Allocations

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

La limitation dans le temps des allocations de chômage a démarré cette année. Illustrant le durcissement de la politique menée pour les sans-emplois.

Un déchaînement de chiffres : 50 000 au 1er janvier 2015 selon la FGTB, 31 000, d’après la riposte de l’Office national de l’emploi, prévoyant quand il s’est agi d’évaluer le nombre de chômeurs exclus, une  » hécatombe  » sociale (CSC) ou des  » drames sociaux  » (CPAS). Jusqu’à empêcher Elio Di Rupo de fermer l’oeil :  » C’est une mauvaise mesure que je regrette, j’ai le coeur qui saigne quand je pense à ces femmes et ces jeunes qui vont être exclus « , a-t-il commenté, renvoyant l’image d’un ex-Premier qui n’assume pas son bilan. Son gouvernement avait taillé dans les allocations d’insertion. Ces dernières, perçues sur la base des études, sont désormais limitées dans le temps (trois ans maximum). L’équipe Michel, elle, en a durci l’entrée. Les diplômés de l’enseignement supérieur âgés de plus de 25 ans n’auront plus droit à cette aide financière. Tandis que les jeunes de moins de 21 ans sont priés de sortir diplômés de l’école secondaire pour pouvoir en bénéficier. Des mesures dans la lignée d’autres, comme le contrôle inopiné des chômeurs à leur domicile, supprimé en 2000 par Laurette Onkelinx, alors ministre de l’Emploi, et réactivé par le gouvernement de Charles Michel. Une vraie continuité pourtant entre les exécutifs précédents, selon le politologue Jean Faniel. Singulièrement entre celui de Di Rupo (PS – MR – CDH – Sp.a – CD&V – Open VLD) et celui de Michel (MR – N-VA – CD&V – Open VLD) :  » Depuis 2009-2010, ce sont des gouvernements qui pratiquent des politiques que l’on peut qualifier d’austérité, qui préconisent l’allongement de la carrière, qui ont mis en place une modération salariale, réduit les allocations de chômage, fait des coupes dans les services publics, réorganisé la justice, mené des politiques d’asile relativement dures.  »

La Belgique se montrerait-elle plus sévère envers ses chômeurs ? Jusque-là, il est vrai, le pays était l’un des derniers où la durée des allocations de chômage était illimitée. Partout ailleurs, existe une date butoir à partir de laquelle le demandeur d’emploi est pris en charge par un filet social. Mais les chômeurs sont toujours davantage les boucs émissaires d’une économie en panne d’emplois, à qui l’on applique un remède qui ne fonctionnerait pas, d’après les chercheurs du centre universitaire anversois Aoses :  » Le marché du travail n’est pas adapté aux mesures actuelles. Les emplois manquent, ce qui fait que ce n’est pas la bonne mesure à adopter « , disent-ils, alors que les Belges, souffrant d’un sentiment d’injustice, ne consentent plus à l’effort de solidarité envers les plus faibles.

Tout se passe un peu comme si une partie de la population était gagnée par une  » fatigue de la compassion « , selon la formule d’un sociologue.

Soraya Ghali

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