Antica Namur nous invite à table

Ce samedi 8 novembre, la célèbre foire namuroise ouvrira ses portes, auréolée d’un thème gourmand, sympa et dans l’air du temps : la gastronomie. Sans attendre, découvrez quelques-uns de ses temps forts.

Voilà trente-sept ans qu’Antica Namur séduit les amoureux des antiquités, des objets d’art, des bijoux, des curiosités et autres petites merveilles de charme. Et ne manifeste aucune trace d’usure ! Que du contraire.  » Le Salon est complet depuis début juillet ce qui, aujourd’hui, n’est pas fréquent, se réjouit Luc Darte, exhibition manager. Il y a une grande confiance. La réputation de Namur ne cesse de croître, en Belgique et dans les pays voisins. Le Salon s’internationalise. Sur 120 exposants, nous accueillons 30 galeries et marchands français, soit 10 de plus par rapport à 2013. La touche « exotique » sera apportée par un Allemand qui proposera l’art de l’icône, un Espagnol, marchand de tableaux modernes et d’objets design, et un Néerlandais, grand spécialiste de curiosités. Les antiquités se taillent toujours la part du lion. Mais le « moderne », autrement dit l’art contemporain et le design, poursuit sa percée et représente cette année de 10 à 15 % de l’ensemble.  »

Antica Namur a réussi à traverser le temps sur l’échiquier européen du commerce des antiquités et de l’art. Que demande-t-on, en effet, à une manifestation de ce genre ? Tout. Millionnaire ou étudiant, chacun voudrait y dénicher quelque chose de séduisant. Le pari est relevé. Amateur de petits bibelots, amoureux d’objets insolites ou collectionneur d’oeuvres d’art prestigieuses, tous trouvent ici leur bonheur.

Antica Namur se veut aussi un lieu de culture, de partage et de rencontre.  » A Namur, les gens aiment regarder, toucher, apprécier les objets, s’informer et s’instruire, poursuit Luc Darte. Le Salon, ce n’est pas uniquement le business, c’est aussi un échange. Nous souhaitons développer davantage cette notion de partage et la mettre en avant, en organisant des conférences gratuites. L’an passé, nous avons commencé timidement, avec une seule conférence. En 2014, il y en aura trois : une purement financière, sur la transmission, et deux orientées vers le thème de la foire, la gastronomie : « De la cuisine à la table » et « Fleurs et fruits en joaillerie ».  »

L’offre des 120 galeries et marchands sera complétée par deux innovations qui s’inscrivent dans cette volonté d’ouverture. Un partenariat avec la Ville de Namur a permis l’installation d’un espace de 60 m² où plusieurs musées namurois concevront des vitrines garnies d’oeuvres en lien avec le thème de la foire. Une opportunité originale de (re)découvrir les prestigieuses collections d’art publiques. Et puis, pour la première fois, le Salon aura son invité d’honneur, Gérald Watelet, décorateur et animateur de l’émission Un gars, un chef sur la RTBF. Dans un exercice de style jubilatoire, il décorera sur place une cuisine qui sera le reflet de sa philosophie, à savoir une mixité, un mélange et un croisement d’objets de toutes les époques, de toutes les provenances et de tous les styles. Le but ? Montrer au public qu’il est possible de faire  » autre chose  » en décoration et d’exprimer sa vraie personnalité sans copier les tendances du moment.

Zoom sur l’art de la table

Pour Benoît (le père) et Sébastien (le fils) Tercelin de Joigny, le thème de la foire tombe à pic et est une véritable aubaine. Installés à Mons depuis 1978, les antiquaires affectionnent en effet particulièrement l’art de la table : la porcelaine, la verrerie et l’argenterie de toute belle qualité.  » Nous sommes spécialisés dans la porcelaine de Tournai. Notre clientèle recherche tous les décors, les grands classiques « bleus », comme les guirlandes, la « ronda », « à la mouche » ou « à la chenille » que tous les décors polychromes : fleurs, oiseaux et fruits. L’autre cheval de bataille ? La porcelaine polychrome de Chine, importée de Chine par la Compagnie des Indes au XIXe siècle. Dans le domaine de la verrerie, nous nous focalisons sur le cristal du Val-Saint- Lambert et sur celui de Vonêche (surtout les modèles taillés en pointes de diamant) qui ont toujours la cote.  »

Benoît Tercelin de Joigny participe à Antica Namur depuis trente ans et apporte toujours un grand soin à la scénographie de son stand. Pour l’édition 2014, le père et le fils mettront les petits plats dans les grands, en reconstruisant sur le stand un petit château du XVIIIe siècle en trompe-l’oeil. Les visiteurs pourront pénétrer à l’intérieur d’une grande maison familiale (15 m x 6 m 20), meublée avec raffinement. On y admirera des commodes, des vitrines, des guéridons, des chaises, un lit et du beau mobilier belge en chêne.  » Contrairement aux idées reçues, ce type de mobilier se vend toujours très bien « , assure Sébastien Tercelin. Le clou de la visite du château ? La salle à manger. Sur une table d’apparat magnifiquement dressée pour 10 convives, se dévoilera le service de porcelaine de Tournai avec son joli décor bleu  » au barbeau  » (créé à l’origine pour Marie-Antoinette), les verres prince de Galles, le plus beau service du Val-Saint-Lambert et les couverts en argent du XVIIIe siècle (poinçons de Liège et de Tournai).

Argenterie Art déco, un must !

Dans le domaine de l’art de la table, l’Art déco (appelé aussi cubiste ou moderniste) est une période très courte qui s’échelonne entre 1925 et 1940. De par sa pureté et sa spécificité, c’est un style qui traverse le temps et s’harmonise avec tous les intérieurs.  » Il s’agissait souvent de commandes spéciales. Malheureusement, beaucoup de pièces ont été détruites, souligne Véronique Van Assche, antiquaire depuis dix-sept ans, spécialisée en argenterie Art déco. Je tiens aussi à rappeler que le terme « argenterie » désigne uniquement l’argent massif et non le métal argenté. La confusion est assez fréquente au sein du public.  »

L’argenterie Art déco est belge ou française. Parmi les grandes maisons, on peut citer Wolfers, toujours très bien coté, et, en France, Puiforcat et Tétard Frères.  » Une collection d’argenterie, c’est une niche, une passion transmise de père en fils, poursuit Véronique Van Assche. Il y a deux types de clients, ceux qui recherchent de belles pièces pour apporter une âme à leur décor contemporain, et les vrais collectionneurs épris de la forme, la grâce et la richesse Art déco.  »

La belle porcelaine, toujours au top

Dans les valeurs sûres, les collectionneurs convoitent plus particulièrement les  » tête-à-tête « , des services à thé et à café, composés toujours de cinq pièces : théière, cafetière, crémier, sucrier et plateau. Pour la petite histoire, précisons que les services français et belges comportent toujours un couvercle sur le sucrier tandis que les services anglais n’en ont pas. Pour Namur, Véronique Van Assche a prévu un très beau tête-à-tête  » Primrose  » de Philippe Wolfers, une commande spéciale datant de 1925 en argent massif et en ivoire. Il est même accompagné de sa facture ! L’autre rareté convoitée ? Les ménagères, ces splendides couverts dans leur écrin. Une ménagère digne de son rang compte minimum 130 pièces et leur nombre peut s’étendre à l’infini. On pourra en admirer une de 220 pièces, signée du prestigieux orfèvre parisien Lapparra. Tous les couverts classiques y sont, déclinés en 12 exemplaires, avec quelques musts comme les couteaux à fruits ou les fourchettes à escargots et à huîtres. Cet ensemble exceptionnel recèle aussi 28 pièces  » de forme  » : une louche, une pelle à tarte, une pelle à asperges, des couverts à salade, des couverts à gigot, etc. On verra aussi de très beaux candélabres exécutés par Tétard Frères et un duo de prestige rarissime : une paire de seaux à champagne (des rafraîchissoirs), réalisés par la maison parisienne Boin-Taburet, aujourd’hui disparue.

Spécialisé en faïences et porcelaines anciennes du XVIIe au XIXe siècle, le Bruxellois Jean Lemaire est l’héritier de quatre générations d’antiquaires.  » Dans la porcelaine, il y a deux aspects : on peut toujours dresser une magnifique table et aussi collectionner de la porcelaine pour l’exposer en vitrine. On achète encore de la porcelaine à l’usage utilitaire, mais moins, à cause du lave-vaisselle ! Nous, nous adressons à des collectionneurs. Qui sont-ils ? Il existe autant de profils de collectionneurs que d’objets. Les hommes comme les femmes s’y intéressent. On peut commencer une collection à 30 ans. Notre clientèle est assez âgée, ce sont des personnes qui ont plus de temps et plus d’argent. On recherche avant tout l’esthétique. La porcelaine est un véritable art né au XVIIIe siècle. On a fait des objets avec beaucoup de goût, d’originalité et d’inventivité. Au XVIIIe siècle, on fabriquait, par exemple, des statuettes en biscuit (angelots ou enfants) qui servaient à décorer les tables. Il s’agissait d’une création nouvelle. C’était tout un art, aujourd’hui très prisé par les collectionneurs.  »

Un autre exemple qui confirme la notion artistique de la porcelaine ? Les décors polychromes d’oiseaux du comte de Buffon. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, publiait entre 1770 et 1786 la célèbre Histoire naturelle des oiseaux qui fera de lui un des auteurs les plus connus de son siècle. La rigueur scientifique et la beauté de ces planches constituaient une décoration extraordinaire à utiliser sur la porcelaine.  » De manière générale, on vise la qualité, ajoute Jean Lemaire. Il faut que l’objet soit beau et empreint d’histoire. Le public souhaite aller vers l’excellence et notre défi consiste à dénicher ces pièces.  » A Namur, Jean Lemaire présentera beaucoup de porcelaine de Tournai, sa spécialité, et, notamment, cette ravissante soupière du XVIIIe siècle, décorée de fleurs polychromes. Parmi les curiosités, on épinglera une délicate statuette en porcelaine de Meissen (Saxe), vers 1750, ainsi que des trompe-l’oeil comme cette terrine en forme de lièvre couché (manufacture de faïencerie Boch à Luxembourg, vers 1815-1825) ou ce pichet à bière orné d’un motif de chasse (faïence de Bruxelles, début du XIXe siècle).

Antica Namur, à Namur Expo, 2, avenue Sergent Vrithoff. Du 8 au 16 novembre. www.antica.be

Par Barbara Witkowska

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