Confucius, un dieu ?

Le confucianisme est-il une religion au sens où nous le comprenons ?

Paulus Thijs, BruxellesSi, par religion, nous entendons un système de relations personnelles entre un individu et la (ou les) divinité(s), le confucianisme n’est pas une religion. Si nous appelons religion tout ce qui fonde une culture et lui donne sens, alors oui, la doctrine de Confucius est une religion.

En ce temps-là (v. 551-479 av. J. C.), la Chine était divisée en  » royaumes combattants « . Confucius (K’ong-tseu) était un lettré qui tentait de survivre en faisant valoir ses connaissances de lettré. Ce ne fut pas une réussite. Il se consola en fondant une école où l’on enseignait  » la doctrine des Anciens « .

Le souci du Maître de Lou (Confucius) est strictement d’ordre social : la bonne marche de la société. L’individu n’est pas ignoré, mais il ne prend de valeur que s’il s’insère volontairement dans la hiérarchie sociale, ce qui postule un comportement conforme à sa situation. La politesse chinoise n’est que la gestuelle appliquée à cette reconnaissance. L’ordre social est bâti sur ce concept. Une sentence célèbre en résume l’essentiel :  » Si l’empereur fait ce qu’il doit faire et le père de famille et le fils aîné et le fils cadet, alors l’Empire sera en paix.  » Ce système est aussi profondément pragmatique. Un disciple ayant demandé au Maître ce qu’il y a en dehors de la Chine, ce qu’il y a dans les airs et ce qu’il y a après la mort s’attira une réprimande. Nous ignorons tant de choses à propos de notre pays, dit Confucius, et de ce qui se passe sur terre, et la vie reste un mystère. Et, déjà, tu veux connaître ce qui se passe ailleurs, ou dans le ciel ou après la mort.

Quant au  » Seigneur d’En Haut  » (Chang-ti), c’est un principe rationnel, non un dieu. Il confère à l’empereur le  » mandat céleste  » qui lui permet de gouverner, et le lui retire s’il n’observe pas les règles du bon gouvernement. Le peuple, pour sa part, reste sous l’emprise d’une religion des esprits, le  » chen-tao  » (d’où les Japonais ont tiré le shintoïsme). Le seul culte proprement confucéen est celui des ancêtres. Il sert à consolider la cohérence sociale dans le temps, comme la hiérarchie sociale l’assure dans l’espace.

Ce système, raffiné et terre-à-terre, a institué la plus vaste, la plus homogène et la plus permanente des civilisations. Il a relié organiquement chaque individu à sa terre, au passé de celle-ci et à son destin. Il a donné un sens à sa vie. Les classes supérieures avaient la doctrine et les rites, et le peuple les imitait à distance en vivant ses croyances propres. A tout prendre, n’est-ce pas ainsi qu’ont fonctionné toutes les civilisations ? Jean Nousse

Marc Deschamps, Villers-la-Ville

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