» Il y a acharnement sur Sarkozy « 

Affable, comme à son habitude, Armand De Decker répond à nos questions sur la  » dernière  » affaire Sarkozy dans laquelle apparaît son nom. Pour lui, il s’agit d’une chasse aux sorcières, ni plus ni moins.

Le Vif/L’Express : Comment avez-vous réagi à la révélation de l’enquête judiciaire en France ?

Armand De Decker : Cette enquête est basée sur la note fantaisiste d’Etienne des Rosaies. Cela ne me concerne pas.

La justice française se base surtout sur la détection de mouvements de fonds suspects pour de très gros montants sur les comptes de Me Degoul…

Ce que je sais, c’est qu’il est probable que l’Elysée a choisi Me Degoul pour s’occuper de ce dossier. Celle-ci a engagé les cabinets Stibbe et Tossens. Je ne suis intervenu qu’un an plus tard.

C’est bien Me Degoul qui est venue vous chercher ?

Me Degoul et Me Tossens.

En 2013, vous nous aviez dit avoir travaillé sur une autre affaire avec elle. De quoi s’agissait-il ?

Cela relève du secret professionnel.

Que pensez-vous de l’inculpation de Me Degoul pour qui vous avez travaillé ?

Je pense que cela s’inscrit dans le contexte de chasse aux sorcières à l’égard de Nicolas Sarkozy. Il y a un véritable acharnement sur lui. On sait à quel point la justice est politisée en France.

Me Degoul a été mise en examen pour corruption d’agents publics étrangers. Or, la corruption présumée s’est jouée depuis la France vers la Belgique…

Les juges français s’imaginent sans doute qu’elle est venue corrompre le gouvernement qui a déposé au Parlement le projet de loi sur la transaction pénale élargie…

Et vous-même ?

J’ai joué mon rôle d’avocat et j’ai plaidé la transaction pour Chodiev en robe devant l’avocat général de Bruxelles.

Par qui avez-vous été rétribué et combien ?

Nous avons tous été honorés par Me Degoul qui était la seule à être en contact régulier avec Chodiev. Quant au montant, cela relève du secret professionnel de l’avocat.

300 000 euros versés par Me Degoul à des Rosaies, cela vous semble-t-il curieux ?

Ça ne me concerne pas. Je ne connais pas les rapports entre les deux. Je préfère ne pas juger sans savoir.

Avez-vous contacté Etienne des Rosaies depuis que l’affaire est sortie dans la presse, pour lui demander des explications ?

Suite à l’enquête de votre magazine en janvier 2013, je l’ai appelé pour lui demander de me signifier par écrit que sa note était bien un faux. Ce qu’il a fait. Il m’a dit que ce n’était même pas sa signature qui figurait au bas de la note.

Peut-on voir la lettre qu’il vous a écrite ?

Je ne préfère pas. Je la garde au cas où j’en aurais besoin.

Quand avez-vous perçu les intérêts français dans ce dossier et pourquoi ne pas vous être démis à ce moment-là puisque vous étiez encore vice-président du Sénat ?

On était dans la procédure judiciaire depuis fort longtemps lorsque j’ai perçu les intérêts français. Mais il n’y avait là rien d’anormal. Jean-Luc Dehaene a, lui aussi, été au Kazakhstan en toute bonne foi. Aujourd’hui, avec le recul, je ne le referais sans doute pas car cela m’a finalement porté préjudice.

Olivier Maingain (FDF) réclame une commission d’enquête parlementaire. Votre réaction ?

Il sait parfaitement que je n’ai joué aucun rôle dans le processus législatif de la transaction pénale. Mon nom ne se trouve dans aucun document parlementaire traitant du sujet. Qu’il les consulte !

Selon lui, si vous aviez joué un rôle, c’eût été forcément dans l’ombre….

Tout le monde sait que Maingain est en guerre contre le MR.

Une commission d’enquête permettrait néanmoins de faire la clarté sur cette affaire, non ?

Pas de problème. On verrait que je n’ai aucunement influencé le processus législatif de la transaction pénale élargie.

Propos recueillis par Th.D.

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