La BD planche sur l’actu

Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

De Gaza à nos problèmes communautaires, les dessinateurs de BD investissent régulièrement le champ des actualités.

La presse et le dessin ont toujours fait bon ménage. Avant l’invention de la photographie, les plus grands noms de l’illustration trônaient en première page des quotidiens. Gustave Doré, Grandville, Honoré Daumier, Delacroix étaient attendus par le lecteur au même titre que les plumes de l’époque. Durant la seconde moitié du xxe siècle, la presse abandonne peu à peu l’illustration. Hormis les caricaturistes ou les dessinateurs judiciaires, l’illustration retourne dans les livres, la publicité et la BD. C’était sans compter quelques irréductibles pour qui la bande dessinée peut changer le regard sur l’actualité. Avec Gaza 1956 (illu) , le journaliste et dessinateur Joe Sacco raconte une page oubliée du conflit israélo-palestinien. A travers les faits tragiques qu’il dénonce, et la recherche de la vérité qui l’oblige à mettre de côté de nombreux témoignages, Sacco nous fait surtout partager la vie des Gazaouis d’aujourd’hui. En le suivant dans ses nombreux allers-retours entre le passé et le présent, on perçoit mieux la situation actuelle et la dramatique réalité d’une sentence, somme toute banale, d’un haut fonctionnaire du Hamas qui rappelle que  » les tragédies du passé contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent « .

Plus près de nous, le collectif des Coiffeurs pour dames s’est attaqué aux problèmes communautaires de la Belgique.  » Dans le troisième numéro d’El Rios (www.elrios.com), on aborde l’histoire de la Belgique, les repères culturels des 3 communautés, le point de vue de l’étranger sur notre crise politique, mais on traite également d’autres sujets de l’actualité. On parle, par exemple, de Facebook, de la pédophilie ou encore des dernières inondations « , explique Olivier Van Vaerenbergh, collaborateur de Focus formé au Soir et ancien rédacteur en chef du magazine Spirou.

Longtemps chez Libération, et à l’origine de l’affaire Clearstream, Denis Robert a confié ses dossiers au dessinateur Laurent Astier. Celui-ci en a tiré une saga graphique qui décortique le plus fidèlement possible les mécanismes fiscaux utilisés par le crime organisé pour prendre ses aises dans la nouvelle économie. Cette £uvre salutaire prouve, si besoin était, que la BD est à sa place dans la caisse à outils des métiers de l’information.

VINCENT GENOT

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire