» Je n’ai jamais rencontré un créatif aussi… créatif « 

Elle est la directrice de la Fondation Folon, qui fête ses 15 ans. C’est l’artiste lui-même qui l’a nommée à ce poste. Stéphanie Angelroth n’avait alors que 24 ans.

Le Vif/L’Express : Connaissiez-vous l’oeuvre de Folon avant de le rencontrer ?

Stéphanie Angelroth : Comme beaucoup, très mal. En automne 2000, la revue Wallonie/Bruxelles pour laquelle j’avais été engagée préparait un dossier sur Folon à l’occasion de l’ouverture de la Fondation. Mon patron, Jean-Noël Bloom, qui connaissait ma passion pour l’art, me proposa de l’accompagner lors de l’interview. C’était notre première rencontre et le courant est vite passé. Au cours de la conversation, il évoqua la petite équipe qui l’accompagnait dans le projet. Il y avait peut-être une place pour moi. Peu après, je lui envoyais une lettre dans laquelle je proposais ma candidature. Les premiers temps de la Fondation furent gérés à la manière d’une expérience temporaire. Or, il s’agissait de voir le long terme, établir des budgets, un programme, une organisation stable… Il n’y avait pas de réel responsable, rien n’était très clair. Alors, j’ai pris des initiatives et au bout d’un an, Folon m’a désignée comme directrice.

Quelles relations entretenait-il avec sa Fondation ?

Dans les premières années, il venait très souvent. Mais parallèlement, je m’en suis rendu compte plus tard, il m’introduisait dans toutes ses relations. En fait, il préparait l’après-Folon. Par exemple, il m’invitait à le rejoindre lorsqu’il préparait une grande exposition à l’étranger afin que je puisse rencontrer les amis et professionnels qui l’entouraient.

A sa mort, il y a dix ans, sa seconde épouse, Paola Ghiringhelli, gère le patrimoine. Donc aussi la Fondation ?

Oui, mais sans le dynamisme et la créativité de Folon. Le rythme s’est un peu ralenti. Les projets se sont faits plus rares, tout allait plus doucement et les rapports étaient parfois difficiles.

Au décès de Paola, en avril 2012, vous apprenez que la Fondation devient légataire universelle…

Un cadeau extraordinaire puisque désormais, tout passerait par la Fondation : des droits d’auteur aux organisations d’expositions à l’étranger. En plus, nous héritions de toutes les oeuvres qui se trouvaient à Monaco, où Folon a habité, des archives et divers documents. La famille – la première épouse, Colette Portal (qui nous a fait des dons) et la soeur comme le fils de Folon – va dans le même sens. La Fondation devient l’épicentre de l’oeuvre entière. Nous en comptons déjà un millier. Ce nombre sera sans doute doublé.

Folon vous a-t-il permis d’entrer dans son intimité ?

Chez Folon, il n’existait aucune frontière. Au début, ça me gênait. Un jour, il m’a proposé d’emmener toute ma petite famille avec lui, sa soeur et son fils sur son bateau. Ce fut un souvenir merveilleux. Avec le calme et l’humour qui le caractérisait, il nous racontait ses rencontres, ses musiques préférées, il nous parlait de cinéma, de théâtre et de petites choses du quotidien. Puis, il nous laissait à nous-mêmes et rejoignait son carnet de croquis et ses notes. Je n’ai jamais rencontré un créatif aussi… créatif.

Le samedi 24 octobre, la journée Humour Blanc… Ligne noire clôturera les festivités des 15 ans de la Fondation Folon et célèbrera les 10 ans de la disparition de Jean-Michel Folon.

Par ailleurs, l’exposition Agence de voyages imaginaires à la Fondation Folon est prolongée jusqu’au 29 novembre prochain.

http://fondationfolon.be

A lire : Folon. L’envol permanent, le hors-série du Vif/L’Express, un numéro exceptionnel de 100 pages.

Entretien : Guy Gilsoul

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