Le choix d’un vin ne doit pas se faire à l’aveuglette… Décryptage, trucs et astuces pour ne pas se tromper au moment de l’achat, que ce soit chez le viticulteur, le caviste, sur Internet ou dans les grandes surfaces.
… au château ?
Pas de doute : acheter son vin chez le viticulteur constitue la formule qui procure le plus de plaisir. La découverte du vigneron, du terroir, des vignes et du chai permet d’identifier le vin bien plus intensément que la simple lecture de l’étiquette. Le sentiment de nouer une relation privilégiée avec le producteur ne doit cependant pas aveugler le visiteur.
Il est très important de prendre le temps de discuter avec le vigneron de la façon dont il travaille et de déguster, bref, de ne pas se laisser emporter par l’euphorie d’être sur place, sous peine de ne plus trouver les mêmes charmes et les mêmes qualités aux vins, une fois rentré chez soi. De même, bien mesurer le prix du vin est essentiel, que vous l’emportiez immédiatement ou qu’il vous soit livré à domicile. Une bonne question à poser : à partir de quelle quantité le port est-il gratuit ? Enfin, les prix chez les viticulteurs sont bien souvent plus intéressants que dans le commerce, puisque l’acheteur évite de payer des marges aux distributeurs. Certains vignerons alignent toutefois leurs tarifs sur ceux des cavistes avec lesquels ils travaillent, afin de ne pas leur faire une concurrence excessive.
… chez le caviste ?
Véritable trait d’union entre le vigneron et le consommateur, le bon caviste est celui qui connaît le vignoble, le viticulteur et les vins dont il vante les mérites. Bien plus qu’un simple marchand de vins, il doit, et c’est bien là sa valeur ajoutée par rapport à la grande distribution, conseiller, instaurer une relation de confiance avec sa clientèle, se renouveler, être curieux, partager ses découvertes et, pourquoi pas, inviter des vignerons dans sa boutique… A vous d’être audacieux, de ne pas rester attaché à un vin particulier et de donner au caviste les indices utiles – budget, plat à accompagner – pour qu’il guide vos choix. N’hésitez pas à lui poser quelques questions précises sur le vin pour vérifier ses compétences sur les cépages, le mode de culture, l’élevage, le processus de vinification… Il convient de lui faire confiance sans pour autant se laisser imposer des vins. Enfin, au-delà des qualités du professionnel, il est conseillé de comparer les prix qu’il propose avec ceux de ses concurrents en choisissant un millésime précis. Les tarifs varient peu sur les vins de bas ou de milieu de gamme. Mais on a déjà observé des différences de 100 euros sur des eaux-de-vie de grande qualité !
… en grande distribution ?
En temps normal, et en l’absence de conseils devant des linéaires immenses, c’est mission impossible ! Au contraire des produits frais dont on peut jauger la mine, rien, sur une bouteille ou sur une étiquette, ne constitue, à coup sûr, une preuve de qualité, malgré les mentions obligatoires ou facultatives comme l’appellation, le millésime, les cépages… Parfois, le vin sera agrémenté d’un commentaire de tel ou tel guide spécialisé, mais cela reste rare.
D’un point de vue pratique, évitez d’acheter une bouteille directement exposée à la lumière des néons. En effet, c’est une cause possible d’altération du vin.
Heureusement, il y a les foires aux vins (voir l’encadré). Période faste pour la grande distribution – le groupe Carrefour réalise 12 % du chiffre d’affaires de son rayon vin durant ces quelques semaines -, elles constituent, pour le client, une occasion de réaliser de bonnes affaires, notamment sur le bordeaux, toujours hégémonique. Les conseils des sommeliers, parfois présents dans les magasins à cette période, sont précieux. Et les catalogues édités livrent davantage d’informations sur les vins et leurs notes obtenues dans les guides.
Attention toutefois : dans les foires, on trouve de tout. L’idéal est de préparer son plan de bataille pour ne pas acheter n’importe quoi, de s’armer d’un guide spécialisé, et de s’y rendre dès les premiers jours ou d’essayer de se faire inviter aux soirées d’inauguration. Car, contrairement à ce qui est proclamé par la grande distribution, les volumes de vin disponibles ne suffisent pas toujours à satisfaire la demande sur toute la durée de l’événement. De même, il n’est pas idiot de comparer les prix pratiqués dans les foires aux vins avec ceux qui s’affichent sur les sites Internet par exemple… Les différences ne sont pas toujours frappantes.
… aux enchères ?
Prudence… Si des trésors sont parfois mis en vente, de nombreuses précautions doivent présider à l’achat de bonnes bouteilles de vin aux enchères. Le problème principal réside dans le fait que le client ne connaît pas, en général, les conditions antérieures de conservation des vins, qu’ils proviennent de la cessation d’activité d’un restaurant, d’une société de négoce, d’une cave, d’une succession, d’un héritage ou d’une démarche purement spéculative de la part du vendeur. Pour limiter les risques de mauvaises affaires – et il y en a ! -, il convient d’abord de s’informer sérieusement (auprès d’experts, dans des ouvrages spécialisés et dans le catalogue de vente) sur la cote des vins proposés par rapport à leur appellation et à leur millésime. Ensuite, l’exposition des bouteilles avant la vente étant obligatoire, il faut absolument s’attarder sur leur état de conservation. Le niveau du vin dans la bouteille, facile à observer, l’état du bouchon ou la brillance de la robe constituent quelques indices précieux. Se précipiter demeure donc le principal danger lors des ventes aux enchères, qui restent une affaire de spécialistes ou d’amateurs très avertis.
… sur Internet ?
Une multitude de sites proposent leur sélection aux amateurs de vin. Au-delà des conseils qui prévalent pour toute opération sur Internet (paiement sécurisé, conditions générales de vente à détailler), l’achat doit être empreint de mille précautions. Le client se méfiera des sites généralistes, peu experts, des sites d’achat d’occasion ou encore des sites d’enchères tous azimuts qui ne garantissent en rien la qualité des bouteilles, ni la pertinence des prix. Il est donc préférable de visiter des sites spécialisés. Parmi eux, www.idealwine.com, www.bordeauxwineweb.com, www.1855.com ou encore www.fine-wine-world.com. Mais, là aussi, il faut au préalable défricher les différentes possibilités.
La crédibilité d’un site peut notamment être évaluée en jaugeant la réputation de l’expert » maison « . Jean-Michel Deluc, par exemple, le sommelier du site web ChateauOnline, jouit d’une réputation internationale. Après tout, c’est l’ancien sommelier en chef du Ritz, à Paris ! En observant la qualité et la richesse du contenu par la sélection ou les conseils qu’il propose – voir à ce propos le très riche catalogue du site Wineandco -. En comparant les prix avec ceux d’autres sites, voire avec ceux de cavistes ou même de la grande distribution.
Enfin, parmi les sites spécialistes du vin, il faut impérativement distinguer ceux qui ont été créés par de véritables professionnels, les maisons de négoce notamment, et les autres. En général, les premiers bénéficient de possibilités de stockage bien supérieures aux seconds. Le meilleur moyen de s’en rendre compte consiste, d’une part, à essayer de savoir qui est à la tête de ces sites, en cliquant sur la rubrique » Qui sommes-nous ? » ; d’autre part, à observer les délais de livraison annoncés : deux ou trois jours pour les premiers, parfois quinze jours à trois semaines pour les autres. Et le client n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise, c’est-à-dire de vins qui ne lui seront jamais livrés puisqu’ils n’étaient pas encore achetés par le site au moment de la commande !
… en primeur ?
L’achat en primeur consiste à acquérir des bouteilles au printemps suivant la vendange, alors que le vin est encore en cours d’élevage. Les amateurs de ce type d’achat bénéficient de prix attractifs (25 à 30 % moins élevés). Mais comment procéder ? Il est conseillé de s’intéresser aux grands châteaux et aux millésimes très prometteurs, les valeurs sûres, dont on est à peu près certain que les vins se valoriseront par la suite, et de lire les notes de dégustations. Et où peut-on acheter en primeur ? Par exemple sur les sites www.chateaupri meur.com, www.millesima.com, www.colruyt.be , ou www.chateauonline.com. Ceux-ci sont souvent bien placés en termes de prix et très sérieux quant aux délais de livraison. Dernière précaution à prendre, enfin : il faut avoir la possibilité de laisser vieillir les vins dans de bonnes conditions, pendant dix ans, voire plus.
… dans les salons spécialisés ?
Cette formule a le grand avantage de permettre au client de rencontrer le viticulteur, de goûter le vin avant de l’acheter et de bénéficier de tarifs souvent moins élevés que dans le commerce. L’inconvénient ? La difficulté de choisir parmi tous les domaines représentés. D’où l’importance de se procurer, à l’avance, la liste des exposants, et de préparer son salon à l’aide de revues et de guides spécialisés.
à via les clubs de vin ?
Avec ce système de vente par correspondance, le client est assuré de recevoir régulièrement des catalogues détaillés et les offres spéciales. Il est également livré à domicile et peut refuser une marchandise si elle ne convient pas. En revanche, il lui est impossible, avec cette formule, de goûter les vins avant de les acheter et les prix sont plutôt élevés, en général. Un conseil : privilégiez absolument les clubs de bonne notoriété, comme le Savour Club (www.lesavourclub.be) pour éviter toute déception sur les produits ou sur les conditions de vente et les livraisons. l
Pierrick Jégu