Les maisons modestes se maintiennent, les appartements neufs suscitent l’enthousiasme des petits investisseurs et plusieurs projets immobiliers, dont le fameux îlot des Conceptionnistes, sortent des cartons des promoteurs.
» Alors que je pensais que 2014 serait l’année de la sortie de crise, j’ai le sentiment que celle-ci perdure et s’installe dans la tête des candidats à l’acquisition, avance d’emblée Eric Beaufils, de l’agence immobilière éponyme. Pour preuve, une véritable mise à niveau s’opère sur le marché nivellois, via une baisse linéaire et continue des prix de 5 à 10 % depuis un ou deux ans maintenant. Celle-ci est le fruit d’un ralentissement de l’activité immobilière et d’un allongement des transactions. » D’après le courtier, désormais, lorsque les acquéreurs se présentent, il n’est pas rare qu’ils négocient une marge plus importante que par le passé. » Le marché n’est plus aux mains des vendeurs, mais bien des acquéreurs, ajoute-t-il. Ce sont eux qui font le prix. » Résultat, quand vente il y a, elle se solde plus souvent par une moins-value que par une plus-value pour les propriétaires. » Attention, toutefois, à ne pas oublier qu’entre 2003 et 2009-2010, les prix se sont envolés, intervient Jennifer Wargnies, de l’agence Cap Sud Nivelles. La hausse a été telle qu’ils ont gonflé de 25 % en quelque sept ans ! » La remise à niveau actuelle pourrait donc faire office de juste retour de flamme.
Ceci étant, la morosité ambiante épargne certains créneaux du marché. Ainsi, les biens dont le budget ne dépasse pas les 200 000 euros remportent toujours un franc succès. Et, en conséquence, voient leurs tarifs non pas s’effriter, mais tout au plus… stagner. » Les maisons 2 à 3-façades modestes avec jardin sont très prisées, tant au centre-ville qu’aux alentours de Nivelles « , observe la courtière. » Tandis que les maisons affichées à 300 000 euros, souvent plus anciennes, souffrent non seulement de par le montant de l’investissement qu’elles nécessitent, mais aussi de par la concurrence de nouvelles constructions qui ont vu le jour ces dernières années, pointe Eric Beaufils. Réussir à les vendre est plus difficile qu’avant, quand le marché se portait peut-être un peu mieux et que la concurrence n’était pas aussi rude qu’aujourd’hui. » Sans parler des biens dont le prix dépasse la barre des 500 000 euros. » Ceux-là ont tout simplement de la chance s’ils trouvent acquéreur « , ponctue le courtier.
Il est un autre créneau qui résiste aux assauts post-crise : les appartements neufs. » Le segment des appartements subit le même sort que celui des maisons, si ce n’est en ce qui concerne les biens neufs, acquiesce le gérant de l’Immobilière Beaufils. Le fait que ceux-ci répondent à une large demande de petits investisseurs leur sauve la mise. » Soit des particuliers issus de Nivelles, d’ailleurs en Brabant wallon ou de Bruxelles, qui affectionnent tout particulièrement ce type de produits. Pas de travaux de rénovation ou de remise aux normes à effectuer, une garantie décennale, un bon rendement énergétique… Autant de soucis en moins pour le travail de gestion locative dont ils doivent s’acquitter, et, surtout, un loyer… assuré ! » Le chômage locatif est quasi inexistant à Nivelles, assure Eric Beaufils. Du coup, les investisseurs ne prennent pas beaucoup de risques en jetant leur dévolu sur la région. Ils font véritablement un placement de bon père de famille. »
Un jeune parc immobilier
Quid des terrains ? » Il y en a de moins en moins, déplore Jennifer Wargnies. On en trouve encore quelques-uns dans les villages avoisinants, mais très peu à Nivelles. Et encore, je parle de terrains pour des maisons 2 à 3-façades. » Ceux qui conviennent à la construction de 4-façades sont une denrée rare. » C’est le fruit de la politique mise en place en Région wallonne, qui va clairement à l’encontre de celle des Nivellois « , sourit-elle. » Les seuls terrains que l’on trouve encore sont des ensembles destinés à des promoteurs, qui y érigent des lotissements entiers « , souligne Eric Beaufils.
Il y a toujours la solution de la démolition-reconstruction. » Mais le parc immobilier nivellois n’est pas très vieux, note la gérante de l’agence Cap Sud Nivelles. Tout le centre-ville a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, résultat, les chancres ne courent pas les rues. » L’un des derniers étant l’îlot des Conceptionnistes (lire l’encadré), qui fait d’ailleurs l’objet d’un projet immobilier mixte ambitieux.
Par Frédérique Masquelier