Petite ville qui récuse sont statut de cité-dortoir, Nivelles multiplie les initiatives pour stimuler l’activité économique sur son territoire, notamment dans plusieurs parcs d’activités. Mais les plus belles aventures sont celles qui naissent dans l’esprit d’entrepreneurs atypiques, aux idées novatrices. En voici qui font parler d’eux dans la cité des Aclots.
Ronquières Festival Un festival accessible aux familles
Quatre copains fans de musique organisaient des concerts à Binche, leur ville d’origine. Un jour de 2012, ils ont eu envie de passer à l’échelon supérieur : créer leur propre festival. Ainsi est né le Ronquières Festival, aux portes de Nivelles. » On a tout de suite pensé à la région du centre, là où il y avait un vrai besoin, développe Jean-François Guillin, l’un des fondateurs. On voulait avant tout attirer des familles avec enfants et des jeunes qui puissent suivre le projet année après année, tout en proposant une programmation actuelle. » Avec 1,5 million d’euros de budget, le festival est géré de manière professionnelle et ne reçoit presque aucun subside (3 %). Et, avec les années, le succès ne se dément pas. » Nous avons commencé en 2012 avec 12 000 festivaliers. Cet été, nous étions trois fois plus. Le site y est sans doute pour beaucoup car le plan incliné de Ronquières, c’est déjà tout un décor. La formule des deux scènes permet aussi de voir tous les concerts et de ne pas repartir frustré chez soi, ce qui selon moi est un vrai plus. Enfin, nous mettons un point d’honneur à conserver l’ambiance familiale et conviviale de l’événement à laquelle nos habitués sont très attachés. » A. D.
Classes du rock Ça chauffe sur le dance floor
Nées en janvier 2008, les Classes du rock se sont donné pour but d’initier tout un chacun aux joies des musiques pop-rock actuelles, mais aussi plus anciennes, et ce sans passer par la case solfège. » L’idée nous est venue en voyant ce qui se faisait déjà dans d’autres villes, explique Jean-Michel Veneziano, responsable pédagogique de l’antenne de Nivelles, tout en y apportant notre touche personnelle. » Excellent complément aux académies, les Classes du rock sont devenues incontournables dans la région nivelloise, au point que le concept a été exporté à Mons, Charleroi, Louvain-la-Neuve et Schaerbeek.
» Beaucoup de gens cherchent à réaliser un apprentissage rapide en guitare, batterie, chant etc., poursuit celui dont l’antenne prend ses quartiers au sein de l’Ipam (Institut provincial des arts et métiers). Notre particularité et nouveauté, cette année, c’est le « Bands coaching », un accompagnement de jeunes groupes de musique, que ce soit à un niveau amateur ou professionnel. » Un cours de chant en anglais a également vu le jour au mois de septembre. » Nous essayons de nous renouveler sans cesse pour que ne s’installe pas une lassitude chez nos adhérents. Notre point fort par rapport à d’autres écoles, c’est que nos profs sont tous des musiciens professionnels. »
Véritable coup de pouce pour certains groupes (notamment le guitariste de Fantøme), les Classes du rock organisent régulièrement des jam sessions, concerts de fin d’année et open classes pour permettre aux élèves de tester les sensations d’un vrai live. Et le succès est chaque fois au rendez-vous. Preuve que le rock n’est pas mort ! A. D.
Fox & cie Des jouets faits pour durer
C’est l’histoire d’un trio de papas, amis et entrepreneurs qui avaient envie de révolutionner l’univers du jouet. Reprenant les initiales de leurs trois prénoms (Frédéric, Olivier et Xavier), Fox & cie a vu le jour en 2014 avec une première boutique située place Emile de Lalieux. Au coeur du projet : l’envie de mettre en avant des produits de qualité, mais aussi toute une série de valeurs. » Le nom Fox est là pour montrer que le jouet fait partie de notre ADN et la particule » & cie » pour rappeler le partenariat qui nous unit à nos équipes, nos familles, nos fournisseurs et nos clients « , indique Olivier Fieuw, ancien gérant du magasin de jouets Le Zèbre à pois.
S’adressant aux joueurs âgés… de 0 à 99 ans, les articles de l’enseigne vont du jeu de société au set de bricolage, en passant par les poupées, les livres et les jouets en bois. Classique ? » Nos jouets sont créatifs et conçus pour durer toute la vie. Notre volonté est que notre réseau de petites boutiques (9 au total à ce jour) puisse résister face à de grandes chaînes de magasins qui vendent des masses de jouets en plastique, parfois violents. Un autre de nos atouts : le service client convivial et personnalisé. Chaque visite dans nos boutiques se veut une expérience originale et d’émerveillement pour les petits comme les grands. » Avec l’objectif d’avoir un réseau de 20 boutiques en 2020, Fox est bien parti pour remporter son pari : un douzième magasin est actuellement en construction à Charleroi. A. D.
Jo-a Design en série mais artisanal
Nivelles compte en ses rangs des designers à succès, de renommée internationale. Sébastien Boucquey, Dimitri Verboomen et Olivier Doré ont créé Jo-a il y a quatre ans. Le trio est spécialisé dans la création de mobiliers et escaliers sur mesure, maniant des matériaux nobles tels que le bois massif et l’acier. Forts de ce succès, ils ont ouvert il y a peu une boutique à Uccle, ce qui leur permet d’avoir une nouvelle visibilité, le siège administratif restant à Nivelles. » Notre spécificité est de créer des meubles uniques avec un outil industriel, précise Dimitri Verboomen, qui a créé Jo-a avec son beau-frère Sébastien, designer industriel, alors qu’Olivier, ingénieur bois, les a rejoints par après. L’idée de Jo-a est de s’adresser directement au client final, mais en continuant à utiliser l’outil industriel, de plus en plus flexible. Les meubles sont réalisés sur mesure, donc en nombre ultralimité, avec les facilités qu’offrent les machines. Le produit dessiné est envoyé à l’usine où il est découpé. Notre force est de proposer des meubles uniques à des prix de meubles en série. En tout cas, la combinaison de matériaux nobles séduit, permet une grande liberté de formes et de créer des meubles plus organiques. » Jo-a met donc en avant une nouvelle forme d’artisanat qui séduit tant à Paris qu’à Milan. » L’artisanat apporte au design la connaissance fine de la matière, poursuit Dimitri Verboomen. On y mélange les lignes légères et la complexité du travail. Il y a de la concurrence mais nous arrivons à nous démarquer. » X. A.
Ferme du chapitre Quand brabançon rime avec vigneron
C’est l’histoire d’une belle reconversion familiale. La Ferme du chapitre, à Baulers, a allégé le poids de l’agriculture traditionnelle dans ses activités pour ouvrir cinq gîtes au début des années 2000. » Notre ferme était énorme, je trouvais intéressant de diversifier nos activités et de mettre en valeur notre patrimoine « , précise Annie Demarbais. Sous la pression familiale de leurs trois enfants, les époux Etienne Hautier et Annie Demarbais ont poursuivi dans la diversification en plantant sur une soixantaine d’hectares, près de 22 500 pieds de vignes en cépages » interspécifiques « . » Les terres ne sont pas extensibles, fait remarquer Annie Demarbais. Il faut donc élargir son champ d’actions. Mes trois enfants étaient désireux de diversifier nos activités. On leur a emboîté le pas. »
La famille professionnalise son activité au fil des ans, se dotant dans un premier temps de cuves en inox puis d’une embouteilleuse-bouchonneuse. » Nos vignes couvrent à présent 8,5 hectares et notre objectif est de produire entre 40 000 et 50 000 bouteilles de vin tous les ans. Nous poursuivons des activités céréalières. Mais l’essentiel de notre temps est aujourd’hui consacré aux vignes. C’est une belle aventure familiale. Chaque enfant est maintenant impliqué, dont un qui étudie actuellement la question à Bordeaux. » X. A.
Easi Mettre de l’ordre dans ses e-mails
Son histoire ressemble à une belle success story. Salvatore Curaba (53 ans), ancien joueur du Sporting de Charleroi, change de trajectoire peu avant la trentaine et crée Easi, une société de développement de logiciels comptables. Le petit dernier, un gestionnaire d’e-mails baptisé InboxZero, facilite la gestion des messages électroniques, trie les courriels en fonction de leur provenance, particuliers ou entreprises, et allège également ses contenus. » Dès le début, en 1999, notre société de sous-traitance informatique a engrangé des bénéfices qui lui ont permis de développer notre propre logiciel de comptabilité pour entreprises de taille moyenne « , expliquait il y a peu Salvatore Curaba.
Cette société, qui emploie aujourd’hui 140 personnes dans le parc d’activités des portes de l’Europe à Nivelles, est plutôt atypique. On salue son management comme son ambiance de travail. Salvatore Curaba a ainsi reçu, en 2014, le prix du Manager de l’année décerné par nos confrères de Trends-Tendances. Parmi les actions qui sortent du lot, on retiendra qu’Easi ne recrute aucun manager de l’extérieur et qu’il stimule l’actionnariat salarié. Deux éléments qui permettent aux salariés de développer leur plan de carrière et de s’investir davantage dans le développement de la société. On retrouve aujourd’hui une quarantaine d’employés actionnaires, de quoi renforcer encore les liens et la productivité. Cette évolution de l’actionnariat n’inquiète cependant pas Salvatore Curaba, conscient qu’il deviendra à terme… un actionnaire minoritaire. X. A.
Pyke Protéger les yeux de nos petits
La jeune start-up Pyke (Protect your kids’ eyes) a lancé, en mars dernier, la première production industrielle de son produit novateur : des lunettes de soleil » full protection » pour les enfants de 3 mois à 3 ans, à la fois de qualité et design. Près de 3 000 unités ont déjà été produites, et 700 modèles ont trouvé preneur. Après avoir attaqué le marché par le biais des ophtalmologues et des opticiens, Pyke passe à la vitesse supérieure en matière de distribution. » Il y a un réel intérêt pour ce type de produit, explique la CEO Isabelle Van Steenkiste (32 ans), qui a fait breveter son produit. Les parents sont de plus en plus conscientisés à l’idée de protéger leurs enfants des rayons du soleil. Les lunettes qui sont sur le marché ne sont pas souvent satisfaisantes. Aucun rayon UV ne passe, nos verres sont ultrarésistants et certifiés antigriffe. »
La commercialisation se concentre actuellement sur le marché belge et européen. » Nous allons être distribués d’ici peu dans des magasins pour bébé dans toute l’Europe. Des négociations sont en cours pour être présents sur le marché du Commonwealth et en France. » Pour 49 euros, les lunettes sont disponibles en 8 couleurs et certaines montures sentent la vanille ou la fraise. Ajoutons que Pyke a signé un partenariat avec le groupe allemand Zeiss, qui lui fournit les verres, et un autre avec Amazon pour la livraison des produits en Europe et l’e-commerce. Un nouveau palier devrait être franchi d’ici la fin de l’année : une levée de fonds est attendue pour passer à la vitesse supérieure. X. A.
Smile Focus Un clic pour changer des vies
Lancé en juin, le projet SmileFocus est né du constat suivant : plusieurs centaines de millions d’euros sont dépensés chaque jour pour faire de la publicité sur Internet. Pourquoi ne pas utiliser une infime partie de ce budget pour l’injecter dans des projets humanitaires, axés sur l’éducation ou pour faciliter l’accès à l’eau potable ? Cette réflexion est née dans l’esprit de Gaetan Van Ooteghem, un ingénieur de gestion nivellois fraîchement diplômé. Par l’intermédiaire de SmileFocus, ce jeune entrepreneur de 23 ans propose aux internautes de contribuer au financement de projets humanitaires sans débourser un centime, sans même changer leurs habitudes.
Le modus operandi est simple : lorsqu’un utilisateur accepte d’installer l’extension et qu’il ouvre un nouvel onglet, SmileFocus remplace la page d’accueil par une page sur laquelle se trouve un contenu sponsorisé (offre promotionnelle, article de presse, bannière publicitaire…). Le revenu engendré par ce contenu sert à financer des projets humanitaires. Parmi les projets en cours de financement et pour lesquels SmileFocus s’engage à reverser au moins 70 % de ses recettes, on trouve notamment le HCR, l’agence de l’ONU pour les réfugiés. Véritable intermédiaire de confiance, SmileFocus permet aux adeptes de la procrastination, comme à ceux qui n’en ont pas les moyens, de participer de manière très simple à de nobles causes. Plus la communauté de sympathisants sera nombreuse, plus SmileFocus pourra négocier de bons prix pour la vente de ses espaces publicitaires et du coup changer plus de vies de manière durable. Ou comment joindre l’utile au business quand on est un jeune diplômé. A. D.
Lambda-X A la conquête de l’espace
Lambda-X est spécialisée dans la conception, le développement et la réalisation d’instruments optiques pour les applications spatiales, industrielles et militaires. Elle a récemment fait une percée dans les médias puisqu’elle a conçu l’un des trois instruments composant le module belge Nomad, en route depuis peu pour explorer l’atmosphère de Mars. Créée en 1996, Lambda-X est une spin-off du laboratoire de microgravité de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Son actionnaire le plus important est aujourd’hui le groupe industriel Verhaert (Kruibeke).
Après avoir démarré ses activités spatiales dans le domaine de la consultance auprès de l’Agence spatiale européenne, elle s’est lancée dans la gestion de projets de recherche et la fabrication de prototypes. L’entreprise, qui compte 32 personnes, est aujourd’hui un partenaire reconnu au sein de l’industrie aérospatiale européenne. On lui doit la création de plus de trente systèmes optiques de haute technologie pour des satellites, fusées-sondes et la station spatiale internationale. Les perspectives s’annoncent en tout cas prometteuses. Notamment dans la fabrication de matériel de contrôle de qualité tels que des instruments, fabriqués en série, permettant de mesurer la performance optique complète de verres correcteurs, lentilles de contact et lentilles intraoculaires. X. A.
UN DOSSIER DE XAVIER ATTOUT, ANNABELLE DUAUT ET MARIE-EVE REBTS, COORDONNÉ PAR PHILIPPE BERKENBAUM