Ils sont fous, ces Suédois !

Bien plus qu’un pays, c’est un mythe. La Suède, qui exerce la présidence de l’Union européenne jusqu’au 31 décembre 2009, véhicule une série de clichés particulièrement résilients. On vante son efficacité économique, sa rigueur morale, son système social, sa technologie ; et on déplore sa fiscalité ainsi que son taux de suicide record – alors qu’il est moins élevé qu’en Belgique ! En réalité, affranchi des stéréotypes, le pays d’Ikea est bel et bien la plus petite des superpuissances mondiales, comme se plaît à le rappeler son Premier ministre, Fredrik Reinfeldt. La Suède domine la Baltique, assume son alliance indéfectible avec les Etats-Unis, aiguillonne la Russie, tient son rang en Europe en proposant aux Vingt-Sept un  » partenariat oriental « , s’oppose à la France et à l’Allemagne au sujet de l’élargissement de l’Union à la Turquie, participe à différentes opérations de paix dans le monde et ne mâche pas ses mots en matière de droits de l’homme. Par-dessus tout, la bonne élève scandinave a réussi la prouesse de réduire de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre, grâce à une taxe carbone instituée dès 1991à

Tant mieux. Car l’agenda des six prochains mois est plutôt chargé. A la désignation de la nouvelle Commission s’ajoute le référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, prévu pour octobre, et, si ce dernier est enfin adopté, la création de deux  » jobs  » européens de premier plan : le poste de président du Conseil européen et la charge de Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Il faudra également cimenter la position commune de l’UE avant le sommet mondial de Copenhague consacré au changement climatique et, auparavant, veiller à la cohésion européenne à l’occasion du G 20 de Pittsburgh. Au total, la Suède devra présider près de 3 000 réunions de l’UE à différents niveaux, y compris avec la Russie et la Chine. Cela, sans compter les effets galopants de la crise économique. Les Suédois insistent, par exemple, sur le retour à la discipline budgétaire à l’heure où 20 des 27 pays de l’Union – et 13 des 16 membres de la zone euro – prévoient des déficits supérieurs à la légendaire barre des 3 % du PIB. Cela fait beaucoup, surtout après la présidence tchèque, dont le retentissant échec n’a fait qu’accroître les attentes à l’égard de Stockholm. Tennismen ou adeptes de la Vasaloppet, les Suédois aiment bien les défis ; les voilà servis.

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Christian makarian

L’échec de la présidence tchèque de l’UE accroît les attentes à l’égard de la Suède

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