Du pain et des jeux

Dans l’ambiance surchauffée d’un amphithéâtre plein à craquer, les gladiateurs – hyperconcentrés – s’apprêtent à batailler. A la clé ? Leur liberté. Deux mille ans se sont écoulés… Ces stars de l’arène continuent de fasciner.

A Tongres, un parcours itinérant nous catapulte dans les coulisses d’une tradition typique de la Rome antique. Embarquement imminent pour un voyage dans le temps. Sombre mais fascinant.

L’époque ? Comme l’attestent des peintures murales, les premiers duels sanglants entre hommes armés apparaissent en Italie du Sud vers 350 avant Jésus-Christ. De plus en plus grandioses et populaires, les combats de gladiateurs connaissent leur apogée durant les trois premiers siècles de notre ère (avant de décliner vers l’an 300). Les chasses trouvent leur origine dans un autre contexte : les Romains se découvrent une passion pour les expéditions de chasse depuis une campagne militaire en Afrique du Nord en 202 avant Jésus-Christ.

Qui ? Le deuxième volet aborde les participants : gladiateurs et combattants d’animaux sauvages. Différents chemins mènent à l’arène… Ces hommes étaient des prisonniers de guerre, de simples esclaves, des individus reconnus coupables de délits ou encore des individus libres qui signaient un contrat par lequel ils renonçaient pour un temps à leurs droits civils. Ceux-là rêvaient de célébrité. Les autres ? Simplement de liberté. Malheureusement, beaucoup étaient appelés à mourir avant leurs 30 ans. Les risques du métier… Il existait différents types de gladiateurs, en fonction des armes et équipements, de la formation et des techniques de combat enseignées.

Où ? La section suivante évoque l’amphithéâtre. Il devait répondre à deux exigences architecturales : disposer d’une arène très vaste et organiser des tribunes offrant une visibilité optimale. L’histoire du Colisée est largement éclairée. Les fêtes inaugurales ont duré pas moins de 100 jours avec entre autres de véritables batailles navales. L’occasion de souligner que cette grande exposition est montée en étroite collaboration avec le plus célèbre amphithéâtre romain qui a exceptionnellement accepté de prêter des pièces qui n’avaient jamais voyagé !

Quoi ? Enfin le moment tant attendu : les combats de gladiateurs. Ceux-ci clôturent une journée de festivités se jouant en plusieurs actes. Le premier confronte l’homme aux animaux sauvages. Vers midi, on procède à l’exécution des condamnés à mort. Après le sang, l’heure est au divertissement ! Un intermède comique – assuré par des nains ou des acteurs grotesques – fait patienter un public surchauffé. Véritables héros dans l’arène, les gladiateurs offrent le spectacle le plus sanglant. Le public salue le gagnant sous un tonnerre d’applaudissements. Assourdissant. Les combats de gladiateurs seront souvent des instruments de propagande permettant à l’empereur de manifester sa générosité. Exemple, les jeux organisés par Trajan en 107 : 120 jours, 10 000 gladiateurs et autant d’animaux !

Quelque 200 pièces (armes, casques et genouillères, pierres tombales, fresques…) composent un parcours – interactif – offrant un éclairage plus nuancé que l’image traditionnelle de barbares. L’occasion de rappeler que ces hommes incarnaient, malgré tout, des valeurs essentielles : l’héroïsme, la combativité et la suprématie sur la nature.

Les gladiateurs. Héros du Colisée, Musée gallo-romain, à Tongres, jusqu’au 3 avril. www.galloromeinsmuseum.be

Gwennaëlle Gribaumont

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