Delhaize

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Et un de plus ! En fusionnant avec le néerlandais Ahold, Delhaize a perdu encore quelques plumes de belgitude. Mais il s’est armé aussi contre son redoutable concurrent Albert Heijn…

Il n’aura fallu que quelques semaines pour que le rapprochement entre Delhaize et Ahold soit bouclé. Il est vrai que le groupe de distribution belge avait tout fait, durant les mois précédents, pour se préparer à ce mariage : un sévère plan de restructuration avait marqué l’année 2014 de l’enseigne au lion, laissant à penser que celle-ci serait plus séduisante une fois lestée de ses magasins les moins rentables et de 1 800 membres du personnel, partis sur base volontaire. Il était donc plus facile de publier les bans de ce mariage en 2015, dès lors que cette annonce ne devait pas représenter un avis mortuaire pour une partie des salariés…

Voilà pour le contexte. Dans les faits, bien que présenté comme une fusion entre égaux, le rapprochement des deux groupes n’en est pas un : c’est bien Ahold qui se porte acquéreur de son concurrent belge, pour 9,32 milliards de dollars. Les actionnaires de Delhaize n’ont que très modérément apprécié les modalités de l’opération : le cours de l’action a immédiatement plongé.

Certes, les deux mariés n’affichent pas le même poids, le groupe néerlandais étant de taille sensiblement supérieure à son alter ego belge. Le premier pèsera d’ailleurs 61 % dans le nouveau groupe Ahold Delhaize, pour 39 % à Delhaize. Le poste d’administrateur délégué échoira aussi à Dick Boer, jusqu’alors patron d’Ahold. Frans Muller, patron actuel du distributeur belge, prendra en charge l’intégration des deux structures, tandis que le président du conseil de Delhaize, Mats Jansson, conservera le même poste dans la nouvelle entité. Seul Jacques de Vaucleroy représentera encore, au conseil d’administration, les familles fondatrices de Delhaize, qui détiennent entre 10 et 15 % du capital. Le conseil de surveillance et le conseil de direction d’Ahold Delhaize respecteront en revanche une stricte parité. Le siège social, lui, quittera Bruxelles pour Zaandam, aux Pays-Bas. Anderlecht conservera le bureau central européen. On sait combien cet élément est capital dès lors qu’en cas d’avis de tempête, il faut faire des choix difficiles, notamment sur le plan de l’emploi.

Géographiquement, les deux enseignes ne se cannibalisent pratiquement pas. Il n’y a donc guère de raisons de craindre le pire sur le territoire belge, singulièrement en matière d’effectifs. Les synergies espérées à partir de 2017 devraient atteindre 500 millions d’euros par an, pour un coût de fusion de quelque 350 millions d’euros. Une fois l’opération bouclée, Ahold Delhaize occupera la 7e marche du podium des distributeurs mondiaux.

Laurence van Ruymbeke

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire