Judas réhabilité

Un Evangile apocryphe, récemment découvert, raconte que Jésus a lui-même commandé sa trahison

Il a fallu plus de deux mille ans, mais la réputation de Judas, l’apôtre honni pour avoir trahi Jésus au Jardin des Oliviers, sera peut-être finalement rétablie. Un texte, vieux de plus de mille sept cents ans (photo), qui porte la mention  » Evangile de Judas « , donne une version des rapports entre le Christ et son apôtre bien différente de celle des 4 évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Selon l’Evangile de Judas, dont la traduction vient d’être rendue publique, Jésus lui-même aurait demandé à son disciple de le trahir afin d’assurer la rédemption de l’humanité :  » Tu sacrifieras l’homme qui m’a revêtu.  »

Le texte débute par ces mots :  » Voici la parole cachée de la révélation dont Jésus s’est entretenu avec Judas Iscariote pendant une semaine, trois jours avant qu’il ne célèbre la Pâque.  » Jean- Daniel Kaestli, professeur de théologie à l’université de Lausanne, explique :  » L’Evangile de Judas est un dialogue entre Jésus et ses disciples, et entre lui et Judas, pour montrer que Judas est supérieur à tous les autres apôtres. Ce texte, écrit en copte, vient prendre sa place dans un ensemble connu, mais il ne va pas faire trembler le Vatican « , affirme le théologien. On a découvert un grand nombre de textes bibliques ces soixante-cinq dernières années. Ils n’ont pas bouleversé le canon de l’Eglise catholique défini par Augustin en 400 et fixé par le concile de Trente en 1546, mais ils ont nourri une nouvelle génération de chrétiens qui regardent la Bible non pas comme la parole littérale de Dieu mais comme le produit de forces historiques.

L’Evangile de Judas fait partie d’un document de 66 pages, certifié authentique – contenant également une lettre de Pierre à Philippe ainsi que l’Apocalypse de Jacques, qui a bien failli disparaître. Découvert en moyenne Egypte il y a trente ans, il a circulé entre marchands de manière mystérieuse, avant d’atterrir dans le coffre d’une banque de Long Island (New York), où il s’est détérioré avant d’être racheté par l’antiquaire suisse Frieda Nussberger-Tchacos.  » Je n’avais jamais vu un document en aussi mauvais état « , a affirmé le Pr Rudolphe Kasser, chargé de sa traduction et de sa restauration. Le document, baptisé Codex Tchacos, sera conservé au musée copte du Caire.

Jean-Sébastien Stehli

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