Le marché immobilier knokkois, des prestigieuses villas zoutoises aux appartements heistois, a tangué dans le sillage de la crise. Pour mieux se reprendre cette année.
Avec quelque 18 000 secondes résidences sur les 85 000 que compte le parc immobilier côtier, non moins de 7 000 logements de vacances disponibles à la location et une… nonantaine d’agences immobilières y ayant établi leurs quartiers, Knokke-Heist est l’une des premières stations balnéaires du littoral belge. Sa population grimpe d’ailleurs de 35 000 à 150 000 âmes en haute saison touristique (au mois d’août) et lors des grands événements, tels que le tournoi de tennis ou le festival des feux d’artifice. Un engouement dont se targue son bourgmestre Léopold Lippens, 74 ans, qui règne sans interruption sur la commune depuis… 1979. Le maïeur vante d’ailleurs à qui veut l’entendre les mérites de sa belle protégée, qui a, selon lui, tout d’une grande : quelque 1 800 boutiques, 150 galeries d’art, un golf 18 trous et un second en cours d’aménagement au coeur du nouveau quartier Duinenwater, un casino, une nouvelle piscine accueillant 1 200 nageurs quotidiens… Mais aussi des projets urbanistiques d’envergure, à l’image du nouvel hôpital de 365 lits conçu par l’association des bureaux d’architectes Buro II, Aaprog et Boeckx&Partners ; ou encore de la » Community House « , la future maison communale à usage mixte (espaces publics, logements, commerces, hôtel de ville, salle polyvalente…) de Heist, oeuvre de la célèbre agence d’architecture multiculturelle et pluridisciplinaire parisienne Jakob+MacFarlane. Sans oublier les alentours de la Heldenplein, transfigurés sous le crayon de Neutelings et Riedijk, deux grands architectes néerlandais.
Une croissance » inéluctable »
Avec quel effet sur le marché immobilier ? » Knokke-Heist bénéficie d’un marché extrêmement sûr et stable, avance Yosef Boudra, de l’agence Immax, située à Albert-Plage. C’est vers elle que se tournent bien souvent ceux qui ont de l’argent à investir à la Côte, d’autant plus s’ils en ont assez de côté pour ne pas devoir contracter un emprunt hypothécaire par ailleurs. » Une popularité qui dépend toutefois du climat… économique, la brique de villégiature étant par essence plus volage que son homologue de résidence principale, de première nécessité et donc moins soumise aux aléas conjoncturaux du plat pays et d’ailleurs. Avec ceci que, si les transactions se sont raréfiées durant les années postcrise, candidats vendeurs et acquéreurs faisant preuve d’attentisme, la brique knokkoise n’a pas semblé pour autant se départir (trop) de sa valeur.
» Durant les belles années de 2005, 2006 et, dans une moindre mesure 2007 et les premiers mois de 2008, les gens pouvaient se permettre d’acheter pour revendre cinq à six mois plus tard, avec plus-value à la clé, dépeint Yosef Boudra. J’ai même eu un client qui a cédé son bien nouvellement acquis une semaine après la remise des clés, tout en empochant 25 000 euros de bénéfice ! C’était le temps où tout ce que l’on avait en portefeuille se vendait. Où les prix de l’ancien et du neuf s’équivalaient, quand bien même le budget du premier serait ensuite alourdi par des travaux de rénovation. » En 2009, l’insécurité est de mise suite à la crise financière et plus personne n’ose vendre, de peur d’une baisse de prix, poursuit le courtier. Les années suivantes ont été plus difficiles, le marché étant à l’arrêt. » Mais, depuis le début de cette année, on sent que la reprise est amorcée, se réjouit le patron de l’agence Immax. Les gens ont à nouveau envie d’acheter et les transactions reprennent. Les mois de janvier, février et mars ont été bons. Ceux d’avril et de mai, excellents ! On a très bien vendu, mais pas à n’importe quel prix ! Quoique l’ancien s’échange désormais à moindre valeur que le neuf, facture énergétique oblige, les valeurs se sont maintenues. » Pour preuve, démontre-t-il, les vendeurs campent sur leurs positions tarifaires, refusant de négocier comme c’était encore le cas voici deux à trois ans. » Au mieux, ils offrent un rabais de 5 000 à 10 000 euros, mais pas plus. Si le candidat acquéreur ne veut pas monter son offre, il devra passer son chemin et aller voir ailleurs. » Une évolution qui conforte Yosef Boudra dans la confiance qu’il porte à la brique knokkoise. » Je le répète à mes clients : il ne faut pas craindre une chute de régime sur le marché immobilier knokkois. Même si baisse il y a, cela finit toujours par remonter, c’est inéluctable « , ponctue-t-il.
Les villas zoutoises se refont une santé
Un avis que tendent à appuyer les dernières statistiques publiées par la Fédération royale du notariat belge et relatives au 1er semestre 2015. D’après les notaires, la brique côtière a bénéficié de la fièvre acquisitive concomitante à la régionalisation de l’avantage fiscal dit » bonus logement « , et, surtout, à l’annonce de sa modification au nord du pays. » L’indice d’activité moyen sur les dix communes côtières en 2014 (104,3) a été gonflé grâce aux excellents résultats du 4e trimestre (109,5), indiquent-ils. En 2015, l’activité reste soutenue avec 108,5 au 1er trimestre et 103,5 au 2e trimestre, ce qui représente une augmentation de respectivement 7,5 % et 2,3 %, en comparaison avec les mêmes périodes en 2014. » C’est La Panne qui signe le plus grand nombre de transactions en ce début d’année. Mais c’est bel et bien Knokke-Heist qui rafle la palme des tarifs les plus élevés.
D’un point de vue général, et si l’on s’en tient uniquement à l’évolution des prix, les appartements ont davantage la cote que leurs aînées à quatre façades sur l’horizon côtier. D’après les notaires, leur prix moyen fait preuve, en effet, d’une belle progression au 1er semestre de l’année par rapport à pareille époque en 2014, gonflant de 3,6 %. Un appartement se monnaie 551 458 euros à Knokke, soit trois fois la somme à débourser pour s’offrir pareil bien à La Panne, où le prix moyen est le plus bas à l’échelle des dix communes côtières, à 181 339 euros. Sur la digue, les prix s’envolent littéralement, à 765 630 euros en moyenne pour le bord de mer knokkois, contre 196 628 euros pour son équivalent meilleur marché, à Middelkerke.
Toutes catégories confondues, depuis la mitoyenne à la 4-façades, les maisons d’habitation voient, elles, leurs tarifs se stabiliser, enregistrant, sur le littoral belge et en moyenne toujours, un léger repli de 0,3 % par rapport au 1er trimestre précédent. Knokke enlève encore la mise, ses maisons s’échangeant à 771 000 euros en moyenne. C’est à nouveau plus de trois fois le tarif moyen pratiqué pour la plus accessible des communes en la matière : Ostende, avec 206 188 euros.
A noter que, après des temps difficiles, les belles et cossues villas zoutoises ne sont cette fois-ci pas en reste. Bien connues dans le pays pour être la » crème de la crème » de la résidence secondaire en bord de mer du Nord – voire de par le monde, puisque le Financial Times n’hésite pas à comparer le Zoute aux célèbres Hamptons de Long Island, le nec plus ultra de la plaisance en bordure de New York, – elles se sont remises de leurs émotions de ces dernières années, conclut, optimiste, Yosef Boudra.
Par Frédérique Masquelier