La première vraie fausse Histoire de la Belgique

Et si… Guillaume Ier des Pays-Bas avait été assassiné à Bruxelles en 1830, Léopold II avait manqué le Congo, Léopold III s’était compromis avec Hitler. Ou quand un collectif d’historiens flamands de renom révèle ce qui aurait pu nous arriver depuis 1830. Etonnant.

Le Belge est peu de chose. Il aurait pu le devenir sans le demander, simplement parce que ses voisins du nord n’ont plus voulu de lui. Il aurait pu ne jamais connaître le temps de la colonie. Il pourrait être depuis 1945 citoyen d’une République, après qu’ait été renversé le trône discrédité par un roi collabo. Il vivrait aujourd’hui apaisé sous un régime présidentiel, dans un pays bilingue, dans la concorde communautaire.

Un rien aurait suffi à infléchir le cours de son destin. L’assassinat du roi Guillaume Ier des Pays-Bas en 1830 à Bruxelles ; un énorme scandale de pédophilie au sein de l’Eglise du XIXe siècle, digne des abus sexuels de l’évêque de Bruges Roger Vangheluwe ; la mort violente d’un dirigeant socialiste, en pleine agitation sociale ; la main ouvertement tendue par Léopold III à Hitler. Et le pays basculait dans un autre monde.

La Belgique possède sa première  » contre-histoire  » (1), fruit de l’imagination disciplinée d’un collectif d’historiens flamands qui font autorité dans leurs domaines.

On ne réécrit pas l’Histoire ? Si, justement. Avec des si, ces spécialistes mettent sens dessus dessous les moments-clés de notre passé depuis 1830. Tout l’art a consisté, avec la rigueur scientifique nécessaire, à introduire le grain de sable qui aurait pu déclencher une réaction en chaîne aux conséquences finalement moins imprévisibles qu’il n’y paraît. Le plus étonnant dans cette façon de réhabiliter le hasard dans l’Histoire : les historiens n’ont pas toujours dû forcer leur talent pour échafauder des  » plans B  » plausibles, mais que les caprices du destin ont maintenu dans les cartons.

On efface tout et on recommence. Il était une fois…

1830 : LES HOLLANDAIS NOUS LARGUENT

Comment ce ne sont pas les Belges qui réclament et obtiennent le divorce, mais les Hollandais. Les Saxe-Cobourg n’ont pas leur place dans cette histoire…

Ce qui s’est vraiment produit

25 août 1830. Bruxelles s’enflamme sur fond de représentation de l’opéra La Muette de Portici au théâtre de la Monnaie. Le mouvement révolutionnaire s’étend rapidement au sud du Royaume-Uni des Pays-Bas. Le Roi Guillaume Ier ne peut se résoudre à une sécession. Son fils, le prince Frédéric d’Orange, s’en va mater la révolte belge mais doit battre en retraite. Les Belges finissent par bouter le Hollandais hors de leur territoire et proclament leur indépendance, reconnue par les puissances européennes. Le nouveau royaume de Belgique se choisit Léopold Ier de Saxe-Cobourg et Gotha comme premier Roi.

Ce qui aurait fort bien pu se passer

25 août 1830. Drame au théâtre de la Monnaie : Guillaume Ier des Pays-Bas, en séjour à Bruxelles pour fêter son 58e anniversaire, est assassiné dans sa loge, en plein spectacle. Un jeune acteur d’origine française, patriote exalté, lui a porté le coup fatal. Etat de choc, agitation révolutionnaire. L’opposition belge au régime se met à espérer : l’héritier du trône n’a jamais caché ses sympathies pour la partie sud du royaume des Pays-Bas. Couronné à Bruxelles, Guillaume II ne déçoit pas les Belges : les premiers actes de son règne confirment ses intentions d’écouter leurs doléances.

Le nord s’offusque, s’indigne, tourne le dos au nouveau souverain qui trouve aussi sur sa route son frère, le prince Frédéric d’Orange, tout acquis à la cause nordiste. Gouvernement à Bruxelles, contre-gouvernement à La Haye : l’impasse politique dégénère en une  » guerre des frères ennemis  » qui tourne militairement à l’avantage du nord. Au bout d’une  » campagne de dix jours  » qui permet à Frédéric de faire main basse sur Anvers, la rupture est consommée.

Frédéric est couronné Roi des Pays-Bas et Anvers reste hollandais. Guillaume II des Pays-Bas devient Guillaume Ier Roi des Belges, Maastricht et le Luxembourg sont belges. Inutile d’aller chercher un Saxe-Cobourg et Gotha pour occuper le trône de Belgique. Et en 2014, c’est un Willem-Alexander de Belgique chaleureusement accueilli qui visite Anvers la hollandaise, cordialement reçu par la reine Margriet des Pays-Bas…

Et si…

Les Belges n’auraient pas dû se battre pour conquérir leur indépendance, les Hollandais leur auraient brûlé la politesse : c’est parfaitement plausible. Brouillé avec son père, le prince héritier Guillaume plaçait Bruxelles au-dessus de La Haye dans son coeur et manifestait beaucoup plus de compréhension pour les Belges et leurs aspirations. La rivalité entre les deux frères se disputant l’héritage de leur père tragiquement disparu n’aurait rien eu d’invraisemblable. Ou comment l’assassinat du Roi des Pays-Bas aurait pu inverser les rôles. L’historien Tom Verschaffel (KU Leuven) a soigné sa fiction jusqu’au bout : jusqu’à faire de Jenneval, comédien et poète français auteur de la Brabançonne, le régicide qu’il n’a jamais été…

1885 : LÉOPOLD II LOUPE LE CONGO

Comment une  » fuite  » malencontreuse ruine le rêve africain du Roi des Belges, épargne à la Belgique un statut de puissance coloniale et les affres de la décolonisation.

Ce qui s’est vraiment produit

1885. Léopold II décroche la timbale. Avec le feu vert des puissances européennes, le voilà propriétaire et seul maître à bord de l’immense territoire congolais. Très vite, son étoile pâlit : l’exploitation inhumaine des populations locales suscite une campagne internationale de protestation. Mis sous pression, le souverain colonisateur cède en 1908 le Congo à l’Etat belge qui doit assumer l’héritage colonial, jusqu’à la tumultueuse indépendance en 1960.

Ce qui aurait fort bien pu se passer

1885. Surprise, Léopold II jette l’éponge. Le souverain belge a cru faire peur aux Anglais et aux Allemands, en faisant mine de renoncer à ses ambitions sur le Congo que convoite aussi la France. Sa manoeuvre d’intox devient une info, lorsque le communiqué rédigé à cet effet filtre dans les milieux diplomatiques et est éventé dans la presse.  » La fuite  » ruine les desseins de Léopold II. Le Congo ne sera jamais belge mais devient français, et le riche Katanga, anglais.

Au moins le Roi des Belges garde-t-il les mains propres et s’épargne-t-il une réputation de génocidaire. L’Etat belge s’évite un statut de puissance coloniale et échappe au traumatisme de la décolonisation.

Et si…

L’aventure léopoldienne au Congo a souvent frôlé la débâcle. Problèmes financiers, manque de soutien en Belgique, concurrence des puissances européennes, décisions personnelles impulsives du Roi, ont failli ruiner le rêve africain de Léopold II. Le fameux communiqué qui lui est fatal dans le scénario n’a rien de fictif mais, nuance de taille, il n’a jamais  » fuité « . Walthère Frère-Orban aurait pu s’en charger : mis au parfum par le Roi, ce ténor libéral, non sans hésitation, finit par s’abstenir de torpiller le rêve africain du Roi, auquel il était pourtant hostile.

1893 : UN MARTYR SOCIALISTE ÉVITE LA DISCORDE COMMUNAUTAIRE

Comment la mort violente d’un ténor socialiste gantois en pleine grève générale précipite l’avènement du suffrage universel et l’arrivée au pouvoir du Parti ouvrier belge. Les socialistes sont alors en mesure de s’implanter solidement en Flandre et d’instaurer le bilinguisme général qui leur est cher.

Ce qui s’est vraiment produit

1893. Les masses ouvrières montent aux barricades à l’appel du Parti ouvrier belge engagé dans une conquête acharnée du suffrage universel. Deux cent mille prolétaires se croisent les bras durant une semaine d’avril. Face à la première grande grève générale du pays, catholiques et libéraux plient mais ne rompent point : le suffrage universel masculin est accordé mais tempéré par l’octroi de plusieurs voix électeurs aux nantis ou diplômés.

Le POB, effrayé par la tournure sanglante de l’agitation populaire, se satisfait de cette demi-victoire. Il faudra passer par la Première Guerre mondiale pour que le principe un homme = une voix devienne réalité. Et que les portes du pouvoir s’ouvrent aux socialistes.

Ce qui aurait fort bien pu se passer

1893. Le top du POB cherche une porte de sortie honorable à la grève généralisée qu’il a lancée. Un compromis politique autour du vote plural est en chantier, lorsqu’un affrontement de rue dégénère à Gand. Parmi les victimes, Edouard Anseele, 36 ans, figure de proue du monde socialiste. Ses funérailles, suivies par 20 000 Gantois, virent à l’émeute : 52 morts, dont 43 ouvriers, restent sur le pavé. Le pays est au bord du chaos révolutionnaire. Le couteau sous la gorge, la Chambre adopte aussitôt le suffrage universel pur et simple pour les hommes, couplé au système de la représentation proportionnelle.

Ce n’est plus une réforme, c’est une révolution électorale. La démocratie chrétienne, qui émerge en Flandre, ne s’en remet pas. Léopold II non plus : il abdique le 29 avril 1893 et se retire sur la côte d’Azur. Son frère Philippe, qui lui succède, se résigne à assister au sacre électoral des socialistes. Scrutin 1912, exit les catholiques : la Belgique connaît son premier cabinet libéral-socialiste.

Les premières élections de l’après-guerre, en 1919, confirment le triomphe socialiste : le POB décroche même la majorité absolue. Le gouvernement socialiste Vandervelde, non content d’intensifier les réformes sociales, est en mesure de réaliser l’égalité linguistique chère à la gauche. Flamands et francophones vont pouvoir vivre en bonne entente, sous un bilinguisme individuel généralisé.

Et si…

Montée en puissance des socialistes, suffrage universel tempéré par le vote plural : 1893, l’an I de la démocratie de masse sous une forme encore imparfaite. Le paysage politique se fige en une  » Flandre catholique  » et une  » Wallonie et Bruxelles anticléricales « . La discorde linguistique, puis communautaire, peut alors prendre racine entre le nord et le sud du pays.

Que le suffrage universel pur et simple ait été introduit dès 1893 et non en 1921, et le POB aurait pu terrasser une démocratie chrétienne encore naissante, et s’implanter politiquement de façon significative en Flandre. Le socialisme flamand aurait alors pu capter les aspirations d’un mouvement flamand émancipé de la puissance catholique, et qui de ce fait devenait fréquentable pour la gauche wallonne. La Belgique y aurait gagné la paix communautaire.

Il a manqué le coup de pouce du destin. Comme la disparition tragique d’un homme suffisamment illustre pour qu’il devienne le martyr d’une cause portée à ébullition révolutionnaire. Edouard Anseele a raté sa vocation : il n’est pas mort sous les balles des forces de l’ordre, mais dans son lit, en 1938, à l’âge respectable de 82 ans. Il a épargné à Léopold II l’abdication à laquelle le Roi a bel et bien songé en 1893. Par rejet du suffrage universel.

1940-1945 : LÉOPOLD III IMITE LE COLLABO PÉTAIN

Comment Léopold III, sous la botte allemande, cède à la tentation de fonder un régime de Vichy à la belge. Son pas de deux avec l’occupant allemand, aussi bref que désastreux, le condamne à l’exil définitif à la Libération.

Ce qui s’est vraiment produit

Mai 1940. Léopold III s’avoue vaincu face à l’envahisseur allemand. Entre le Roi, résolu à rester au pays, et ses ministres déterminés à poursuivre la lutte aux côtés de l’Angleterre, le divorce est consommé.

Léopold III entend se comporter en roi prisonnier en Belgique occupée. Cela ne l’empêche pas d’envisager un contre-pouvoir royal depuis son château de Laeken. Puis de rencontrer Adolf Hitler à Berchtesgaden en novembre 1940. Enfin de se remarier avec Lilian Baels, sous l’Occupation. Pour un souverain privé de liberté, cela fait beaucoup de faux pas. Au bout de cinq ans d’exil forcé en Suisse, sa conduite le contraint à renoncer au trône, après un retour dans un pays au bord de la guerre civile.

Ce qui aurait fort bien pu se passer

Mai 1940. Léopold III ordonne à son armée de baisser les armes. Il juge la victoire allemande définitive, il prend les devants : dès juin, il demande à voir Hitler. Il a un marché à lui proposer : que l’armée allemande évacue la Belgique, et Léopold III s’attellera à former un gouvernement. Cela implique que l’Allemagne nazie renonce à utiliser la Belgique comme base d’attaque sur l’Angleterre. Hitler est prêt à ce sacrifice, il a besoin d’amadouer les Anglais pour obtenir une paix avec eux.

Les  » Accords de Laeken  » scellés entre le Führer et le Roi des Belges, les troupes allemandes débarrassent le plancher début juillet. Le… 11, date-anniversaire de la bataille des Eperons d’Or, Léopold III croit avoir une bonne nouvelle à annoncer à ses chers compatriotes : la Belgique a recouvré son indépendance, et son Roi se déclare prêt à diriger  » un royaume des Flamands et des Wallons « . Août 1940, un  » cabinet Cobourg  » voit le jour. Léopold III est à la manoeuvre, notamment entouré de ministres nationalistes flamands issus de l’aile modérée du VNV et de quelques rexistes hors de l’incontrôlable Degrelle.

D’emblée, rien ne tourne comme prévu : l’espoir d’une paix anglo-allemande s’envole, Hitler mange sa parole en ne libérant que les prisonniers de guerre wallons. L’invasion allemande de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, donne le coup de grâce à cette collaboration bancale : le refus du Roi de s’engager dans la lutte contre le bolchevisme donne prétexte à Hitler pour réoccuper militairement la Belgique.

Léopold III n’a plus qu’à réendosser son uniforme de roi prisonnier. Mais sa main tendue à l’occupant ne lui est pas pardonnée à la Libération. Flamands et francophones évitent de se déchirer sur l’attitude du roi collabo. Il est voué à l’exil à perpétuité en Suisse où il finit ses jours, amer et déçu.

Et si…

L’Angleterre de Churchill a fini par ne pas pactiser avec le Diable, Hitler n’a donc pas eu à évacuer militairement la Belgique. Les  » Accords de Laeken  » sont pure fiction, et Léopold III n’a pas franchi la ligne rouge.

Pourtant, notent les historiens de l’université de Gand Koen Aerts et Bruno De Wever,  » Léopold III était convaincu que la paix entre l’Allemagne et l’Angleterre adviendrait « . Et ce n’est pas l’envie qui lui manquait de saisir cette  » fenêtre d’opportunité  » pour installer, dans une Belgique non occupée, un Nouvel Ordre léopoldiste  » à la Vichy « .

 » Léopold, selon ses propres dires, n’était pas partisan d’un  » régime hitlérien « , mais bien d’une organisation de l’Etat antidémocratique dirigée par le souverain. Des signaux semblent indiquer qu’Hitler aurait pu donner une chance à Léopold.  » Comme celui-ci : fin mai 1940, Goebbels, ministre de la Propagande nazie, note dans son journal de bord que le Führer a versé à Léopold III 50 millions de francs  » en raison de ses fortes sympathies pour l’Allemagne « .

Seulement voilà : le Roi conditionnait son adhésion au fait que le sol belge ne soit pas utilisé par les Allemands contre les Anglais. Hitler ne lui a pas fait cette fleur. Et Léopold III, à défaut de récupérer son trône à la Libération, n’a pas été déclaré persona non grata en Belgique.

1946 : ET LA BELGIQUE DEVIENT RÉPUBLIQUE

Comment à la Libération, une maladroite tentative de Léopold III de reprendre le pouvoir à la hussarde balaie le trône et fait basculer la Belgique dans le cycle vertueux d’un régime présidentiel.

Ce qui s’est vraiment produit

Mai 1945. Rien ne va plus entre Léopold III libéré par les Américains, et les ministres revenus de leur exil londonien. Le Roi ne leur pardonne pas d’avoir été traité de capitulard. Le monde politique digère très mal l’attitude ambiguë du souverain sous l’Occupation.

Cinq années sont nécessaires pour réunir de pénibles conditions au retour du Roi dans un pays au bord du chaos. Une consultation populaire sur le retour au trône de Léopold III ne fait que diviser Flamands et Wallons et causer un traumatisme national irréparable. Léopold doit passer la main à son jeune fils, Baudouin. Un Roi s’efface, vive le Roi. Mais la monarchie est sauve.

Ce qui aurait fort bien pu se passer

Mai 1945.  » Le peuple a besoin de monarchie comme de pain « , clame Achille Van Acker, Premier ministre, comme pour conjurer le sort. Mais lorsque le socialiste flamand rend son tablier en juin, Léopold III s’engouffre dans la brèche. Depuis l’étranger, le Roi persuade l’un des hommes alors les plus puissants du royaume, le haut magistrat Walter Ganshof van der Meersch, de prendre la tête d’un gouvernement.

Un cabinet royal catholique homogène est mis sur pied. Et c’est un Léopold III triomphant et sûr de lui qui déclare depuis son exil que la nation veut son retour, qu’il doit écouter la voix du peuple et que de nouvelles élections n’auront lieu que lorsque le contexte s’y prêtera.

Consternation, indignation, ébullition. Un mot est sur toutes les lèvres :  » coup d’Etat « . La déposition de Léopold III est aussitôt votée, le royaume plonge dans l’inconnu. Et le Roi dans le désespoir : discrédité, son cabinet royal ne résiste pas au climat de terreur et de violence armée qui s’abat sur le pays. Assassinat du dirigeant communiste Julien Lahaut, attentats à la bombe, dynamitage de la Tour de l’Yser….

Exit les Saxe-Cobourg, le trône est balayé. La Belgique cherche son salut dans la République, et bascule dans un régime présidentiel. Le socialiste flamand Camille Huysmans inaugure la lignée, le CVP Gaston Eyskens, puis le très charismatique Paul Vanden Boeynants, consolident l’institution présidentielle. Tout n’est pas rose sous les ors de la République. Ainsi la présidence du flamboyant socialiste André Cools, de 1976 à 1982, rend la cohabitation houleuse avec le gouvernement…

Mais la Belgique républicaine trouve sa voie. Elle offre peu de prise aux nationalistes flamands anti-belges. Parce que le régime a su liquider proprement le passé de guerre et poser les gestes de réconciliation autour de la collaboration. Parce qu’il réussit à emprunter le chemin moins chaotique d’un fédéralisme d’expansion. C’est assez pour couper l’herbe sous le pied à une fantomatique Nieuw-Vlaamse Unie…

Et si….

Léopold III a évité le faux pas, mais de justesse. Son passage à l’acte aurait pu porter un coup fatal à la monarchie. Le Roi a bel et bien été à deux doigts de constituer un gouvernement extra-parlementaire, en 1945. Un  » simple  » oui du magistrat Ganshof Van der Meersch, pressenti pour en prendre la tête mais qui finit par décliner la proposition royale, aurait eu des conséquences incalculables. Escalade de la violence, crainte d’un coup d’Etat militaire, monarchie sur la sellette. Et pourquoi pas ? Porte ouverte à l’avènement d’une République, point de départ d’une success-story belge. Nous n’en serions peut-être pas là.

(1) Het land dat nooit was, sous la direction de Maarten Van Ginderachter, Koen Aerts et Antoon Vrints, éd. De Bezige Bij Antwerpen, 384 p. Uniquement en néerlandais.

Deux autres épisodes de la contre-histoire de Belgique sur levif.be :

1881 : un scandale pédophile crucifie les cathos au pouvoir

1914-1918 : la faim sous l’Occupation pousse à la révolution.

Par Pierre Havaux

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