Ça sent le sapin

Vous vous apprêtez à célébrer dignement Noël et l’an neuf au bureau, avec vos collègues ? Si c’est le cas, je me dois de crier  » Halte- là !  » Parce que vous courez des risques énormes et vous ne le savez même pas.

Heureusement, la RoSPA est là pour vous venir en aide. Cette association, dont le sigle folichon cache la Société Royale (britannique) pour la Prévention des Accidents, a publié récemment une petite brochure sur les dangers des fêtes au bureau.

Pour commencer, évitez de danser sur les bureaux. Car, comme le précisent nos nouveaux amis d’outre-Manche,  » une telle activité pourrait nuire à ces meubles et à vous également. De même, la table du conseil d’administration est faite pour accueillir des documents, pas pour supporter des cadres en surcharge pondérale « .

Autre source de risque à laquelle on ne pense pas forcément :  » Evitez de trop fumer. Les détecteurs de fumée sont très sensibles et même le plus joyeux des pompiers ne sera pas vraiment d’humeur festive s’il doit se déplacer pour éteindre votre cigarette.  » Bien entendu, vous aurez pris soin d’utiliser une échelle pour installer les décorations de Noël, et pas une chaise à roulettes  » qui risquerait de vous envoyer tournoyer dans les bureaux « .

Et c’est tout ? Pas exactement. Car la Société Royale pour la Prévention des Accidents aimerait encore vous mettre en garde contre un dernier danger, encore trop sous-estimé :  » Résistez à la tentation de photocopier certaines parties de votre anatomie. Si la vitre de la photocopieuse cède, vous serez condamné(e) à passer les fêtes avec des éclats de verre dans des endroits particulièrement pénibles.  »

Et c’est là qu’on se rend compte que les employés de bureau sont les derniers bons vivants de notre époque morose. Imaginez la scène : pendant que cinq cadres supérieurs dansent sur les tables, une secrétaire vous frôle avec sa chaise à roulettes lancée à toute allure, suivie par une guirlande lumineuse qui lui donne un air d’étoile filante. Un peu plus loin, le responsable du département informatique fait un concours avec son collègue du service Expéditions pour savoir qui déclenchera le plus rapidement le détecteur de fumée en y soufflant la fumée des cigares du patron. Puis la secrétaire sur sa chaise à roulettes s’arrête net, parce qu’elle vient de voir arriver le réparateur de la photocopieuse, celui qui est presque aussi bien que le livreur de Coca Light de la pub. Et si le réparateur est venu, c’est parce qu’il doit tirer d’embarras le responsable du département VPC qui s’est assis sur la vitre de la photocopieuse alors que la RoSPA avait bien dit de ne pas le faire et on n’est pas sûr que ça entrera vraiment dans la catégorie  » accidents du travail « .

Bref, si l’un ou l’autre ministre de chez nous veut convaincre les chômeurs de chercher plus activement du travail, nul besoin de les menacer des foudres de l’exclusion. Il suffit juste de leur faire remarquer que ce n’est pas dans les files de l’Orbem/Forem/VDAB qu’on s’amuse autant.

Annette Olivier, institutrice à Forest

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