La Légion ne séduit plus les Belges

La Légion étrangère ne fait plus recette sous nos latitudes. Les Belges qui tentent encore l’aventure se comptent sur les doigts d’une main.

P. Hx

Le légionnaire belge devient une denrée rare par les temps qui courent. La plus mythique des unités françaises avait pourtant la réputation d’accueillir nombre de nos compatriotes. Depuis sa fondation en 1831 jusqu’au début des années 1960, pas moins de 50 000 Belges auraient servi sous les drapeaux de ce corps d’élite. Ce qui hisserait la Belgique à la troisième place des contingents de légionnaires fournis par les nations étrangères, seulement devancée par l’Allemagne et l’Italie. Au QG français de la Légion, on estime à une centaine le nombre de Belges encore en service aujourd’hui, sur quelque 7 500 hommes,  » dans la moyenne des nationalités occidentales représentées « , commente l’officier de presse, le lieutenant Gavroy. Jean Dens, président national de la Fraternelle des Anciens de la Légion étrangère en Belgique (et l’un des trois légionnaires belges encore en vie sortis de l’enfer indochinois de Diên Biên Phu, en 1954), nuance le constat :  » Il s’agit pour la plupart de Français qui, pour rallier la Légion, doivent prendre une autre nationalité : belge ou suisse, généralement ( NDLR : les Français ne peuvent pas s’engager). La Légion doit encore compter tout au plus une dizaine de vrais Belges.  »

Bref, le flot s’est tari. Et le temps de l’engouement est bien passé. Les bilans en matière de recrutements, dressés par les anciens légionnaires belges, sont plutôt maigres : quatre Belges seulement auraient encore tenté l’aventure en 2006, sept en 2005, quatre en 2004, onze en 2003 et neuf en 2002.  » C’est effectivement peu, mais il faut rappeler que les effectifs de la Légion sont passés de 35 000 hommes au début des années 1950 à moins de 8 000 aujourd’hui, reprend Jean Dens. Pour une place qui se libère, dix candidats se présentent.  » La Légion n’a donc que l’embarras du choix. Et à ce petit jeu, les Belges, ni plus ni moins que les autres Occidentaux d’ailleurs, ne font guère le poids face aux recrues venues en masse d’Europe de l’Est, de Chine ou d’Amérique du Sud.  » Il ne faut pas non plus oublier que la Légion est aujourd’hui autrement plus exigeante, tant sur le plan physique qu’intellectuel. C’est devenu une affaire de spécialistes, elle n’est plus à la portée du premier venu « , embraie François Vanderhaeghen, président du groupement bruxellois des anciens de la Légion, parti en 1956 coiffer le képi blanc pour cinq ans, suite à une bisbrouille familiale.

Aujourd’hui, ils sont encore une bonne centaine d’anciens légionnaires à entretenir la flamme du souvenir aux quatre coins du pays. A Bruxelles, Liège, Anvers, Charleroi, ils se réunissent régulièrement pour discuter le coup, régler l’un ou l’autre problème administratif, se souvenir de ceux qui sont tombés sous le képi blanc.  » La séance commence toujours par une minute de silence « , précise François Vanderhaeghen. Un rendez-vous incontournable dans l’agenda des ex-légionnaires belges : le 30 avril, jour anniversaire du combat mexicain de Camerone de 1863, qui reste le symbole suprême du sacrifice de la Légion. Ce jour-là, à Bruxelles, après une cérémonie au monument du Poilu français à Laeken, ils rallient Manneken Pis, habillé en légionnaire de la tête au pied pour la circonstance. Le ketje de Bruxelles régale alors l’assistance en pissant du vin. L’occasion d’entonner  » Le Boudin « , le célèbre chant de marche de la Légion qui met à l’honneur de bien singulière façon les Belges, dépeints comme des  » tireurs au cul « . La faute, paraît-il, à notre roi Léopold II, qui, en 1870, avait demandé à ses sujets de ne pas s’engager dans la Légion afin de ne pas soutenir la France contre la Prusse. l P. Hx

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