La veste d'uniforme que l'archiduc François-Ferdinand, prince héritier de l'empire austro-hongrois, portait lorsqu'il fut abattu à Sarajevo, le 28 juin 1914. © MUSÉE D'HISTOIRE MILITAIRE DE VIENNE

LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Trois assassinats marquèrent la vie politique pendant le printemps et le début de l’été 1914. Henriette Caillaux n’avait pas encore paru devant ses juges lorsque les meurtres du prince héritier autrichien François-Ferdinand et du leader socialiste Jean Jaurès servirent de déclencheur à la Première Guerre mondiale.

UN CARACTÈRE BIEN TREMPÉ

A ses débuts, le journal français Le Figaro, créé en 1826, s’intéressait surtout à la vie littéraire et culturelle. Avec l’arrivée de Gaston Calmette en 1902, le journal adopta aussi des points de vue de droite, nationalistes et conservateurs. Peu avant la Première Guerre mondiale, le politicien Joseph Caillaux était devenu sa bête noire.

Ministre des Finances, Joseph Caillaux appuyait notamment une politique étrangère modérée et ouverte à la conciliation, même à l’égard de l’Allemagne, l’ennemi de toujours. Aux yeux du Figaro, Caillaux n’était qu’un aventurier financier et un défaitiste. De plus, sa vie privée en faisait une proie intéressante pour la presse. Caillaux avait obtenu à grand-peine de sa femme qu’elle accepte le divorce et s’était remarié avec sa maîtresse, Henriette, à qui il avait adressé des lettres compromettantes alors qu’il était encore marié. Les documents originaux avaient été brûlés, mais la première épouse Caillaux en avait réalisé des copies qui étaient arrivées entre les mains de Gaston Calmette. Son journal publia le 13 mars 1914 un premier fragment relativement innocent, mais qui fit peur à la seconde épouse Caillaux. Elle craignait, à juste titre, que le journal ne résiste pas à la tentation de publier des passages plus croustillants.

Henriette Raynouard, la seconde épouse de Joseph Caillaux, le ministre français des Finances qui passait aux yeux du Figaro, le journal de droite conservatrice, pour un défaitiste et un aventurier financier.
Henriette Raynouard, la seconde épouse de Joseph Caillaux, le ministre français des Finances qui passait aux yeux du Figaro, le journal de droite conservatrice, pour un défaitiste et un aventurier financier.© GEHEUGEN VAN NEDERLAND

Au petit-déjeuner du lundi 16 mars, Joseph Caillaux promit à sa femme de casser la figure à Calmette s’il ne mettait pas un terme à sa campagne de diffamation. Mais, ne faisant pas trop confiance à l’énergie de son mari, Henriette Caillaux décida elle-même de faire taire Calmette une fois pour toutes et elle se fit conduire par son chauffeur chez un armurier. Elle acheta un pistolet et l’essaya au stand de tir de l’armurerie.

Revenue chez elle, elle rédigea une lettre d’adieu à l’intention de son mari et se précipita vers les bureaux du Figaro où elle attendit patiemment l’arrivée du directeur. Quand Calmette se vit remettre la carte de visite d’Henriette Caillaux, il s’exclama :  » Je ne peux pas refuser de recevoir une dame « , et il la fit entrer dans son bureau. Avant même qu’il ait eu le temps de s’installer à son bureau, Madame Caillaux lui lança :  » Vous savez sans doute pourquoi je suis ici ! « , sortit son pistolet et tira six coups. Le dernier fit mouche et fut mortel. Caillaux fut immédiatement informé des événements et se hâta de rejoindre sa femme au Figaro. Quand, un peu plus tard, le couple quitta les bâtiments du journal – le ministre partant rejoindre son bureau, sa femme la prison -, ils furent hués par les spectateurs qui avaient afflué vers le journal.

Gaston Calmette, le rédacteur en chef du Figaro, eut en sa possession des copies de lettres d'amour qui attestaient de la relation amoureuse qu'entretenaient Henriette Raynouard et Joseph Caillaux alors que celui-ci n'avait pas encore obtenu le divorce de sa première épouse.
Gaston Calmette, le rédacteur en chef du Figaro, eut en sa possession des copies de lettres d’amour qui attestaient de la relation amoureuse qu’entretenaient Henriette Raynouard et Joseph Caillaux alors que celui-ci n’avait pas encore obtenu le divorce de sa première épouse.© GEHEUGEN VAN NEDERLAND

Pendant des mois, la perspective d’un procès retentissant fit les gros titres des journaux français, jusqu’à ce que l’affaire Caillaux soit supplantée en première page par un attentat commis à mille sept cents kilomètres de là.

LA GUERRE A COMMENCÉ À SARAJEVO

Le succès remporté par la Serbie dans les guerres balkaniques renforça le sens national en Bosnie-Herzégovine, une province que les Autrichiens avaient arrachée à l’Empire ottoman et qui avait été annexée en 1908 à la  » double monarchie « .

C’est donc dans une ambiance politique particulièrement lourde que le prince hériter François-Ferdinand et son épouse Sophie Chotek avaient entrepris en juin 1914 un voyage en Bosnie pour y assister aux manoeuvres d’été de l’armée autrichienne. Pour bien faire comprendre aux Serbes qu’ils ne devaient pas compter sur une expansion territoriale en Bosnie, le gouvernement autrichien avait organisé, après les exercices militaires, une visite officielle du prince héritier à Sarajevo, la capitale bosniaque. On dit de François-Ferdinand que, contrairement à son oncle l’empereur François-Joseph, il avait de la sympathie pour les tentatives autonomistes des populations slaves au sein de la double monarchie.

Paniquée à l'idée que Le Figaro publie les passages les plus torrides de ses lettres d'amour, Madame Caillaux prend les choses en main et abat le rédacteur en chef Calmette dans son propre bureau.
Paniquée à l’idée que Le Figaro publie les passages les plus torrides de ses lettres d’amour, Madame Caillaux prend les choses en main et abat le rédacteur en chef Calmette dans son propre bureau.© LE PETIT JOURNAL, 29 MARS 1914

Six nationalistes serbes, tous membres de l’organisation La Main noire, étaient venus à Sarajevo pour y perpétrer un attentat contre le prince héritier. Ils s’étaient répartis le long du parcours que devait emprunter le cortège. Vers dix heures et quart, le cortège de six voitures s’approcha du poste de police où s’était embusqué Nedeljko ?abrinovic. Il jeta une grenade sur la première voiture dans laquelle se trouvaient le prince héritier et sa femme, le prince héritier et sa femme, mais l’objet explosa en réalité dix secondes plus tard, sous la quatrième. Deux passagers et quelques spectateurs furent légèrement blessés.

Edition spéciale du journal viennois : La catastrophe de Sarajevo. Attentat contre l'archiduc François-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg. Une bombe et un revolver ont assassiné l'héritier au trône et son épouse. Le criminel est arrêté. L'empereur revient.
Edition spéciale du journal viennois : La catastrophe de Sarajevo. Attentat contre l’archiduc François-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg. Une bombe et un revolver ont assassiné l’héritier au trône et son épouse. Le criminel est arrêté. L’empereur revient.© ÖSTERREICHISCHE NATIONALBIBLIOTHEK

Le cortège fila dès lors à toute vitesse vers l’hôtel de ville où la réception officielle se déroula sans problème. On y décida que le trajet de la visite serait ensuite modifié, mais la seule personne du cortège qui n’en fut pas informé était le chauffeur de la voiture princière. Quand il apparut que ce dernier prenait le trajet d’origine, on arrêta sa voiture pour lui permettre de faire demi-tour. Cette manoeuvre prit toutefois un certain temps.

Gavrilo Princip, le deuxième conjuré qui avait fui après l’attentat manqué et avait erré sans but à travers la ville, se trouva à son grand étonnement tout proche de la voiture à l’arrêt de François-Ferdinand. Une fois revenu de sa surprise, il réagit en tirant deux coups de feu sur le couple princier. Le premier atteignit le prince héritier à la tête, le second blessa sa femme au ventre. François-Ferdinand mourut sur-le-champ, la comtesse Chotek à l’hôpital.

Princip fut immédiatement maîtrisé et arrêté. L’enquête révéla qu’il entretenait des contacts avec les milieux nationalistes de Serbie. Comme il n’avait pas encore 21 ans au moment des faits, il ne fut pas condamné à mort mais à un emprisonnement de vingt ans. Il mourut à la fin de la guerre dans une prison de Bohême.

L’Europe était sous le choc, mais elle ne pensa d’abord qu’aux deux victimes, et non aux suites possibles de l’événement. Tout le monde considéra que le gouvernement serbe était coresponsable de cet attentat et qu’il fallait lui en demander réparation.

JAURÈS, ASSASSINÉ PAR LA DROITE

Malgré les tensions politiques, le procès de Madame Caillaux, qui débuta le 20 juillet, faisait toujours la Une des journaux. Mais huit jours plus tard, lorsque l’acquittement fut prononcé, c’est la menace d’une guerre qui captiva les esprits. Ce 28 juillet, Jean Jaurès, dirigeant des socialistes français, prit le train pour Bruxelles pour convaincre les socialistes européens de tout mettre en oeuvre pour préserver la paix. Mais c’est aussi ce 28 juillet que l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie.

La conférence de Bruxelles ne fut qu’un demisuccès. Les délégués se contentèrent de décider l’organisation le 9 août, dans toute l’Europe, des manifestations contre la guerre. A son retour à Paris, Jaurès tenta encore d’obtenir un entretien avec René Viviani, le président du Conseil, mais celui-ci répondit qu’il n’avait pas le temps. Jaurès savait que Viviani avait promis, lors d’une visite récente en Russie, de former un front commun contre les empires centraux, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.

Dans un Paris sous haute tension où l’on manifestait tant pour que contre la guerre, Jaurès se rendit le soir du 31 juillet, pour dîner avec quelques amis, au Café du Croissant, dans le quartier populaire de Montmartre. Il faisait très chaud et les amis s’installèrent près d’une fenêtre ouverte, là où Jaurès avait coutume de s’asseoir, dos à la rue. A dix heures moins vingt précises, un homme passa la main par la fenêtre, repoussa le rideau et tira deux balles à bout portant sur Jaurès.

Le tireur était Raoul Villain, 29 ans, membre d’un mouvement d’étudiants d’extrême droite, qui avait suivi Jaurès pendant plusieurs jours. De l’avis de Villain, le leader socialiste était un défaitiste qu’il fallait éliminer à tout prix.

STÜRGKH ASSASSINÉ PAR LA GAUCHE

A l’automne 1911, le comte Karl von Stürgkh échappa de peu à la mort lorsque le parlement de Vienne fut attaqué après la répression violente d’une série d’émeutes. Quelques semaines plus tard, l’empereur d’Autriche François-Joseph le nomma à la tête du gouvernement. Trois ans plus tard, Stürgkh fut un des partisans les plus convaincus de la guerre contre la Serbie. Son ministre des affaires étrangères Berchtold et le chef d’étatmajor von Hötzendorf étaient du même bord : négocier une paix avec la Serbie n’avait aucun sens et il fallait maintenir par la violence le contrôle des populations slaves du Sud. En vue d’éviter au Parlement toutes questions embarrassantes sur la politique menée, Stürgkh avait, dès 1911, réduit les représentants du peuple au silence. Et depuis lors, il régnait par décret.

Gavrilo Princip, l'auteur du double assassinat, avait des liens avec les nationalistes serbes. Comme il n'avait pas encore 21 ans, il fut condamné à vingt ans d'emprisonnement. Il mourut en avril 1918 dans une prison de Bohême.
Gavrilo Princip, l’auteur du double assassinat, avait des liens avec les nationalistes serbes. Comme il n’avait pas encore 21 ans, il fut condamné à vingt ans d’emprisonnement. Il mourut en avril 1918 dans une prison de Bohême.© CASSOWARY COLORIZATIONS

Friedrich Adler, éditeur du mensuel socialiste Der Kampf et fils de Victor Adler, le président du parti social-démocrate autrichien, ne voulait pas assister passivement à cette mainmise. Le 21 octobre 1916, il entra dans la salle à manger de l’hôtel Meissl und Schaden (Tête et Epaules) où dînait le ministre-président Stürgkh et l’abattit sans un mot. Aux agents qui vinrent l’arrêter, il dit simplement :  » Je suis très conscient de ce que j’ai fait et je n’ai certainement pas fait un acte antipatriotique. « 

Bien qu’il fût condamné à mort en mai 1917, sa peine fut immédiatement commuée en dix-huit ans de prison sur ordre de l’empereur Charles, le successeur de François-Joseph, décédé le 21 novembre 1916. Adler fut libéré dans les derniers jours de la guerre, également sur ordre impérial.

LA FIN DE RASPOUTINE ET DE SON PROTECTEUR

Le dernier tsar de Russie est loin d’avoir eu la main heureuse dans le choix de ses conseillers. Le plus douteux d’entre eux fut assurément le moine Grigori Raspoutine. L’homme avait été présenté pour la première fois à la famille impériale à l’automne 1905. Né en Sibérie occidentale, Raspoutine devait posséder un charisme extraordinaire. Personne, et surtout pas les femmes, ne pouvait résister à la combinaison de mysticisme et de sensualité qui émanait de lui. En dépit des histoires peu reluisantes que l’on racontait à son propos, Raspoutine réussit à gagner la confiance d’un grand nombre d’ecclésiastiques qui le mirent en contact avec la famille du tsar.

Au départ, Nicolas II se méfiait de Raspoutine. Il faut dire que son apparence négligée et ses manières mal dégrossies étaient tout sauf ragoûtantes. Mais la tsarine Alexandra, une princesse allemande, ne partageait pas cette méfiance, et acquit la conviction que seul Raspoutine pouvait aider son fils malade. Alexis souffrait en effet d’une maladie de sang incurable, et Alexandra pensait que les impositions des mains de Raspoutine avaient un effet bénéfique sur le garçon. En 1911, les frasques du moine furent telles que le tsar le bannit de la cour. Mais la tsarine réussit à le remettre en grâce quelques mois plus tard.

Après son retour, Raspoutine parvint également à se rendre indispensable auprès du tsar. Nicolas commença à prendre grand plaisir à écouter ses diatribes contre les influences toujours grandissantes qu’exerçaient les Occidentaux sur la Russie et ses flatteries sur la pureté de l’âme russe. Mais à mesure qu’augmentait l’influence du moine s’accrut aussi l’aversion qu’il suscitait auprès d’autres membres de la famille impériale, au sein de la noblesse pétersbourgeoise et au coeur du gouvernement. Au début de la Première Guerre mondiale, la crainte de voir le moine marquer aussi de son empreinte les opérations militaires gagna les esprits.

En septembre 1915, le tsar Nicolas II reprit le commandement en chef de l’armée de son oncle Nicolas Nikolaïevitch, mais cette mesure n’apporta pas de soulagement. Bien au contraire. Influencé par son épouse et par Raspoutine, il remplaça des officiers et ministres compétents par des d’inconsistants paresseux.

Raspoutine avait déjà été visé par plusieurs attentats, mais il en avait toujours réchappé. Dans les derniers jours de 1916, un cousin par alliance du tsar, le prince Félix Ioussoupov, réussit à rassembler autour de lui un groupe de conspirateurs. Grâce à ses flatteries, Ioussoupov s’était rapproché de Raspoutine et, le 29 décembre, il invita le moine à une soirée conviviale dans son palais. En vue de cette visite, les conspirateurs associés se cachèrent dans une pièce contiguë.

Ce qui se passe cette nuit-là nous a été relaté par un témoin d’une fiabilité douteuse, Ioussoupov lui-même. Il offrit au moine une tarte et du vin empoisonnés mais, glouton et grand buveur, Raspoutine semble ne pas en avoir éprouvé la moindre gêne. Il faut donc que Ioussoupov tire dans le dos du moine, mais cette balle ne lui est pas non plus fatale. Bien au contraire, Raspoutine essaye d’étrangler Ioussoupov. Le prince appele ses acolytes à l’aide et le moine reçoit trois autres balles. Son corps est balancé dans l’eau glacée de la Neva. Il n’est découvert que quelques jours plus tard. L’autopsie a déterminé que le moine vivait encore quand il fut jeté dans le fleuve.

Jean Jaurès, le chef de file des socialistes français, était connu pour ses talents d'orateur. Pacifiste convaincu, Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour que la guerre soit évitée.
Jean Jaurès, le chef de file des socialistes français, était connu pour ses talents d’orateur. Pacifiste convaincu, Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour que la guerre soit évitée.

Le tsar Nicolas se trouvait au quartier général de l’armée quand il apprit, début mars, que des émeutes avaient éclaté non seulement à Saint-Pétersbourg mais dans le pays tout entier. La plus grande partie des troupes qui ne se battaient pas sur le front avaient rejoint les révolutionnaires. Des agents venus de la capitale expliquèrent au tsar que les insurgés exigeaient son abdication. C’est donc en simple citoyen que Nicolas s’est embarqué dans un train pour rejoindre sa villa de vacances dans la région de Saint-Pétersbourg. Sa femme et ses enfants l’y rejoignirent.

Les premières semaines après la révolution, le tsar vécut dans sa résidence secondaire comme dans une cage dorée. Sa famille et lui disposaient de plus de 150 domestiques et ils vivaient d’une façon aussi confortable que possible. Mais la situation se dégrada au fil du temps. Le gouvernement provisoire voulait se défaire du fardeau que représentait le souverain déchu et sa famille. Une solution évidente était d’envoyer le tsar en exil, mais des tractations menées en ce sens avec l’Angleterre se rompirent pour des raisons imprécises. Le tsar et sa famille furent dès lors exilés en Sibérie occidentale, prétendument parce que leur sécurité y était mieux garantie.

Une foule immense se précipita devant le café du quartier Montmartre où, quelques minutes plus tôt, Jean Jaurès fut assassiné par Raoul Villain, un extrémiste de droite.
Une foule immense se précipita devant le café du quartier Montmartre où, quelques minutes plus tôt, Jean Jaurès fut assassiné par Raoul Villain, un extrémiste de droite.© ALBERT HARUNGUE / ROGER-VIOLLET

Les choses se gâtèrent un peu plus encore avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviques en novembre 1917. Le 30 avril 1918, l’empereur et les siens se virent assigner une nouvelle résidence à Iekaterinbourg, au pied de l’Oural. Il n’était désormais plus question d’un traitement privilégié. Les bolcheviques qui étaient chargés de leur protection devenaient de plus en plus irascibles et indisciplinés, car des troupes venues de Sibérie occidentale étaient en route pour en découdre avec la révolution. Les bolcheviques d’Iekaterinbourg reçurent l’ordre, probablement du soviet de Moscou, de veiller à ce que le tsar ne tombe en aucun cas aux mains des contre-révolutionnaires. Pour satisfaire aux souhaits de Moscou, il fut décidé d’éliminer le tsar dans les plus brefs délais. Dans la nuit du 16 au 17 juillet, le tsar, sa femme et leurs cinq enfants furent tirés du lit et amenés sous un prétexte fallacieux dans une grange où ils furent aussitôt abattus et achevés à la baïonnette. L’exécution fut plus difficile que prévu parce que les princesses avaient caché sur leur corps des diamants sur lesquels les balles et les baïonnettes vont ricocher.

Bien qu'il fût condamné à mort en mai 1917, sa peine fut immédiatement commuée en dix-huit ans de prison. Adler fut libéré dans les derniers jours de la guerre, également sur ordre impérial.
Bien qu’il fût condamné à mort en mai 1917, sa peine fut immédiatement commuée en dix-huit ans de prison. Adler fut libéré dans les derniers jours de la guerre, également sur ordre impérial.© BIBLIOTHÈQUE NATIONALE AUTRICHIENNE, VIENNE

Après la chute du communisme, des spécialistes ont découvert début 1998 les restes du tsar, de la tsarine et de trois de leurs filles. Dix ans plus tard, on a retrouvé les restes de la dernière fille et du tsarévitch. Les restes des membres de la famille impériale reposent à présent dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.

Friedrich Adler, fils du président du parti social-démocrate autrichien, élimina le chef du gouvernement Karl von Stürgkh parce qu'il était un virulent partisan de la guerre contre la Serbie.
Friedrich Adler, fils du président du parti social-démocrate autrichien, élimina le chef du gouvernement Karl von Stürgkh parce qu’il était un virulent partisan de la guerre contre la Serbie.© ÷NB / Ernst
Nicolas II fut de plus en plus sous la coupe du moine Grigori Raspoutine. Cette influence croissante suscita dans son entourage soupçons et haines féroces. Caricature du journal allemand Lustige Blätter, n°32, 1914.
Nicolas II fut de plus en plus sous la coupe du moine Grigori Raspoutine. Cette influence croissante suscita dans son entourage soupçons et haines féroces. Caricature du journal allemand Lustige Blätter, n°32, 1914.
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Fin 1916, un cousin par alliance du tsar décida d'éliminer Raspoutine. Ce qui s'avéra fort difficile. Finalement, le moine fut jeté pour mort dans l'eau glacée de la Neva. Photo de Raspoutine sur la table d'autopsie.
Fin 1916, un cousin par alliance du tsar décida d’éliminer Raspoutine. Ce qui s’avéra fort difficile. Finalement, le moine fut jeté pour mort dans l’eau glacée de la Neva. Photo de Raspoutine sur la table d’autopsie.© WIKIMEDIA CC
Après la Révolution bolchevique d'Octobre, la famille du tsar Nicolas qui avait abdiqué connut un traitement privilégié. Par la suite, elle dut quitter cette cage dorée pour un lieu moins confortable en Sibérie occidentale. Ici le tsar avec son fils Alexis.
Après la Révolution bolchevique d’Octobre, la famille du tsar Nicolas qui avait abdiqué connut un traitement privilégié. Par la suite, elle dut quitter cette cage dorée pour un lieu moins confortable en Sibérie occidentale. Ici le tsar avec son fils Alexis.© SAVILIUS-COLLECTIONS
Mémorial construit à l'endroit où le tsar et sa famille furent exécutés la nuit du 16 au 17 juillet 1918.
Mémorial construit à l’endroit où le tsar et sa famille furent exécutés la nuit du 16 au 17 juillet 1918.© D.R.

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