L es quotidiens ne se sont pas privés de l’annoncer avec des gros titres : le 14 octobre prochain, tous les » chat rooms » européens de MSN seront définitivement déconnectés du Net. La belle affaire ! Mis à part un désagrément temporaire pour les utilisateurs qui devront trouver un nouvel endroit pour discuter en ligne – et il y a l’embarras du choix -, on ne perçoit pas clairement les raisons d’en faire tout un plat. A moins qu’il ne faille chercher du côté des motivations de la fermeture ? » Cette décision stratégique a pour but de contribuer activement à protéger tous ses utilisateurs et plus particulièrement les enfants contre le courrier indésirable (spam) et autres comportements inappropriés sur le Net (messages à caractère pornographi- que) « , lit-on sur le site de MSN Belgique.
C’était donc ça ! Dans un grand élan de générosité, Microsoft (ben oui, MSN, c’est Microsoft) enfile sa cape de justicier pour s’en aller combattre les dérives du Net. On applaudirait bien des deux mains… Sauf qu’en fermant ses » chat rooms » Microsoft n’apporte aucune solution technique aux problèmes qu’il évoque. Au mieux, il les contourne et s’en lave les mains. En outre, il manque sérieusement de constance en n’appliquant pas ses louables résolutions à l’ensemble de ses services. Ainsi, pourquoi MSN ne ferme-t-il pas ses groupes de discussion (des pseudo-forums) ? Sans aucune inscription préalable de l’utilisateur, en tapant simplement dans le moteur de recherche le mot » zoophilie « , n’importe quel moutard peut y télécharger des images pornographiques. Et en ce qui concerne la sécurité, on ne peut pas dire que MSN Messenger – la messagerie instantanée vers laquelle Microsoft renvoie ses chatteurs bientôt orphelins – soit un monstre d’imperméabilité. Dès lors, ne serait-il pas sage d’envisager sa fermeture ? Hypothèse absurde évidemment, puisque Messenger permet l’affichage de pubs personnalisées… Bref, si Microsoft ferme ses salles de discussion, ce n’est pas pour une raison philanthropique. A court, comme à long terme, les » chat rooms » ne lui rapportent et ne lui rapporteront jamais rien. Bien au contraire ! Ils bouffent inutilement de la bande passante et privent MSN Messenger, l’application vedette, d’un paquet d’utilisateurs. Et comme Messenger deviendra un jour payant, il serait idiot de ne pas fidéliser, dès aujourd’hui, un maximum de clients. V.G.
Une rubrique de Vincent Genot