Le philosophe français Alain Badiou trouve une vertu à Donald Trump, celle de » nous ouvrir les yeux sur l’essentiel « . Dans Trump (PUF, 102 p., qui réunit les textes de deux conférences données, l’une à Los Angeles le lendemain de l’élection du candidat républicain, l’autre à Boston quinze jours plus tard, agrémentés d’une contribution trois ans après), l’auteur cherche à déterminer de quoi le président milliardaire est le symptôme. Pour lui, il est le fruit de la domination stratégique du capitalisme global, de la décomposition des grandes oppositions traditionnelles et de la fin de l’existence d’une classe dominante cultivée. Une évolution qu’il qualifie de » fascisme démocratique « . Elle a été permise par la disparition du communisme comme alternative au capitalisme. Il faut donc, à son estime, trouver l’idée de nature à soustraire le monde à cette pensée unique qui a décrété, depuis Margaret Thatcher, qu’il n’y a pas d’alternative au libéralisme. Elle devrait faire triompher quatre valeurs sur d’autres jugées dépassées : » C’est le collectivisme contre la propriété privée, le travail polymorphe contre la spécialisation, l’universalisme concret contre les identités fermées et la libre association contre l’Etat. » Prémonitoire au regard de l’actualité de ces derniers jours, Alain Badiou dénonce encore les » haines maniaques » de Donald Trump, l’Iran en tête, et la servilité des Etats européens face au diktat des sanctions américaines.

Alain Badiou aux origines de l’émergence de Trump
15-01-2020, 20:00
Mise à jour le: 21-01-2021, 10:00
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