Aucune raison économique ne justifierait, sur la base de l’étude d’un think-tank allemand, un abaissement de la notation de la Belgique sur le marché des capitaux.
Une étude allemande vient de ranger la Belgique parmi les pays plus solvables de la zone euro étendue au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Une surprise d’autant que la France, l’Espagne et l’Italie se rapprochent des pays les moins bien cotés. La caractéristique de cette étude est qu’elle place les déficits publics dans le contexte économique global de 19 pays scannés.
Le Centre pour la politique européenne (CEP*) de Fribourg évalue ainsi la stimulation – ou non – du PIB via l’emprunt national. Un index négatif signifie qu’un pays emprunte à l’étranger plus qu’il n’investit dans son économie, qu’il » consomme » en quelque sorte ses crédits, une pente sur laquelle glisse la France qui vit au-dessus de ses moyens. Ce n’est pas le cas de la Belgique, même si la tendance 2010 (index 4,8) est en baisse depuis 2007 (7,6). L’Estonie est le pays le plus solvable parmi les 19 pays et, sans surprise, la Grèce est le dernier de classe.
La Belgique a un solde export-import positif du capital sans interruption depuis 2001 (2,6 % de son PIB en 2010) et si, certes, le phénomène est en régression, » il n’y a pas le moindre doute à avoir sur la solvabilité et la solidité économique du pays « , note l’étude de ce think-tank indépendant. Les risques politiques, c’est autre chose…
Le solde financier de la Belgique – malgré son haut endettement étatique -, et celui des autres pays du haut de ce classement s’explique par le fait que les emprunts publics à l’étranger sont surcompensés, dans la balance des paiements, par l’exportation de capital de l’économie privée, celle-ci restant, au demeurant, capable de financer les déficits publics domestiques. En d’autres termes, les Etats de première catégorie, dans laquelle figure notre pays, ne sont pas dépendants des marchés financiers internationaux pour financer leurs déficits et rembourser leurs emprunts, et ceci » indépendamment de la hauteur de leurs dettes « . Seul bémol : cette garantie n’existe pas si le secteur bancaire d’un de ces pays est menacé par des défauts de payements étrangers.
A l’inverse, pour les pays qui importent plus qu’ils n’exportent – comme, par exemple, les Américains qui préfèrent acheter, bon marché, de l’électroménager, des jouets ou des meubles made in China plutôt que d’investir dans leur économie – même un solde financier positif de l’économie privée ne suffit pas à couvrir les besoins de financement de leur secteur public.
(*) www.cep.eu
PIERRE SCHÖFFERS