Après plusieurs années de tâtonnements, le n°1 mondial de la vente de logiciel sort enfin son propre moteur de recherche
En 1997, faute de ne pas avoir vu arriver la vague Internet, c’est un peu à la bourre que Microsoft lance son projet initial de moteur de recherche. A l’époque, la technologie du moteur est sous-traitée à la société Inktomi, qui travaille également pour Yahoo !, HotBot ou encore Nomade. Ensuite, plus rien. Les équipes de Bill Gates se concentrent sur MSN û le portail du groupe û et ses nombreux outils (messagerie, compte e-mail, etc.) afin de mettre en place un environnement susceptible de rassembler la plus grande communauté d’utilisateurs du Net. La chose étant faite, Microsoft a repris son moteur en main.
Le 11 novembre dernier, la société a donc lancé la version bêta de son nouveau MSN Search (http://beta. search.msn.fr). Comme la plupart des moteurs actuels, le nouveau venu utilise une technologie maison à base algorithmique. Coût de l’investissement : 100 millions de dollars. Les moyens engagés par Microsoft sont à la hauteur de ses ambitions. » Nous allons redéfinir la recherche sur Internet, se réjouit Grégory Salinger, directeur de MSN France. Et devenir le moteur de nouvelle génération. La première génération a été celle d’AltaVista, la deuxième celle de Yahoo !. Puis est venu Google. La prochaine génération sera celle de MSN. »
Pour cela, Microsoft compte améliorer la pertinence des recherches en balayant plus de 5 milliards d’URL. Il sera également possible de limiter les requêtes aux seuls sites d’informations, aux pages d’un dictionnaire et à l’encyclopédie Encarta, ou encore aux sites des commerçants en ligne. Question forme, MSN Search présente un visage épuré qui n’est pas sans rappeler celui de Google. A terme, le moteur de recherche devrait également intégrer des outils de personnalisation et d’ » historisation » des requêtes.
En lançant MSN Search, Microsoft veut profiter û comme le fait déjà Google û de la source de revenus produits par la publicité liée directement à la recherche des utilisateurs. Un marché en forte croissance, puisque l’interrogation des moteurs de recherche est devenue la deuxième activité sur le Net après la messagerie. Mais, surtout, Microsoft ne peut pas rester absent du marché des moteurs.
Après la guerre des navigateurs commence donc la guerre des moteurs de recherche. Une guerre qui a déjà débuté à coups de chiffres. Lors de la présentation à la presse, Microsoft était fier d’annoncer que son moteur indexait 5 milliards d’adresses contre 4,3 milliards pour Google. Quelques heures plus tard, Google contre-attaquait en annonçant 8 milliards de pages indexées… Escarmouche également au sujet de l’actualisation. MSN Search veut actualiser son moteur tous les deux jours, alors que la mise à jour est généralement hebdomadaire chez les concurrents.
Pour se départager et satisfaire des utilisateurs de plus en plus exigeants, ces outils devront encore aller plus loin dans l’offre de services. Google a ainsi décidé de lancer un » Desktop Search » qui permet de localiser rapidement des fichiers, non plus sur le Net, mais sur le disque dur d’un ordinateur. Microsoft lui a rapidement emboîté le pas avec son » MSN Toolbar Suite « , qui est capable, à l’aide d’un mot-clé, de dénicher n’importe quel document (même les PDF) sur le disque local. Du coup, Google a surenchéri en proposant d’indexer les ouvrages des plus grandes bibliothèques du globe, ce qui devrait représenter la numérisation de plusieurs millions de livres et de documents.
En plus d’une nouvelle alternative dans la recherche sur le Réseau, l’effervescence de ces dernières semaines montre que MSN joue également un rôle de catalyseur qui pourrait déboucher sur des améliorations et des innovations des systèmes concurrents. Malheureusement, on peut craindre que ces évolutions s’effectuent au détriment de moteurs moins connus, comme Accoona (www.accoona.com) ou Blinkx (www.blinkx.com), un outil spécialisé dans la recherche de vidéos.
Catherine Vanesse, avec Vincent Genot