J’ai été profondément meurtri à la lecture de votre article consacré à l’histoire de Namur lors de la Seconde Guerre mondiale. Sous le titre » Attentats et représailles « , votre journaliste écrit : » Si Louis Huart (bourgmestre catholique) est resté au poste, le gouverneur Bovesse (libéral de gauche), de son côté, s’est retiré dans le sud de la France… » » Ayant quitté la Province, il sera sanctionné par le collège des secrétaires généraux, la haute administration donc… « , poursuit Alain Colignon (historien du Ceges).
Vous opposez donc un bourgmestre catholique, courageux qui reste au poste – ce qui est exact – à un gouverneur libéral qui déserterait – ce qui est totalement faux. Mais, en plus, » dans le sud de la France « , suivi de points de suspension, ce qui ajoute à l’ignominie : le gouverneur Bovesse ne se contenterait pas de fuir, il fuirait au soleil bien loin de la Belgique, il abandonnerait ses concitoyens plongés dans le malheur. Enfin, vous faites suivre votre interprétation de l’histoire par la citation d’un historien dont la juxtaposition avec le texte précédent renforce la véracité : Bovesse a bien abandonné son poste puisqu’il fut sanctionné par la haute administration…
Rien de toute cette manipulation n’est exact. François Bovesse avait reçu l’ordre du gouvernement légal de ne pas tomber aux mains de l’ennemi. Dès qu’il sentit que Namur bombardée allait tomber aux mains de l’ennemi, en accord avec l’autorité militaire et accompagné de toute son administration, il se replie sur Florennes. Commence alors une errance qui allait durer dix jours. François Bovesse tente d’abord de rentrer en Belgique par Dunkerque, mais reçoit l’ordre de se rendre à Rouen, d’où il entreprend ses premières démarches pour créer un commissariat à l’accueil des réfugiés belges en France. Il rejoint son poste à Sète, dans l’Hérault, où il est nommé par le gouvernement légal haut-commissaire aux réfugiés pour tout le sud-est de la France. Il rendit avec son administration d’immenses services aux dizaines de milliers de Belges réfugiés dans le sud.
A la mi-septembre, sa mission est terminée et le retour à Namur s’impose, où, bien entendu, le gouvernement de collaborationnistes des secrétaires généraux s’empresse de le démettre de ses fonctions. François Bovesse reprend alors son métier d’avocat défendant inlassablement les Namurois poursuivis par l’occupant. Il devient l’âme de la Résistance et paiera de sa vie son engagement pour son pays et la liberté. Mon grand-père François Bovesse ne fut pas un lâche, mais un homme debout, lucide et courageux.
Il n’est pas donné suite aux lettres ouvertes ou portant des adresses incomplètes. La rédaction raccourcit certaines lettres pour permettre un maximum d’opinions.
JEAN-LOUIS CLOSE, NAMUR (WÉPION)