, le Bois du Cazier propose, cet été, une exposition monographique consacrée à un peintre d’origine chinoise de réputation internationale. Rencontre avec Lin Xiang Xiong pour qui l’art doit dénoncer, mettre en garde et rapprocher les peuples.

Au-delà du devoir de mémoire qui lui est assigné, le Bois du Cazier défend l’ouverture sur notre société. L’exposition  » Lin Xiang Xiong  » s’inscrit dans cette dynamique d’engagement. Les oeuvres sélectionnées répondent aux thématiques que le site de mémoire – et de conscience – entend valoriser. Et pour cause : Lin Xiang Xiong (1945) n’envisage la peinture ni comme un passe-temps, ni comme un divertissement… L’art doit dénoncer ! Comme autant de mises en garde universelles, ses oeuvres abordent de nombreux sujets embarrassants : les catastrophes naturelles, les conflits armés, le terrorisme, l’épuisement des ressources, le malheur des réfugiés… Une production pas forcément gaie mais qui doit être éclairée.

A ses yeux, l’art incarne une source constante de réflexions véhiculant un message de paix et de rapprochement entre les peuples. D’ailleurs, ses oeuvres jettent un pont entre Orient et Occident. Après avoir suivi une formation traditionnelle en Asie, l’artiste a – comme beaucoup de ses confrères chinois – cédé aux charmes de Paris… Ce mélange entre héritage natal et traditions occidentales a forgé les fondements de son identité picturale.

Cette combinaison d’enjeux artistiques se reflète dans le choix des sujets mais, plus encore, dans l’appropriation des techniques… Résultat ? Des oeuvres de grands formats qui marient les deux traditions : si le geste et les matériaux sont chinois, le passage à la couleur est occidental. L’artiste dilue ses couleurs à l’eau au moyen de pinceaux traditionnels sur du papier de riz (soit des techniques orientales ancestrales), tout en adoptant une facture énergique ou vibratoire aux accents impressionnistes. Typiquement occidental. Autre assimilation stylistique, l’élévation du regard. Dans la peinture traditionnelle chinoise (et plus encore dans celle de paysage), l’artiste pose son regard en hauteur au lieu de s’y confronter de face pour obtenir un effet de perspective (comme d’usage sur le Vieux Continent). Lin Xiang Xiong fait la synthèse des deux positions : de la hauteur combinée à de la profondeur de champ.

En 2004, le Bois du Cazier et son histoire tragique lui inspirent la création d’une oeuvre intitulée Sunrises. Again (Le soleil se lève à nouveau). Cette oeuvre, offerte au lieu de mémoire, se veut un véritable message d’espoir.  » Je l’ai peinte après avoir visité le site du Bois du Cazier. Il était cinq heures du matin et je regardais le soleil se lever. Les deux tours présentes dans l’oeuvre symbolisent le Bois du Cazier « , confirme l’artiste.

Sublime prélude à  » La Chine ardente  » (qui présentera des sculptures monumentales), cette exposition estampillée  » Mons 2015  » compte 29 encres et aquarelles sur papier de riz, dont beaucoup de pièces inédites.

Lin Xiang Xiong entre Orient et Occident, au Bois du Cazier, à Marcinelle. Jusqu’au 6 septembre. www.leboisducazier.be

Gwennaëlle Gribaumont

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