E-commerce sur mesure
Etudes et analyses vont dans le même sens : le commerce électronique a le vent en poupe. Ce n’est pas pour autant que les boutiques virtuelles ont trouvé leur seuil de rentabilité. Tant s’en faut
En 1998, à l’époque où nous avons lancé notre site, on nous a pris pour des fous. Pourtant, explique Carine Moitier, cofondatrice et responsable de Bivolino, offrir aux gens la possibilité de créer entièrement leurs chemises personnalisées en ligne était plutôt un concept innovant. Nous sommes toujours l’une des rares sociétés à le proposer en Europe. 30 % de nos ventes sont destinées à des clients étrangers : principalement des Hollandais, des Allemands et des Américains. » Couleurs, tissus, techniques de tissage, cols, boutons, patrons, manchettes…, les possibilités de personnalisation proposées par Bivolino autorisent de nombreuses combinaisons. Ce qui impressionne surtout, c’est la facilité d’utilisation du site. Pourvu que l’on soit déjà inscrit, la création d’une chemise s’effectue en une dizaine de clics. Cette prouesse est due, en partie, à un module informatique breveté par Bivolino. A partir de quatre mesures (taille, poids, âge, encolure), le logiciel Linosoft est capable de calculer le patron d’une chemise en temps réel. Sa précision est telle que le taux de retour des chemises commandées sur le site ne dépasse pas les 4 %. Un exploit que doivent envier les catalogues de vente par correspondance dont les taux de retour oscillent entre 30 et 40 %. » Nous n’avons jamais succombé à la fièvre « start up » qui sévissait avant l’éclatement de la bulle Internet, précise Carine Moitier. Nous avons toujours privilégié la recherche de solutions adaptées au client. Les investissements ont toujours été réalisés dans ce sens. » De fait, situés dans un zoning de la région de Hasselt, les locaux de Bivolino sont surtout fonctionnels. Dans une unique pièce qui tient du loft industriel, les échantillons de tissus se partagent l’espace avec quelques mannequins et une machine à dessiner les patrons. Disséminées là où il reste de la place, une dizaine de personnes s’activent derrière leur écran d’ordinateur. » Je sais, sourit Carine Moitier, on a plus l’impression d’être dans un petit atelier de couture du quartier du Marais à Paris que dans les bureaux d’une entreprise du secteur des nouvelles technologies. Mais c’est parce que nous avons rogné drastiquement sur nos coûts de fonctionnement que nous sommes toujours là aujourd’hui. Maintenant, je ne cache pas que nous avons connu des moments très difficiles. »
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage…
Aujourd’hui, l’entreprise compte une base de données de 22 000 clients et affiche, depuis deux ans, un taux de croissance de 60 %. Pour autant, rien n’est encore gagné. Bevolino, c’est une cinquantaine de chemises vendues par jour. Avec une moyenne de 70 euros par chemise – fabriquée sur mesure en Tunisie et livrée dans les quinze jours -, on est encore loin de réaliser de plantureux bénéfices. Mais l’embellie semble se rapprocher. Selon le premier Baromètre BeCommerce établi par l’Association belge du marketing direct (ABMD) et réalisé en collaboration avec le bureau d’études de marché Insites, le Belge a acheté en 2005 pour 339 millions d’euros de produits et services sur Internet. Une étude qui ne tient pas compte de la vente de tickets (voyages et concerts, principalement) que l’on estime à 450 millions d’euros. Alors que la part de marché du commerce en ligne ne cesse d’augmenter, le baromètre montre que celle de la vente à distance classique – notamment par catalogue – enregistre une diminution. Si ce mouvement de transfert devait se confirmer, on pourrait légitimement s’interroger sur la place et l’évolution du commerce en ligne. Est-il adapté à tous les types de transaction ou n’est-il, finalement, qu’un canal d’achat qui finira par en remplacer un autre ? l
Informations : www.bivolino.com et www.becommerce.org
Vincent Genot
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici