ENSEIGNEMENT

Le temps presse. Voici plusieurs semaines déjà, Régis Dohogne, porte-parole de la CSC-Enseignement, jouait l’oiseau de mauvais augure. Il annonçait le risque de suppression de 3 000 postes de professeurs ou le non-paiement de leurs traitements, dès 2002. C’est ce scénario catastrophe qui s’imposerait si les accords de la « Saint-Polycarpe » n’étaient pas votés, au plus vite, au Parlement. Sans refinancement rapide, le déficit de la Communauté française atteindra, en effet, l’an prochain, 6,7 milliards de francs sur un budget de 246,4 milliards. Le gouvernement francophone serait, alors, beaucoup trop endetté – plus de 107 milliards de dette globale – pour pouvoir emprunter encore davantage et sortir de l’impasse financière. Et la CSC d’agiter, dès lors, la menace de grandes grèves, comme en 1990 et en 1996.

Rudy Demotte (PS), ministre du Budget de la Communauté française, ne cache pas non plus son inquiétude. « En 2000, nous aurions déjà dû procéder à un plan d’assainissement, reconnaît-il. Le « trou » à combler était alors de 3,5 milliards de francs. Seule la promesse du gouvernement fédéral de refinancer les Communautés m’a permis de convaincre le Conseil supérieur des finances d’effectuer un emprunt supplémentaire. » Grâce à ce « surendettement exceptionnel » de 8,1 milliards au total, le spectre de la suppression d’emplois a été repoussé. Il n’empêche: les différents secteurs de la Communauté française ont été saignés aux quatre veines.

En 2000, le gouvernement de la Communauté française avait même envisagé la cession de ses infrastructures et compétences sportives à la Région wallonne. De quoi tenir une année de plus, en engrangeant, une seule fois, 4 milliards de francs. A l’époque, les responsables de la Communauté française ont donc préféré actionner le système d’alarme dans les rangs francophones et réclamer de nouveaux modes de financement des Communautés. Ce qui a débouché sur la « Saint-Polycarpe ».

Simple sursis? « Si ces accords capotent, on retombe dans le scénario catastrophe de l’an dernier, affirme Demotte, avec une sorte de « vente par appartements », compétence par compétence. » La liquidation de la Communauté française serait dès lors à nouveau à l’ordre du jour…

Dohogne redoute, pour sa part, un transfert de l’enseignement aux Régions. Ce qui poserait un problème majeur à Bruxelles, où le budget est conditionné à l’accord des francophones et des flamands. La gestion des écoles francophones dépendrait alors du bon vouloir de la minorité flamande. Avec tous les risques que cela comporte.

Dorothée Klein

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