A Bruxelles, trois écoles primaires ont été scindées. Une scission controversée par les syndicats enseignants qui pointent l’improvisation et la légèreté du cabinet de Joëlle Milquet.
Depuis des mois, l’inquiétude ne retombe pas auprès des syndicats d’enseignants. Lancée en 2013, la scission de trois établissements primaires, sous tutelle communautaire, suscite une forte méfiance. Il s’agit des écoles fondamentales annexées à l’athénée royal Serge Creuz (Molenbeek-Saint-Jean), à l’athénée royal Rive Gauche (Laeken) et à l’athénée royal de Ganshoren. A la rentrée dernière, celles-ci ont donc été scindées en six implantations.
Concrètement, ces trois établissements tournent à plein régime. Pour l’exécutif communautaire, la scission se veut une solution à l’augmentation des effectifs scolaires. Contacté par Le Vif/L’Express, le cabinet de Joëlle Milquet (CDH) détaille les motivations : » Des écoles à taille humaine, afin de garder l’élève au centre des préoccupations et au centre des apprentissages, d’offrir à l’enseignant un cadre constructif et un soutien pédagogique et d’alléger les tâches administratives du directeur d’école en faveur des tâches pédagogiques. »
Or, selon la CGSP-Enseignement, ces scissions ne sont qu’un » subterfuge » voué uniquement à soulager le chef d’établissement de chacune de ces écoles et, partant, à créer un second poste de directeur. » On veut nous faire croire qu’on aboutira à des écoles à taille humaine et à créer des places supplémentaires. C’est mission impossible ! » déclare Léon Motte, président de la CGSP-Enseignement de Bruxelles. Toujours selon le syndicat, à Serge Creuz, la scission n’aurait ouvert aucune place ; à Ganshoren, une vingtaine de places ; à Rive Gauche, quelque 200 places au plus tôt dans un an.
Improvisation
Mais ce que les syndicats d’enseignants pointent surtout, ce sont l’improvisation et la légèreté avec lesquelles le cabinet de Joëlle Milquet aurait agi. Ainsi, à l’école fondamentale de l’athénée de Ganshoren, l’improvisation serait manifeste. Ce n’est pas la bonne volonté qui fait défaut, plutôt le manque de locaux et les difficultés liées aux sureffectifs. » C’est la saturation. Les deux écoles se partagent une seule cours de récréation. Il n’a pas été prévu de second réfectoire ni de dortoir pour les maternelles. Des élèves déjeunent dans leur classe. Pas de salle de gym ni de salle des profs supplémentaires « , affirme un enseignant.
Le second volet des critiques porte sur la manière de procéder du cabinet ministériel. » Le cabinet est très politique. Mais il manque de « technocrates » « , analyse un syndicaliste. Pointant des manquements tous azimuts. Par exemple, au départ, les projets de scission ne prévoyaient pas de conventions. Et quid du statut du personnel ? Quels sont les effets de ces scissions sur le statut des enseignants ? Sur quels critères ceux-ci sont-ils affectés dans les désormais trois nouvelles écoles ? Comment sont calculées les anciennetés des enseignants désignés dans ces nouvelles implantations ? » C’est simple : rien n’avait été anticipé par les personnes chargées de ce dossier au sein du cabinet. Nous avons alerté pendant des mois sur les problèmes qui risquaient de se poser, elles n’y avaient même pas pensé ! » Actuellement, les conventions de scission sont en cours de rédaction et, selon le cabinet, » en parfaite collaboration avec les syndicats « . » Elles détailleront clairement la situation administrative de chaque enseignant via un arrêté ministériel « , conclut le cabinet. » Sur papier, la procédure semble avoir été respectée. Mais en coulisse, nous n’avons été reçus qu’il y a un mois, avec cette impression de faire leur travail et sans avoir toutes les réponses à nos questions « , réplique un syndicaliste.
Soraya Ghali