(*) Wim Schamp, écrivain et journaliste, est aussi actif dans la communication et le marketing politique.
Un Flamand se sent-il belge ? C’est selon. A l’étranger, un Flamand se sent toujours belge, puisqu’à l’hôtel il entretient les autres pensionnaires des exploits d’Eddy Merckx, de Kim Gevaert ou de Jean-Claude Van Damme. En Flandre, un Flamand ne se sent pas belge, il ne se sent même pas flamand. Il y est anversois, louvaniste ou brugeois. En Wallonie, un Flamand se sent flamand. Il perçoit ses hôtes wallons comme des Wallons, pas comme des Belges. Un Flamand qui séjourne en Wallonie souhaite découvrir les joies de la vie wallonne : les Ardennes, le paysage, la gastronomie. Le Flamand s’y sent comme à l’étranger, ce qui donne à son voyage un caractère exotique.
Un Flamand se reconnaît-il des penchants » fascis- tes » ? Heureusement, non. Le Flamand ne sait pas ce que recouvre le qualificatif » fasciste « . Le Flamand moyen est aimable et patient. Il est entreprenant et social à la fois. Son rêve est d’avoir une maison et un foyer. La maison, le foyer et l’environnement tout autour constituent son biotope, où il se sent protégé et en sécurité. Ceux qui veulent pénétrer dans son biotope doivent lui prouver leur bonne foi û qu’ils soient anversois, flamands, wallons ou marocains. Ceux qui, sans raison, veulent s’approprier des droits sur son biotope sont rejetés. Ceux que cela amène à taxer le Flamand de » raciste » suscitent sa colère. Mais le Flamand ne va pas hurler sa colère û ce n’est pas dans sa nature û, mais il va la manifester dans l’isoloir. Ce qui est son plein droit en démocratie.
Est-ce que le Flamand se sent souvent offensé par les francophones ? Oui. Certains politiques francophones présentent les Flamands comme des » annexionnistes « , comme des sympathisants du Vlaams Belang » fasciste « , comme les fossoyeurs de la sécurité sociale unitaire. En contrepartie, certains politiques flamands répandent l’idée du Wallon paresseux qui se la coule douce sur le dos du contribuable flamand. La réalité est tout autre. En vérité, les Flamands et les Wallons ne se connaissent pas (plus). Ils ne se rencontrent pas, ils parlent une autre langue, ils regardent leurs propres programmes à la télé et ils lisent leurs propres journaux.
Est-ce que je parle le néerlandais à Bruxelles ? Oui, toujours. Est-ce que je parle le néerlandais en Wallonie ? Non, jamais. Est-ce qu’un francophone parle le néerlandais en Flandre ? Presque jamais. C’est dommage. Quiconque rend visite à autrui doit respecter les usages et la langue de l’autre. Si, sur une terrasse à Durbuy, je suis servi en néerlandais, je n’ai plus l’impression de me trouver en Wallonie. A Durbuy, on doit parler le français et pas le néerlandais. Des écriteaux, en Wallonie, où il est écrit » Hier spreekt men Nederlands » me heurtent. Si, sur une terrasse à Knokke, à la table d’à côté, on s’adresse au garçon en français, cela me choque. Est-il naturel qu’on ne comprenne et ne parle pas le français en Flandre ?
Que faire ? Il faut se tenir tranquille. Ne pas déclarer la guerre. Ni organiser des référendums sur des questions irréelles. Quand Elio Di Rupo suggère d’organiser un référendum portant sur l’unité de la Belgique, lui et moi connaissons le résultat à l’avance. La majorité des électeurs n’accepteront pas que la Belgique » crève « . Mais, lorsqu’en même temps on leur demande si la Flandre doit continuer à supporter les déficits des soins de santé wallons, la même majorité répondra non. Et ce sera la fin de la Belgique. Alors la valeur de la réponse à la première question sera purement théorique. l
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par Wim Schamp (*)
» Si, sur une terrasse à Knokke, on s’adresse au garçon en français, cela me choque «