JACQUES LE JUSTE, ASCÈTE AUX IDÉES RIGORISTES

Une tradition du IIe siècle, conservée par Eusèbe de Césarée, présente Jacques le Juste, frère de Jésus, comme un ascète, observant scrupuleusement la Loi et admiré du peuple pour sa piété. Il ne boit ni vin ni boisson fermentée, ne prend pas de bain et n’utilise pour son corps ni le rasoir, ni l’huile.  » C’est sans doute pour cette raison que Paul, lors de son dernier séjour à Jérusalem, est obligé d’observer un rituel de purification pour se faire accréditer auprès de la communauté chrétienne, dont les règles paraissent très strictes en la matière « , commente l’historien Simon Claude Mimouni. Hégésippe, l’auteur cité par Eusèbe, raconte encore que Jacques est qualifié de  » Juste  » depuis l’époque de Jésus et qu’il a la permission, tel un grand prêtre, d’entrer dans le  » saint des saints  » du Temple de Jérusalem, où il se rend seul pour prier à genoux.

Au plus tard après la dispersion des Douze, Jacques le Juste est considéré comme le véritable responsable de la communauté judéo-chrétienne. Pendant les deux ou trois décennies de son mandat, il tente de maintenir l’unité des églises locales, qui se multiplient. En s’appuyant sur un cercle d’Anciens, il fait reconnaître l’autorité de l’Eglise de Jérusalem. Il accepte un compromis sur les conditions à poser à la conversion des non-juifs – les païens adeptes du Messie ne doivent pas se soumettre à la circoncision -, mais impose le respect des lois de pureté alimentaire. Ainsi, à Antioche, Pierre et Barnabé avaient accepté la communauté de table avec les non-juifs, mais les envoyés de Jacques ont contraint les apôtres à changer d’attitude.

La mort de Jacques est rapportée par Flavius Josèphe, historien romain d’origine judéenne. Le chef de la communauté chrétienne est condamné par le Sanhédrin et lapidé en l’an 62. Pourquoi Jacques, dont le zèle à l’égard de Torah lui a valu la réputation de  » Juste « , a-t-il été condamné à mort par un grand prêtre ?  » Tout comme son frère Jésus, Jacques est mort à cause de ses idées rigoristes et sans concession aucune, répond l’historien Simon Claude Mimouni : il a subi le sort des prophètes, qui proclament un message critique à l’égard des autorités en place.  »

Jacques le Juste incarne une branche morte du christianisme. L’Eglise de Jérusalem a été, sous son  » règne « , la communauté dominante du mouvement juif-chrétien. Elle sera marginalisée dans la tourmente des guerres juives contre les Romains. Le véritable point de départ du christianisme actuel se situe, indiquent les Actes des apôtres, non pas dans la ville sainte, mais à Antioche.

O. R.

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