La Hulpe
Pour certains, à la maison communale de La Hulpe, le dossier serait insignifiant. © GOOGLE

Un système quasi mafieux au service des travaux de La Hulpe?

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

La chambre du conseil décidera le 23 juin s’il y a lieu de poursuivre deux anciens employés du service des travaux de La Hulpe, soupçonnés d’avoir utilisé le personnel du service des travaux et le matériel à leur profit.

L’affaire sera examinée le 23 juin par la chambre du conseil, à Nivelles. En jeu, le renvoi, ou non, devant le tribunal correctionnel, de deux hommes auparavant employés par la commune de La Hulpe et poursuivis pour prise illégale d’intérêts.

La commune s’est en effet constituée partie civile, en décembre 2018, après avoir constaté que son service travaux était en proie à d’importants dysfonctionnements. Le 26 octobre 2018, comme le détaillent les délibérations du collège communal, le directeur général de la commune, Thierry Godfroid, avait été auditionné: l’enquête qu’il avait menée en interne, fondée sur les propos d’une quinzaine de témoins, concluait à «une confusion totale, depuis des années, entre les affaires du directeur du service des travaux, M. L., et la gestion des travaux communaux. Les ouvriers communaux devaient ainsi travailler pour lui, notamment chez certains membres du personnel.


En cas de refus, ils étaient sanctionnés voire même menacés de licenciement. M. L. accaparait également le matériel de la commune, outils et matières premières, indique le rapport du directeur général. Les témoignages concordent pour dire que le dépôt communal commençait sa deuxième vie après les heures de service et que le matériel communal était en libre-service.»

Le dépôt communal commençait sa deuxième vie après les heures de service et le matériel communal était en libre-service.

Toujours selon ce rapport, «ce système quasi mafieux aurait bénéficié à nombre d’ « amis  » honorablement connus à La Hulpe ainsi qu’à des membres du personnel».
Les témoins entendus pointent directement la responsabilité de l’ancien directeur général, M.D., désormais employé dans une autre commune du Brabant wallon. «Il a à tout le moins couvert ce qui se passait au dépôt communal et s’est ainsi rendu auteur, coauteur ou complice de ces faits, insiste le rapport. Il aurait d’ailleurs, à titre personnel, bénéficié des prestations des ouvriers communaux et du matériel de la commune pendant les heures de service pour la construction de sa maison, la construction de sa terrasse, et celle de boxs à chevaux pour une enseignante de la commune.
En 2018, des véhicules de la commune ont aussi été utilisés pour fournir le directeur en matériaux divers. […] Les soupçons qui pèsent sur ces deux hommes sont tels que leur présence au sein de l’administration est difficilement concevable et qu’ils devraient, en conséquence, être suspendus de leurs fonctions.»

Plus d’intérêt à révéler les faits

A la suite de ce rapport, la commune de La Hulpe a déposé plainte pour vol domestique, détournement et toute autre infraction à déterminer en cours d’enquête, et s’est constituée partie civile. Interrogé par Le Vif, le directeur général Thierry Godfroid, actuellement en retrait de ses fonctions pour raisons personnelles, a confirmé avoir transmis l’ensemble des pièces au Parquet et avoir été auditionné. Après enquête, le procureur du roi de Nivelles a demandé le renvoi du dossier devant la chambre du conseil, pour prise illégale d’intérêts. «Les faits se sont déroulés pendant plusieurs années, a précisé Me Antoine Leroy, avocat de la commune. Celle-ci adopte une attitude prudente et se range derrière la position du ministère public.»

Contactés par Le Vif, ni M. L., ni son avocate, Me Delphine Paci, n’ont souhaité s’exprimer «avant le procès». Or, la chambre du conseil n’en a pas encore décidé. M. L. conteste par ailleurs les faits qui lui sont reprochés. Egalement approché par Le Vif, M. D., ancien directeur général, a choisi de ne pas en dire plus non plus, «après en avoir parlé avec le bourgmestre de La Hulpe, Christophe Dister» (MR). «Le dossier est insignifiant», assure-t-il. «Mon client conteste les faits», a précisé son avocate, Olivia Venet.

La question des responsabilités politiques dans ce dossier est néanmoins posée. Comment de tels faits, manifestement connus à La Hulpe, ont-ils pu se produire durant d’aussi longues périodes sans être dénoncés? «Tout le monde était au courant, assure une source. Tout le monde savait que du matériel était emprunté au service des travaux. Mais en 2018, l’opposition a rejoint la majorité pour former une liste commune aux élections. Dès lors, plus personne n’ avait intérêt à révéler les faits.»

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