Dérapages

Le président des Coalisés a le parler vrai. Mais il a parfois tout faux.

Le récent derby bruxellois n’a donc pas accouché d’un miracle semblable à celui qui s’était produit à Dender, une semaine plus tôt. Pourtant, après une bonne vingtaine de minutes à peine, le marquoir affichait, ce coup-ci aussi, un avantage de deux buts en faveur des Mauves. Mais là où les néo-promus avaient trouvé les moyens de se rebiffer, les Coalisés, eux, n’ont jamais été en mesure d’inverser la tendance. La faute, sans nul doute, à une absence flagrante de talents car la volonté des troupes d’Albert Cartier ne peut décemment être mise en cause. La preuve : avant le but d’ouverture du Sporting, les Molenbeekois en étaient déjà à un total de huit interventions fautives. C’est dire s’ils faisaient preuve de détermination.

Une fois n’est pas coutume, il faut logiquement s’attendre à ce que le patron du club, Johan Vermeersch, monte aux créneaux cette semaine. Si ce n’est déjà fait, au demeurant, après le 0 sur 12 qui met d’ores et déjà le FC Brussels en très mauvaise posture. Sans doute le président tirera-t-il à nouveau sur tout ce qui bouge et sur son entraîneur en particulier, à qui il a déjà donné quelques savantes leçons de tactique depuis l’entame de la compétition. Mais est-ce réellement la faute du Vosgien si sa formation ne tient pas la route ? Ce n’est quand même pas lui qui décide in fine quels sont les footballeurs à transférer. Dès lors, s’il y a des profils manquants, à l’image de ces joueurs de couloir qui font cruellement défaut, est-ce de son ressort ou de celui du chairman ?

Une chose est sûre : Monsieur Jo n’en est pas à son coup d’essai en matière de transferts ratés ou de prévisions boiteuses. Depuis qu’il a repris les rênes du club en mains, l’entrepreneur s’est déjà fourvoyé quelques fois. Morceaux choisis.

l Au bout de quatre journées, la saison passée, le président du Brussels n’était pas peu fier du 10 sur 12 réalisé par son équipe contre Mons, Zulte Waregem, Saint-Trond et le Lierse. Un total qui valait aux Coalisés d’être au faîte de la hiérarchie à ce moment de la compétition et ce, avec une moyenne d’âge de 22 ans à peine. De quoi faire s’esbaudir l’homme fort du club, tout heureux de voir ses cacahouètes faire la nique aux huiles de notre élite. Mais en fin d’exercice, le ton est différent. Les fameux coming men, encensés encore quelques mois plus tôt, ont cédé la place à des enfants gâtés, priés de dégager sur-le-champ. Et les paroles sont mises à exécution car les Michaël Jonckheere, Cédric De Troetsel et autre Julien Pinelli sont priés d’aller voir ailleurs.

l En matière de rating, Vermeersch a d’ailleurs fait fort en décrétant que l’avant louviérois, transféré à son instigation, était ni plus ni moins meilleur que Paul De Mesmaeker qu’il eut sous ses ordres au RWDM. Si les deux présentent le même profil, la différence est quand même énorme entre l’ancien Loup, qui n’est jamais parvenu à faire son trou à la rue Malis, et Polleke qui a fait partie du grand FC Malines sitôt révolue sa période molenbeekoise et qui est même devenu international chez les Sang et Or. Sans risque de se tromper, on peut dire que l’ancien ailier gauche, véritable chouchou de l’ex- big bossJean-Baptiste L’Ecluse, avait plus de talent dans son petit orteil gauche que toute l’équipe du Brussels réunie.

lDans le même registre, on citera son appréciation des deux frères Kargbo, Ibrahim et Sydney. Pour lui, le plus jeune, toujours actif au Brussels aujourd’hui, est ni plus ni moins appelé à dépasser son aîné, parti à Willem II Tilburg il y a deux ans. En ce qui concerne la taille, c’est sûr que MonsieurJo a vu juste car le ‘petit’ mesure 186 centimètres alors qu’ Ibou rentre toujours gratuit à Walibi. Mais pour ce qui est du talent, là, il y a de quoi être plus sceptique. La preuve, Sydney n’a toujours pas fait son trou dans son entourage bruxellois alors que son aîné milite déjà sous des cieux beaucoup plus rémunérateurs. Et nous ne voyons pas cette tendance s’inverser dans les années à venir.

l Lors du derby, il y avait très exactement un joueur de la capitale dans les rangs du FC Brussels : Alan Haydock. D’accord, le capitaine en est la figure la plus emblématique mais on est quand même loin du compte espéré par Jivé lors de sa prise en fonction. Si on gratte, seul le malheureux Steve Colpaert, blessé actuellement, compte parmi les incontournables Brusseleirs. Même si la Région de Bruxelles-Capitale finit par s’étendre, il faudra pour ainsi dire annexer la France pour voir au stade Edmond Machtens un FC Brussels couleur locale. Car c’est outre-Quiévrain que le club a essentiellement fait ses emplettes ces derniers mois.

l Pour ce qui est du screening, Vermeersch n’a pas toujours le regard heureux, loin s’en faut. A peine revenu parmi l’élite, sa première décision fut de renvoyer Aloïs Nong et Dieter Dekelver qui, pour lui, n’avaient pas l’étoffe de footballeurs de l’élite. Si le jugement reste à prouver pour le Camerounais, qui retrouve cet échelon avec le Yellow Red Malines aujourd’hui, force est de reconnaître que l’autre a bien mérité la D1 où il a quand même inscrit une soixantaine de buts sous les bannières de Lommel, du Cercle Bruges et, à présent, Westerlo. Dans l’intervalle, on ne peut pas dire que les choix du boss aient été heureux. Qui se souvient encore de l’Estonien Vladimir Voskoboïnikov voire du Brésilien Marcelo. Ce dernier avait débarqué rue Malis en compagnie de trois autres compatriotes, tous recrutés par Jivé lui-même : Thiago Costa, Thiago de Oliveira et Leonardo di Nacio. Tous, absolument tous, se sont perdus dans les brumes de l’oubli.

par bruno govers – photo: reporters

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