L’ambitieuse exposition 2050 – Une brève histoire de l’avenir aux Musées royaux des Beaux-Arts, à Bruxelles, est une interprétation artistique des urgences et utopies d’aujourd’hui et demain. Et en Belgique, comment l’avenir se conçoit-il ? Pour Le Vif/L’Express, neuf experts ont fait un bond de trente-cinq ans dans le futur.
ÉNERGIE
Damien Ernst, professeur en électromécanique (Université de Liège)
L’électricité, produite par des microréseaux indépendants et de grands réseaux internationaux interconnectés, proviendra du renouvelable, moins cher que le pétrole.
» Je suis quasiment sûr qu’en 2050, on sera à 100 % d’énergie verte et non pas tant pour une raison écologique que pour une question de prix. Le paysage énergétique va dépendre du prix du photovoltaïque et des batteries, mais s’il est suffisamment bas, on verra de plus en plus d’entités indépendantes au niveau énergétique. Ainsi, dans les campagnes belges, on roulera probablement avec des véhicules électriques qui seront moins chers et à autonomie plus longue, alimentés par des panneaux photovoltaïques. Dans les villes, où il est plus difficile de capter l’énergie du soleil, la surface disponible étant moins grande par habitant, un réseau électrique existera toujours et ces villes importeront de l’électricité depuis des pays ensoleillés ou venteux. D’un côté, on aura donc des microréseaux indépendants, qui produiront eux-mêmes leur énergie, de l’autre, une interconnexion plus grande entre les réseaux européens et américains donnant un réseau électrique global où la quasi-totalité de l’énergie proviendra de sources renouvelables. La filière pétrole, dont le prix ne va pas descendre significativement, va perdre la main par rapport à la combinaison voiture électrique-photovoltaïque, car on voit déjà que celle-ci est moins chère. Dès 2030, la majorité des véhicules vendus seront électriques et, une fois atteint un certain taux de pénétration, des villes vont interdire le véhicule à essence, plus polluant et bruyant. Quant au nucléaire, son avenir n’est pas rose. Certes, des centrales pourraient encore être prolongées pour une dizaine d’années à partir de 2025, mais les politiciens vont de moins en moins défendre la filière. Le démantèlement nucléaire va coûter plus cher que prévu, des problèmes de stockage vont se poser, et cela créera de miniscandales financiers, décourageant les politiciens de » booster » la filière. Seule une rupture technologique peut changer la donne. Certaines compagnies travaillent sur des réacteurs plus petits et modulables, qui fonctionnent avec du thorium plutôt que de l’uranium. Il faut garder cela à l’oeil, ainsi qu’une éventuelle avancée dans la fusion nucléaire. Lockheed Martin travaille actuellement sur un réacteur de fusion compact et dit qu’il pourrait arriver à quelque chose dans cinq ans. Mais cela fait vingt ans qu’on nous dit que la fusion c’est pour dans trente ans, et rien n’avance vraiment. »
DÉMOGRAPHIE
Marie Vandresse, démographe au Bureau fédéral du Plan
En 2050, selon les projections du Bureau du Plan, nous serons 12,8 millions de Belges, contre un peu plus de 11 millions aujourd’hui. Les hommes devraient gagner six ans d’espérance de vie (84 ans), et les femmes quatre (87 ans).
» La croissance démographique annuelle sera moindre que celle observée ces dix dernières années, donc il ne faut pas parler d’explosion. Dans les années 2000, on pouvait parler d’explosion liée à l’immigration internationale, surtout à Bruxelles, et due à de nombreux facteurs dont l’élargissement de l’Union européenne. La capitale est concernée par 40 % de l’immigration. Toutefois, il ne faut pas se tromper : plus de la moitié vient actuellement de l’Union européenne. » A l’horizon 2050, selon les perspectives démographiques du Bureau du Plan, l’immigration internationale serait de 125 000 personnes par an (160 000 personnes en comptant l’immigration d’individus belges). A terme, un peu plus de 50 % de ces 125 000 personnes viendront d’en dehors de l’Union européenne. Par comparaison, l’émigration sera de 135 000 personnes par an. » Notre taux de fécondité est actuellement inférieur au seuil de remplacement (qui est de 2,1 enfants par femme). L’immigration se caractérise par des hommes et des femmes d’âge actif, en majorité entre 18 et 35 ans, qui sont en âge d’avoir des enfants, mais pas spécialement plus que les femmes belges. A côté du taux de fécondité plus faible que par le passé, on a évidemment une espérance de vie qui augmente. Ces deux éléments conduisent à un vieillissement de la population, qui ne sera pas réglé que par la migration. L’immigration soulève également la question de l’intégration des nouveaux arrivants sur le marché du travail et le besoin d’avoir des qualifications qui répondent à la demande future (entre autres en matière de soins de santé dans le cadre du vieillissement). »
NOUVELLES TECHNOLOGIES
Rudy De Waele, stratège en transformation digitale
Avec le graphène, la photonique, les villes intelligentes et l’essor de l’imprimante 3D, les nouvelles technologies annoncent une kyrielle de bouleversements.
» En 2050, le graphène, avec ses propriétés extraordinaires (un matériau 200 fois plus résistant que l’acier, qui conduit très efficacement la chaleur et l’électricité et est presque transparent), aura la potentialité de changer notre monde, s’il est mieux adapté. Il pourrait permettre de créer des journaux pliables que l’on peut mettre à jour, comme dans Harry Potter, de meilleures batteries de voitures, des smartphones indestructibles. On verra également du matériel informatique à haute performance développé grâce à la photonique (branche de la physique qui s’intéresse à l’usage des particules lumineuses) et qui utilisera la lumière plutôt que l’électricité. Mais le plus grand changement que l’on verra en 2050 sera le passage à une économie basée sur l’énergie durable. Les gens produiront leur propre énergie et transféreront le surplus sur le réseau, un » Internet énergétique mondial » capable de fournir le moindre recoin de la planète. Les véhicules, les bus et les camions connectés qui s’autoconduisent seront la norme. Les maisons seront programmables à distance et les problèmes de langage à Bruxelles appartiendront au passé grâce à des nanopuces que nous porterons sur nous (ou » dans » nous) et qui nous offriront une traduction instantanée. Le gouvernement belge commencera à voir son pouvoir se déliter. Internet aura créé des économies sans frontières qui auront bousculé la souveraineté des nations, celle-ci étant remplacée par une nouvelle forme de gouvernance, liée à des standards éthiques internationaux. Les services de soins de santé privés offriront au citoyen la possibilité de vaincre les limitations du corps humain en utilisant la thérapie génétique et le séquençage ADN. Les soins de santé publics se pencheront davantage sur la prévention, en utilisant des capteurs pour suivre notre état de santé plutôt que des pilules pour soigner les maladies. La fatigue digitale chronique et la dépression seront les maladies les plus répandues. Des immeubles étonnants pourront être construits avec des imprimantes 3D, créant une nouvelle vague de formes architecturales. Nous reviendrons à une production locale, grâce à l’impression 3D, car le transport des biens à l’échelle de la planète sera perçu comme totalement non durable. »
VIEILLISSEMENT
Nathalie Burnay, sociologue spécialisée dans le vieillissement au travail (UCL et Université de Namur)
Le coût du vieillissement de la population s’élèvera à 2,1 % du PIB entre aujourd’hui et 2060. Mais derrière l’augmentation des dépenses liées aux pensions ou aux soins de santé se cache un autre enjeu : l’employabilité des seniors.
» En 2050, un tiers de la population au travail aura entre 50 et 65 ans. Or, nous avons actuellement le taux d’emploi des seniors le plus faible d’Europe. Il y a donc un défi clair pour le maintien des seniors à l’emploi, car il n’y aura plus nécessairement assez de jeunes pour les remplacer. Il faudra d’ici là plancher sur l’amélioration des conditions de travail pour permettre aux travailleurs âgés de continuer à travailler après 50 ans. Et cela doit s’effectuer avant qu’ils n’aient cet âge, pour protéger leur santé. Or, aujourd’hui, le stress, l’intensification du travail, les charges psychosociales du travail : tout augmente. Cela a des implications sur l’employabilité (qui est déterminée par la capacité à garantir la santé, la motivation et les compétences), y compris des seniors. L’avenir verra donc un marché du travail organisé différemment et cela passera par une reconnaissance du potentiel des travailleurs âgés, qui n’est pas suffisamment effective pour le moment. Il faut une révolution à ce niveau-là et mettre plus de souplesse dans les fins de carrière, sans spécialement avoir une liste de métiers dits pénibles car oui, bien sûr, travailler sur des chantiers est pénible, mais y mettra-t-on, par exemple, le travail d’institutrice ? Car, selon moi, c’est un métier pénible également. En 2050, on n’aura jamais vécu aussi longtemps et j’espère que l’on verra ça comme une vraie chance, pour peu que l’on vive aussi en bonne santé, et que les seniors ne soient pas vus comme des poids économiques mais des participants à la vie des sociétés, des grands-parents qui gardent les enfants, des gens qui travaillent dans l’associatif. Il faudra aussi lutter pour la diminution des inégalités culturelles, économiques et de genre car on ne vieillit pas tous de la même manière, regardez juste les femmes âgées qui n’ont pas de carrière complète et se retrouvent dans une plus grande précarité financière que les hommes. »
SANTÉ ET SÉCURITÉ SOCIALE
Christian Léonard, économiste et docteur en sciences médicales, directeur général adjoint du Centre fédéral d’expertise en soins de santé (KCE)
La médecine du futur, comme la développe la Life Sciences Division de Google X, s’appuiera sans doute sur un suivi approfondi et continu des données des citoyens. Une avancée qui vient avec un enjeu éthique d’envergure.
» Un des aspects fondamentaux de l’avenir de nos soins de santé, c’est l’arrivée de la médecine personnalisée. Et il ne faudra pas attendre 2050 pour y être. De plus en plus utilisé, ce concept dit que, demain, on parviendra à trouver le traitement le mieux adapté à un patient donné plutôt que de donner le même médicament à un ensemble de personnes. On est déjà dedans avec l’association entre la filiale santé de Google et les firmes pharmaceutiques. Que va-t-on devoir accepter de livrer en termes de données et de métadonnées personnelles, quelle partie de notre vie privée devrons-nous céder ? Google prévoit des essais qui vont concerner des milliers de patients dont il détiendra les cartes génétiques et des informations sur leur style de vie. Ensuite, imaginez que l’on puisse déterminer notre profil en termes de pathologie, vous dire que dans autant d’années, vous aurez un cancer, ou un ulcère, alors qu’un d’autre, lui, vivra en bonne santé jusqu’à 80 ans. Vous allez donc coûter beaucoup d’argent en soins de santé et lui pas. Et cela peut représenter un risque massif. Actuellement, notre système ne tient pas compte de notre profil à tous les deux. Celui-ci repose sur un concept de hasard et d’incertitude : on se met ensemble et on paie selon nos revenus parce qu’on court les mêmes risques et on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Mais si demain on approche notre profil sanitaire de façon de plus en plus précise, si on élimine l’incertitude, il va y avoir une difficulté à se retrouver ensemble dans notre système de soins actuel. Qu’est-ce qu’on va mobiliser comme valeur pour continuer à être solidaire, à dire à quelqu’un : je t’accepte dans mon groupe, en sachant que notre avenir est différent, je vais payer pour toi, même si je n’ai pas besoin de toi ? Cette question qui se pose actuellement pour les demandeurs d’asile se posera assez vite pour quelqu’un qui est belge, qui est de notre propre rue, voire de notre propre famille. Vers quoi veut-on aller : une assurance santé privatisée qui va s’occuper de groupes de plus en plus restreints et aisés, ou la conservation d’un système public dans lequel tout le monde se retrouve en sachant que certains coûteront plus cher ? Enfin, le projet de Google X d’éliminer la finitude de l’existence est-il compatible avec la conception de l’être humain ? Qui pourra « profiter » de ce progrès et à quel prix ? »
AGRICULTURE
Lionel Delvaux, chargé de missions » ruralité » à Inter-Environnement Wallonie
Soixante exploitations agricoles familiales disparaissent chaque semaine en Belgique, tandis que les suicides se multiplient chez les agriculteurs. L’avenir agricole est incertain, avec deux logiques aux antipodes qui vont radicalement s’opposer.
» On assiste à une dualisation qui va s’accentuer entre des systèmes d’agriculture conventionnelle très ouverts sur les marchés mondiaux et des systèmes plus locaux, ancrés dans leur territoire, qui s’appuieront sur les liens avec les consommateurs. Ces derniers se remettent en question en prenant en compte les enjeux environnementaux tandis que l’autre système se retrouve dans une fuite en avant où l’innovation va être portée par la phytopharmacie et l’automatisation. Le scénario d’avenir souhaitable est celui d’une agriculture qui soit davantage orientée vers la filière nourricière à l’échelle locale et se base sur les principes de l’agro-écologie. La Belgique, avec ses fortes densités de population, est loin de pouvoir répondre aux besoins alimentaires de sa population. Le risque, si l’on se retrouve dans une agriculture libéralisée, serait que, par le biais du marché, notre agriculture s’éloigne de la production alimentaire en cas d’augmentation des prix de l’énergie et de la demande en énergie renouvelable comme c’est le cas dans certaines régions d’Allemagne. De l’autre côté, l’agro-écologie représente peut-être quelques pourcents de la consommation actuellement. Cela peut paraître marginal, mais il y a un fort dynamisme dans ce secteur tant au niveau citoyen que de la consommation. Toutefois, le système conventionnel a de telles inerties qu’on ne peut le changer facilement. C’est lié aux multiples » verrouillages » qui limitent la transition : il faut en effet adapter ses infrastructures et son matériel, maîtriser de nouvelles techniques, prendre des risques… De ce fait, on ne peut passer à un système agro-écologique du jour au lendemain. La place de l’agro-écologie atteindra peut-être 40 % ou 50 % de notre alimentation en 2050. Il n’y a toutefois actuellement pas d’impulsion politique pour promouvoir des systèmes agricoles de ce type, que ce soit au niveau européen ou régional. L’innovation arrivera notamment par les nouveaux entrants en agriculture. Et ce renouvellement sera probablement plus facile à l’avenir après la réforme du bail à ferme qui pourrait leur faciliter l’accès au foncier. »
CONSOMMATION
Alain Henry, expert au Bureau fédéral du Plan en développement durable.
Tant la consommation que la production devraient être » soutenables « , selon une étude prospective du Bureau du Plan, publiée au printemps dernier.
» Nous avons tenté d’imaginer, sur la base d’études de l’Organisation mondiale de la santé, de la FAO et du Conseil supérieur de la santé, l’alimentation de 2050, qui serait à la fois nourrissante, nutritive, saine et dont la production n’épuiserait pas les ressources de la planète. Cela va demander un certain nombre de changements dans nos comportements. Le menu à prévoir à l’avenir, c’est au moins 600 grammes de fruits et légumes par jour (plus du double de ce qui est consommé aujourd’hui), 600 grammes de céréales cuites (contre 439 grammes aujourd’hui), 75 grammes de viande, poisson ou légumineuses (contre le double aujourd’hui) ou encore, 5 grammes de sel (contre, une fois de plus, le double aujourd’hui). Les consommateurs pourraient amener ce changement, notamment en consacrant plus de temps à la préparation des aliments, en recréant du lien social autour de la cuisine. Les producteurs, autre scénario, pourraient faire bouger les choses en proposant des plats préparés mais avec des normes plus strictes quant à leur contenu. Des puces dans les frigos nous permettraient, grâce à un smartphone, de savoir quel plat choisir à tel moment de la journée pour manger de façon équilibrée. Une autre prospective, pour 2050, concerne le développement accru de l’économie circulaire, qui va au-delà du simple recyclage pour maximiser, dès la conception des produits, les possibilités de réparation, de réutilisation et de recyclage. Les matières premières seront moins mélangées dans les produits de consommation, afin de permettre cela. On voit déjà les prémices d’un tel mouvement qui pourrait s’intensifier avec des entreprises comme Tale Me (qui, sous forme d’abonnement, propose d’emprunter des vêtements pour enfants et de les rendre une fois que le bébé a grandi pour en avoir d’autres à sa nouvelle taille) ou bien Desso, qui propose de louer des moquettes, de les entretenir et puis de les recycler. »
MOBILITÉ
Bart Desmedt, expert indépendant en mobilité durable
La croissance démographique et les enjeux environnementaux nous poussent à remettre en jeu notre système actuel de mobilité.
» D’ici 2050, les gens n’auront pas perdu leur volonté de se déplacer pour leurs loisirs. Ces déplacements contribuent davantage aux effets nocifs de la voiture que ceux des déplacements fonctionnels pour le travail. Ceux-ci vont être réduits par une nouvelle culture du travail qui prônera le télétravail et les téléconférences. Une exception : le secteur industriel, qui demande la présence de main d’oeuvre sur place, mais on aura peut-être trouvé des solutions comme la fabrication à domicile. Le transport par voie d’eau aura été réinventé, en combinaison avec des systèmes portuaires intelligents et automatisés demandant peu de main d’oeuvre et donc moins de trafic routier. J’espère aussi que beaucoup moins de voitures rouleront encore au pétrole, même si, aux Etats-Unis, une étude montre qu’elles continueront à dominer le marché jusqu’à 2040 au moins. Il faudra dès lors un essor des investissements dans l’énergie renouvelable pour nourrir les batteries des voitures électriques. Quant à la voiture à hydrogène, les évolutions sont prometteuses et rapides, mais il faudra qu’un réseau de distribution soit mis en place. Pour éviter la congestion routière, certains planchent aussi sur l’utilisation d’hélicoptères légers individuels, et des études se multiplient partout sur la voiture autonome, qui naviguerait en recevant des données de l’infrastructure qu’elle utilise. La voiture individuelle aura, quoi qu’il arrive, un statut différent : dans les villes, pour assurer la qualité de vie, on aura réduit sa présence par la tarification et le réaménagement de l’espace public. Le train, lui, sera plus rapide et populaire, et pourra concurrencer les vols courte distance. En ville, les systèmes sur voie propre comme les métros, les sky trains et les trams seront privilégiés. Enfin, le transport aérien va encore augmenter, à mesure que les pays en voie de développement vont y participer. Avec tous les problèmes que cela posera en matière d’environnement. »
ÉCOLOGIE
Hugues Claessens, professeur en gestion et économie forestière (Gembloux)
La surface de nos forêts ne changera guère, mais le climat va bouleverser plus sérieusement sa composition.
» En Belgique, la surface forestière est figée par l’aménagement du territoire à environ 650 000 hectares (dont 550 000 en Wallonie). Elle ne fluctue que très peu, et cela devrait être encore le cas en 2050. Par rapport à sa physionomie, il ne faut pas non plus s’attendre à de grosses modifications dans les décennies à venir : les ressources en résineux (sapins, épicéas, etc.) diminueront un peu en Wallonie d’ici à 2050 mais aussi en Flandre, où la forêt a moins une visée de production qu’une vocation écologique et sociale. Au niveau des menaces, les législations assurent sa pérennité et tendent à en augmenter la valeur écologique, tout comme dans les pays voisins. En Europe, la surface forestière est à la hausse, à l’inverse de la situation mondiale (-5 millions d’hectares durant la dernière décennie). On remarque que, plus un pays est riche, moins il exploite intensivement ses forêts car elles gagnent en reconnaissance de leur valeur écologique et sociale. Les pays très pauvres utilisent leur forêt comme une source de devises. Je ne vois pas la situation changer dans les décennies à venir, si ce n’est un freinage progressif de la déforestation (-13 millions d’hectares lors des années 2000 contre -16 dans les années 1990) par la mise en place de processus comme la certification forestière, les fonds carbone, les législations nationales. Dans les forêts belges, par contre, le changement climatique sera un moteur de modifications importantes : le climat du XXIe siècle sera plus variable et moins humide en été. Un été comme celui qu’on vient d’avoir est éprouvant pour les arbres. Ces stress hydriques modifieront la composition de nos forêts, les arbres les plus sensibles et exposés disparaîtront au profit d’autres et l’homme s’en mêlera en choisissant des espèces plus résistantes, soit dans la flore indigène (bouleau, chêne sessile) soit en important des espèces (pins, cèdre, châtaignier). C’est déjà le cas avec le remplacement progressif de l’épicéa par le douglas et le bouleau. La communauté des forestiers est très concernée et réactive mais on ne change pas la composition des forêts d’un coup de cuillère à pot. »
Par Quentin Noirfalisse
» Elle sera 100 % verte »
» On ne peut pas parler d’une véritable explosion »
» On aura des journaux comme dans Harry Potter »
» Un tiers des travailleurs auront entre 50 et 65 ans »
» La médecine sera personnalisée, donc la solidarité sera menacée »
» Le sursaut viendra des initiatives citoyennes »
» On mangera plus de fruits et légumes, et l’économie sera plus circulaire »
» Les villes seront sans voitures »
» Les forêts seront transformées par le changement climatique »