Keynews, leader de la production TV

L’émission Indices, présentée par Georges Huercano-Hidalgo et Dominique Demoulin (RTL-TVI), est encore un joli coup de la société de production KNTV, appelée aussi Keynews.

I ndices, le Scud lancé par RTL-TVI sur l’émission de la RTBF Questions à la Une, a été mijoté dans les cuisines d’une usine à succès : la société de production télévisuelle KNTV, mieux connue sous le label d’origine Keynews. Depuis 1982, Boris Portnoy, son patron et propriétaire (avec son associé et ami de toujours, Eric Angelini, ancien étudiant, comme lui, de l’INSAS), hume à merveille l’air du temps. Il anticipe les bons filons qu’il propose à ses clients, en tête desquels se trouve la chaîne privée de la Communauté française (50 %).

En 2004, il avait déjà débauché François Pirette, mécontent de la RTBF, pour l’offrir sur un plateau d’argent à RTL. En fait de placement, les one-man-shows se sont révélés d’or, même si Pirette, aujourd’hui installé en France, n’est plus produit par Keynews. En décembre 2007, l’humoriste réalisait la meilleure audience de l’année (950 000 téléspectateurs) avec son spectacle Asile politique.

Le dernier succès de Boris Portnoy ? Faire travailler Georges Huercano-Hidalgo, un pilier du service public ( Au nom de la loi, C’est la vie, Dossier noir), sur la nouvelle émission d’investigation de RTL-TVI, au côté de Dominique Demoulin. L’ancien journaliste de la RTBF est également mobilisé sur d’autres projets de magazines de reportage, développés en interne par Keynews. Il n’intègre donc pas, à proprement parler, l’écurie RTL.

Car la machine à idées ne s’arrête jamais de tourner sur les 1 000 mètres carrés de la société de production, située rue de la Loi, à Bruxelles. Elle est même l’une des mieux informée sur le microcosme audiovisuel, ce qui lui permet de dénicher les talents émergents ou confirmés. Avec 50 équivalents temps plein et une équipe de pigistes auxquels il témoigne une grande fidélité, Boris Portnoy, fils de réfugiés politiques chiliens, n’oublie jamais la dimension humaine et intellectuelle de son job.

Petits sketchs en caméra cachée

Keynews, c’est surtout du divertissement : Septante et Un, Ça vous fait rire ? (RTL-TVI) et des sketchs en caméra cachée, sans paroles, qui sont le fond de commerce de la société.  » Je produis beaucoup d’humour, raconte Boris Portnoy. Actuellement, 25 personnes travaillent toute la journée, jusqu’en 2009, sur la réalisation de 1 000 épisodes de deux minutes trente de caméra cachée, destinés à être projetés dans les trains, les avions et les bateaux. C’est très amusant de voir ce que l’équipe ramène…  » Le producteur a mis au point une sorte d’humour universel.  » Cela fait trente-cinq ans que je vis ici, explique-t-il. Je me suis imprégné du tempérament de mes compatriotes. Il y a une gestuelle typiquement belge dans la façon d’accompagner l’expression « Qu’il tire son plan ! » ou le « Oufti ! » des Liégeois : c’est très reconnaissable.  »

Pourtant, la société a reçu ses premiers contrats dans un domaine plus sérieux : l’information européenne. Agréé par la Commission européenne l’année même de sa création, en 1982, Keynews suit aussi l’actualité européenne pour des chaînes de télévision étrangères, en fournissant des équipes techniques à leurs correspondants à Bruxelles. Les journalistes de France Télévisions, par exemple, travaillent avec KNTV.

Le pôle  » news  » de la société n’est donc pas une nouveauté, même s’il est appelé à connaître de nouveaux développements. L’érosion de l’audience des JT et l’importance des magazines de reportage pour l’image de marque des télévisions offrent des perspectives nouvelles aux sociétés de production indépendantes. Déjà très répandu en Flandre, où la VRT sous-traite (à prix d’or) quelques-unes de ses grosses productions, ce phénomène pourrait encore s’étendre.

Marie-Cécile Royen

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