Des médicaments à retirer du marché

Sur la base de l’étude d’une revue médicale française, L’Express a dressé une liste de produits ayant des effets secondaires aux risques importants. Certains sont vendus en Belgique.

La revue médicale indépendante Prescrire, poil à gratter des firmes pharmaceutiques et des autorités de santé, financée par ses 29 000 abonnés, analyse à la loupe tous les médicaments vendus en France. Les médecins ou les pharmaciens qui la composent n’ont aucun lien (ni direct ni indirect) avec un laboratoire. Ils passent au crible, pour chaque molécule, l’ensemble des études cliniques, des articles scientifiques et des informations disponibles. Se fondant sur ce travail d’une rigueur exemplaire, L’Express a identifié les produits pharmaceutiques dont le rapport bénéfices-risques est clairement défavorable. Cette liste a ensuite été soumise à l’avis du Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue, membre de l’Académie nationale de médecine et autorité morale et scientifique en matière de sécurité des médicaments en France. L’Express livre les noms des dix médicaments contestables qui ne devraient pas être sur le marché. Quatre sont disponibles en Belgique : l’Actos, le Ketek, le Zyprexa et le Zyban. Et six n’y sont pas distribués, l’Adartel, le Di-Antalvic, l’Hexaquine, l’Intrinsa, le Nexen, le Vastarel. Voici le descriptif des produits présents sur le marché belge.

Actos (Indication : traitement du diabète de type 2)

Le diabète de type 2 est une maladie de société aux complications graves. Une nouvelle famille de molécules, les glitazones, promet d’augmenter la sensibilité des patients à l’insuline. Mais la liste de leurs effets indésirables graves ne cesse de s’allonger : £dèmes maculaires, fractures osseuses chez les femmes, insuffisances cardiaques. Le 3 novembre 2010, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) annonçait le retrait de l’un d’eux, l’Avandia (GlaxoSmithKline), retiré également du marché belge. Contacté, le fabricant, Takeda, répond :  » Actos appartient à la même classe pharmacologique qu’Avandia, mais il n’a pas les mêmes indications et présente des effets différents. Actuellement, Takeda soutient deux études visant à analyser la relation entre Actos et le cancer de la vessie. « 

Ketek (Indication : infections respiratoires)

Ketek n’a pas d’efficacité clinique supérieure à d’autres antibiotiques alors qu’il expose à de nombreux risques pour la santé en cas d’association avec d’autres médicaments. Par ailleurs, les réévaluations conduites par les autorités européennes en 2006 et en 2007 concluent que plusieurs effets secondaires graves sont retrouvés plus fréquemment : le risque d’aggravation d’une myasthénie (faiblesse musculaire), de pertes de connaissance, de troubles visuels, de troubles du rythme cardiaque et d’atteintes hépatiques. Contacté, le fabricant, Sanofi-Aventis, répond :  » Les autorités de santé européennes (Emea) ont confirmé une réévaluation du rapport bénéfice-risque favorable pour le Ketek en 2006 et en 2007, en précisant les précautions supplémentaires d’usage à respecter. « 

Zyprexa (Indications : schizophrénie et troubles bipolaires)

Le fabricant a reconnu, en 2003, que le Zyprexa pouvait provoquer une obésité sévère. En 2007, il a précisé sur les notices des boîtes vendues aux Etats-Unis que la survenue d’une hyperglycémie (taux de sucre trop élevé dans le sang, l’un des symptômes du diabète) était plus fréquente qu’avec d’autres médicaments de la même génération. C’est là tout le problème, s’agissant d’un traitement au long cours, voire à vie. Plus de 28 000 patients américains ont été indemnisés par la firme pour obésité, hyperglycémie ou diabète. Contacté, le fabricant, Lilly France, répond :  » Les effets secondaires concernant la prise de poids sont connus et mentionnés dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP), tel qu’il figure depuis l’autorisation de mise sur le marché initiale de septembre 1996. Les risques d’hyperglycémie et de diabète ont aussi été mentionnés dès juillet 1999. De plus, le RCP a été régulièrement mis à jour afin de préciser, voire de renforcer, la mention de certains effets indésirables comme le risque de prise de poids, ou de survenue d’anomalies lipidiques, d’hyperglycémie, voire de diabète. « 

Zyban (Indication : sevrage tabagique)

Les bénéfices du Zyban (GSK), une substance proche des anorexigènes amphétaminiques comme le Mediator, sont incertains et, au mieux, très modestes, alors que des effets indésirables graves sont, eux, avérés, comme l’hypertension artérielle. Ce médicament n’apparaît pas plus efficace que les gommes à mâcher ou les patchs à base de nicotine, qui présentent moins d’effets indésirables. Contacté, le fabricant, GlaxoSmithKline, n’a pas répondu.

JULIE JOLY ET ESTELLE SAGET

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