Banksys fait son tour de France

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Ils étaient cinq au départ. Un seul a franchi la ligne d’arrivée : c’est finalement la société française de services informatiques Atos Origin, via sa filiale Atos Worldline, qui a emporté le (double) morceau en achetant les sociétés Banksys et Bank Card Company. La première gère le réseau de paiement électronique Bancontact/Mister Cash tandis que la seconde est spécialisée dans les paiements par carte Visa, MasterCard et Maestro.

Le montant de l’opération, versé en cash par Atos Worldline, reste officiellement un mystère. Certaines sources citées dans la presse évoquent toutefois un montant compris entre 300 et 400 millions d’euros.

Ce rapprochement ne constitue pas une surprise. Banksys, dont les actionnaires majoritaires étaient les banques Dexia (22,4 %), Fortis (33,2 %), ING (15,6 %) et KBC (19,7 %), était depuis plusieurs mois à la recherche d’un repreneur. C’est que la Commission européenne ne lui avait guère laissé le choix depuis qu’elle avait décidé d’instaurer une zone unique de paiement sur tout le Vieux Continent. En 2010, au plus tard, les consommateurs européens devront être en mesure de payer de la même manière dans toute la zone euro, que ce soit par carte de débit ou par carte de crédit. Dès lors que cet ultimatum était posé, le réseau Bancontact/Mister Cash, trop faible pour imposer son propre système aux pays voisins, était condamné.

De l’autre côté de la frontière, Atos Origin, elle, était surtout soucieuse de prendre les devants en se renforçant par des acquisitions. Banksys et BCC figurent parmi les premières mais elles ne seront pas les seules. D’autant que l’on compte environ 80 sociétés similaires dans tout l’espace européen. La direction d’Atos Origin n’en fait d’ailleurs pas mystère. Le nouvel ensemble franco-belge disposera certes d’un chiffre d’affaires cumulé de 650 millions d’euros, mais Atos Origin compte bien franchir assez rapidement la barre du milliard d’euros.

Tarification sous pression

Cette fusion, qui débouchera sur d’intéressantes synergies, permettra aussi de  » maintenir la tarification des opérations sous pression « , explique Bernard Bourigeaud, le patron de la société française. La nouvelle réjouira certainement Dexia, Fortis, ING et KBC, qui se sont engagées à rester clientes du nouvel ensemble durant cinq ans. Le rapprochement franco-belge ne devrait pas avoir de conséquences sur l’effectif belge des deux entreprises, fort de 1 100 salariés.

Créée en 1989 lors de la fusion des réseaux Bancontact et Mister Cash, Banksys gère actuellement les transactions effectuées au départ de quelque 120 000 terminaux Banksys et de 55 000 terminaux BCC. Elle compte également à son actif le lancement de la carte Proton, le porte-monnaie électronique.

Le nom et le logo de Banksys pourraient être engloutis dans l’aventure. Il est vrai que le petit poisson orange et bleu, le logo d’Atos, est plutôt sympathique… C’est aussi ce que pensaient les candidats évincés, les américains First Data et Global Payments, le néerlandais Interpay et l’italien SBB.

Laurence van Ruymbeke

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