La seconde vie de la Cité administrative

Lorsqu’on se penche sur son histoire, la Cité administrative donne l’impression d’un échec urbanistique. Construit à partir de 1958, le site n’a été entièrement terminé que vingt-cinq ans plus tard, lorsque la tour des Finances fut achevée. Il aura fallu un quart de siècle de construction pour à peine une vingtaine d’années d’occupation, puisque la Cité administrative a commencé à se vider dès l’an 2000.  » Ce site de grande ampleur – 150 000 mètres carrés – était destiné à réunir toutes les administrations nationales « , raconte Georges Biart, conseiller général en gestion du patrimoine à la Régie des bâtiments.

 » Une fois que le fédéralisme a été mis en place, la Cité administrative a été divisée entre les différentes Régions et Communautés. Mais au bout de quelques années, celles-ci ont rejoint leurs territoires respectifs, notamment parce que les bâtiments bruxellois devenaient obsolètes et avaient besoin d’une rénovation profonde.  » Plutôt que de le moderniser, l’Etat a mis en vente publique ce site dont il n’avait plus l’utilité. La Cité administrative a ainsi été acquise en 2003 par le développeur immobilier néerlandais Breevast. Celui-ci a été rejoint l’année suivante par Immobel et, momentanément, Dexia. Le site est désormais géré par Breevast et Immobel, respectivement propriétaires à 60 et 40 %.

Dans les années qui ont suivi son rachat, la Cité administrative a continué à se délabrer, devenant le seul chancre urbain de Bruxelles depuis le réaménagement du site de Tour & Taxis. Bien qu’il soit interdit au public car trop dangereux, le site est resté un endroit prisé par les photographes ou les aventuriers. L’architecture n’est pas tout à fait étrangère à la fascination que suscitent les lieux : pour beaucoup, la Cité administrative reste une des plus belles constructions bruxelloises de l’après-guerre.

Une zone mixte pour relier le haut et le bas de la ville

Depuis 2011, les bâtiments délabrés cèdent le pas aux grues et engins de démolition qui façonnent petit à petit le nouveau visage de la Cité. Près de dix ans se sont écoulés depuis l’achat des lieux par des privés, car la réaffectation de la Cité administrative a nécessité de longues procédures. Tout d’abord, le site est le premier à Bruxelles à avoir fait l’objet d’un schéma directeur. Ce dernier a été débattu à plusieurs reprises, ce qui n’a pas accéléré les procédures. Ensuite, ce schéma directeur a été traduit en un plan particulier d’affectation du sol (PPAS) qui a été approuvé par la Ville de Bruxelles en septembre 2012.

Les procédures sont lourdes et lentes, car la Cité administrative représente un véritable enjeu pour la capitale, et dépasse même le cadre local. Ses 150 000 mètres carrés à aménager sont une véritable  » portion  » de la ville qui, de plus, relie stratégiquement le haut et le bas de Bruxelles. Main dans la main, la Région et les propriétaires du site ont réussi à établir un projet, une £uvre qui satisfait toutes les parties. La préoccupation première a été d’assurer la mixité des lieux grâce à des bureaux (70 000 mètres carrés), des logements (50 000 mètres carrés), des commerces mais aussi des installations d’intérêt public telles qu’une crèche et une école. Avec ce nouveau projet, Breevast et Immobel entendent aussi transformer cette  » cité interdite  » en un lieu vivant, qui garantit une fluidité entre les différentes zones avoisinantes.

L’immeuble principal – celui qui borde l’esplanade – attend encore l’approbation de son permis, mais sera assurément détruit au profit d’une nouvelle construction. Les deux autres bâtiments du site, eux, ont obtenu leur permis en 2009 et sont actuellement en travaux. Leur structure et l’esprit architectural de la Cité administrative seront conservés mais les lieux seront restaurés en profondeur. On retrouvera dans ces murs une première partie de logements avec 72 appartements. Les 65 000 mètres carrés de bureaux déjà en construction seront pour leur part occupés par la police fédérale. Ce qui veut dire que, dix ans après avoir vendu la Cité administrative, l’Etat sera bientôt de retour sur le site bruxellois !

 » La police fédérale louera ces locaux durant minimum dix-huit ans, car elle doit quitter son siège actuel et souhaitait un lieu pour réunir ses services centraux, laboratoires, stands de tir, etc., explique Laurent Vrijdaghs, administrateur général de la Régie des bâtiments. Le choix s’est porté sur la Cité administrative après prospection du marché, car le lieu correspondait aux diverses exigences en termes de normes, de sécurité, etc.  » Selon les délais prévus, la police fédérale devrait pouvoir s’installer à l’ancienne Cité administrative d’ici à la fin 2013. Les logements actuellement en travaux seront terminés en 2014. Des premières étapes dans un long processus de renaissance…

MARIE-EVE REBTS

La structure et l’esprit architectural de la Cité administrative seront conservés mais les lieux seront restaurés en profondeur

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