Le parti amarante change de nom et de programme, mais pas de président. Objectif, pour Olivier Maingain et les siens : parler d’autre chose que de communautaire, et s’implanter en Wallonie.
Quatre ans après la rupture, le célibataire va bien. On avait prédit les pires maux au FDF lorsqu’Olivier Maingain et les siens, en désaccord complet avec les libéraux du MR sur la sixième réforme de l’Etat, avaient quitté le Mouvement réformateur de Charles Michel. Le divorce n’est toujours pas réglé : les deux formations sont encore en procès, pour des questions d’argent, et l’inimitié entre Olivier Maingain et Charles Michel n’est pas apaisée, tant s’en faut. Mais grâce à un bon résultat au scrutin de 2014, et à des négociations habilement menées – c’est-à-dire sans trop en demander -, le parti amarante s’est assuré une participation au gouvernement bruxellois. Sa plus-value, dans une coalition avec des socialistes taiseux et une démocrate humaniste discrète, y est incontestable : c’est sa réforme fiscale, pensée par le député Emmanuel De Bock et portée par le ministre Didier Gosuin, qui doit donner un cachet à cette législature. Mais puisqu’on n’est pas élu sur un bilan, et que ce bilan est du reste loin d’être tiré, il faut au parti, qui a fêté ses cinquante ans en 2014, qu’il s’assure un avenir. Cet avenir, comme depuis 1995, sera modelé par Olivier Maingain. Début mars, l’indétrônable a rempilé pour un nouveau mandat présidentiel de trois ans, malgré l’opposition du bourgmestre d’Auderghem, Christophe Magdalijns, et surtout de celui de Schaerbeek, Bernard Clerfayt. L’élection à trois candidats a donc été compétitive, mais pas clivée. C’est ce qu’Olivier Maingain, qui l’a emportée avec plus de 60 % des suffrages, voulait. Sa campagne de reconduction était menée sur un thème, le renouveau, qui ne lui était pas spontanément associé. Olivier Maingain s’est néanmoins attelé avec l’ardeur du jeune conquérant à transformer son parti. Il en a changé le sigle, d’abord. Les Fédéralistes Démocrates Francophones sont en effet devenus le DéFI, le vendredi 13 novembre. DéFI, c’est Démocrate Fédéraliste Indépendant. L’intitulé du parti ne fait donc plus référence au combat francophone. » Comme si cela n’allait pas de soi « , a ironisé Olivier Maingain, en congrès, devant près de mille militants. Tous n’ont pas été convaincus : l’ancien député Eric Libert s’est opposé au changement de nom, et Bernard Clerfayt s’est abstenu. La rénovation programmatique de la formation suivra. Elle passe par l’adoption d’un nouveau manifeste, » rajeuni et élargi « , où seront réaffirmés, outre l’importance de la défense des francophones, celle du libéralisme social et de la laïcité, qui doit distinguer de ses concurrents, et parfaire une implantation wallonne annoncée depuis cinq ans mais jamais vraiment réussie. » Il faut que la force de notre message aille bien au-delà du cercle de nos plus fidèles électeurs « , lançait encore, à la tribune, le président Olivier Maingain. Un sacré défi.
Nicolas De Decker