L’article sur le théâtre de Verviers (Le Vif/L’Express du 28 août) relève-t-il d’un journaliste d’opinion ou d’un journalisme d’investigation ?
Notons d’abord qu’aucune équipe candidate n’a remis un projet puisqu’il ne s’agissait pas d’un concours, mais d’un simple appel d’offres sur dossier de références accompagné d’une note d’intention (vision stratégique) et de méthodologie et d’une offre de prix. Ce que vous identifiez comme » un vernis d’objectivité grâce aux concours sur esquisse » relève d’une opinion généraliste sans référence précise. C’est donc une accusation qui tend à discréditer une pratique pourtant largement plébiscitée par l’ensemble des acteurs qui militent pour une architecture de qualité. L’imprécision de la ville de Verviers quant à l’avenir de son théâtre ne permettait malheureusement pas de conduire une telle procédure qui repose sur une pré-esquisse, et non sur » un projet presque abouti « . Comme tout travail mérite salaire, un dédommagement est versé aux candidats. Alors qu’il engloutit des centaines d’heures de travail, il ne représente que 0,1 % de l’investissement, ce qui est très en deçà de ce qui se pratique chez nos voisins européens, et conduit de nombreux architectes à devoir renoncer à la participation aux concours. Quant au prétendu caractère avantageux pour les architectes du taux d’honoraires pratiqué dans le domaine du patrimoine, vous omettez de préciser qu’un tel projet ne se conçoit qu’avec le concours d’ingénieurs spécialisés, d’acousticiens, de scénographes, signaléticiens, designers, spécialistes PEB… l’architecte n’étant en définitive rémunéré qu’à concurrence de plus ou moins 9 %.
Venons-en aux » petits arrangements, grandes conséquences… « . Informés comme vous l’êtes, vous avez dû prendre connaissance de l’avis du Conseil d’Etat et donc y lire que la suspension est la conséquence d’un défaut de motivation dans la délibération du Collège, sans qu’il y soit question du fond. Une approximation qui introduit une suspicion bien peu étayée.
Enfin, vous portez un jugement direct sur certaines candidatures en vous substituant ainsi au rôle du jury, jury que vous disqualifiez par ailleurs avec des sous-entendus quant au rôle de la Cellule architecture, aux » rumeurs de favoritisme » et à ma prétendue influence, en omettant bien évidemment de préciser que je n’y participais pas. C’est faire bien peu de cas des 12 personnes qui se trouvaient autour de la table et qui, chacune en leurs titres et qualités, disposait de l’expertise requise, dans les domaines concernés par le projet, pour porter un jugement en toute indépendance. Oui, un marché d’architecture comporte toujours une part d’appréciations subjectives, vous en faites la preuve en exprimant clairement votre inclinaison pour un théâtre » merveilleusement vieilli « . Point donc de » mic-mac » du patrimoine en Wallonie, mais une diversité d’approches qui, en fonction des enjeux propres à chaque projet, fait débat et permet à un jury pluriel d’encadrer une décision.
Il n’est pas donné suite aux lettres ouvertes ou portant des adresses incomplètes. La rédaction raccourcit certaines lettres pour permettre un maximum d’opinions.
Chantal Dassonville, architecte, responsable de la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles