Dans les palmes du grand bleu
En descendant à plus de 200 mètres de profondeur, le plongeur belge Patrick Musimu s’arroge le nouveau record mondial d’apnée !
No limit « … Dans le jargon des apnéistes, le qualificatif désigne la discipline extrême, celle qui entraîne le plongeur vers l’abîme par une gueuse (un lest de fonte brute) coulissant le long d’un filin et dont la remontée à la surface est assurée par le gonflement d’un ballon. C’est la discipline reine qui voit s’affronter Jacques Mayol et Enzo Molinaro dans Le Grand Bleu, le film culte de Luc Besson.
L’apnée » no limit » exige un long temps de préparation et de nombreuses plongées successives pour habituer l’organisme aux pressions extrêmes rencontrées en grande profondeur. Ainsi, il faudra plus de six mois de préparation au français Loïc Leferme pour atteindre, en octobre 2004, la profondeur de 171 mètres. Le 30 juin dernier, trois semaines seulement après son arrivé à Hurghada, en Egypte, le plongeur belge Patrick Musimu dépasse la barre des mythiques 200 mètres pour descendre à 209,60 mètres. En plus de pulvériser le précédent record, la performance de l’apnéiste surprend par la courte période de préparation. Pour le plongeur, l’exploit vient de l’ aircavityflooding, une technique qu’il a mise au point et qui lui permet de remplir ses cavités nasale et sinusale d’eau de mer. » En comblant ainsi les vides normalement remplis d’air, j’évite de devoir compenser les différences de pression en cours de plongée. Je gagne du temps et je peux plonger plus profondément. »
Selon des tests menés à l’université de Leuven (KUL), il apparaît également que Patrick Musimu affiche un seuil de résistance à la douleur particulièrement important. Sa capacité de tolérance à l’acide lactique (l’acide en partie responsable de la sensation douloureuse qui accompagne l’effort) serait proche de celle des chevaux de course. » Pour autant, une infection ne m’a pas permis de tenter une nouvelle plongée, poursuit Musimu. Mais je suis certain que je peux descendre plus bas. Mentalement, je suis prêt. La seule inconnue reste les limites biologiques du corps. On ne sait pas encore, par exemple, si l’homme peut remonter plus vite sans risquer d’endommager les tissus cellulaires des poumons. » Et cette vitesse de remontée est cruciale si on considère qu’il a fallu au plongeur 3 minutes et 28 secondes pour réussir son aller-retour vers le fond.
Vincent Genot
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