François

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Les débats virulents autour de l’ouverture à la diversité des familles et les fuites de documents sur les finances du Vatican révèlent l’ampleur des résistances aux réformes du pape argentin.

Le nom de Dieu est Miséricorde. C’est le titre du premier ouvrage du pape François, un livre d’entretiens qui paraîtra le 12 janvier 2016, dans 84 pays. Miséricorde, c’est le leitmotiv du souverain pontife, qui a ouvert un  » Jubilé de la miséricorde  » le 8 décembre. Miséricorde, c’est le chemin que François tente de tracer pour l’Eglise : une compassion pour les périphéries souffrantes, une ouverture à la diversité des familles en rupture avec une stricte observance de la doctrine. Mais ce changement de paradigme provoque des débats virulents et une fronde jusqu’au sommet de la Curie romaine.

La première phase du synode sur la famille, l’an dernier, a révélé l’ampleur des blocages au sein de l’Eglise catholique, notamment en Afrique, alors même qu’une majorité du clergé n’y respecte pas les normes du célibat. Les évêques allemands, en revanche, ont été les plus déterminés à vouloir faire bouger les lignes sur l’accès aux sacrements des divorcés remariés et l’accueil des couples vivant en concubinage. La seconde mi-temps du  » match « , en octobre, marquée une fois encore par de rudes antagonismes, s’est conclue sans avancées majeures. Les évêques belges présents au synode – Mgrs Bonny, Van Looy et Danneels – ont, certes, répété qu’ils n’étaient pas déçus, qu’au terme de deux ans de débats intenses, le rapport final contenait certaines ouvertures. Mais les pères synodaux, unis pour défendre la famille traditionnelle, sont restés divisés sur les questions sensibles liées aux déclinaisons familiales non conformes à la doctrine de l’Eglise. Les passages clés qui prévoient d’accorder aux divorcés remariés une participation plus grande à la vie de l’Eglise ont obtenu la majorité la plus courte. De plus, ces paragraphes n’établissent pas explicitement que certains divorcés remariés pourront à nouveau communier : les prêtres sont appelés à décider au cas par cas. En outre, pratiquement aucune ouverture n’a été faite en direction des homosexuels.  » Ce synode n’était pas vraiment d’humeur à discuter de cette question « , a constaté Johan Bonny, l’évêque d’Anvers. Mais ce que le pape n’a pu obtenir du synode, il pourrait le décréter seul, l’an prochain.

Entre-temps, il devra poursuivre la réorganisation du Vatican, dont les structures manquent de transparence, d’efficacité et de collégialité. François veut une Eglise à la fois plus ramassée et plus décentralisée. L’IOR, la banque du Saint-Siège, objet de tous les soupçons, a déjà été profondément réformée. Et cela au prix d’une guerre sourde dans les palais feutrés du Vatican et d’un procès retentissant sur des fuites de documents confidentiels. Les deux livres dans lesquels ils ont été divulgués révèlent à quel point la volonté réformatrice du pape se heurte à des résistances.

Olivier Rogeau

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