Aix côté cour et côté jardin

En juillet, la cité provençale va vivre au rythme de son 63e festival d’art lyrique. Le moment de faire le point sur un événement aussi célèbre que méconnu.

ON LE SAIT

Mozart y est chez lui. C’est en effet par Cosi fan tutte qu’a débuté le festival, en 1948. L’opéra de Mozart et Da Ponte y est sans cesse repris depuis et chaque directeur propose ses nouvelles productions mozartiennes, au rythme d’une par été. Cette année, Bernard Foccroulle a confié à l’excellent metteur en scène écossais David McVicar l’ultime £uvre lyrique de Mozart, La Clémence de Titus. Elle sera donnée dans la cour de l’archevêché, le lieu historique du festival.

Le festival est devenu une grosse machine. Dans ses Mémoires intimes (Actes Sud), Gabriel Dussurget,  » magicien d’Aix  » et fondateur du festival, rappelle les résistances et les difficultés des premières années.  » J’entendais alors cette rengaine, rapporte-t-il : « Pourquoi un festival à Aix, ville morte où il fait très chaud ? Personne ne viendra ! »  » Heureusement, ce ne fut pas le cas. La ville d’Aix-en-Provence a beaucoup changé depuis 1948 : sa population a triplé et le festival accueille désormais plus de 60 000 spectateurs chaque été, dans cinq lieux différents. De même, de 1998 à 2008, le budget du festival a considérablement augmenté, passant de 12 millions d’euros à près de 20 millions. Mais tout est relatif : le Festival de Salzbourg, en Autriche, qui fut à l’origine le modèle de Dussurget, peut, de son côté, compter sur un budget de 50 millions d’euros età 250 000 spectateurs.

En 2011, Natalie Dessay sera la vedette. La soprano française effectue son grand retour dans la cour de l’archevêché, où elle chantera le rôle de Violetta, dans La Traviata, de Verdi, du 6 au 24 juillet, en alternance avec une  » doublure « , Irina Lungu. Cette production de Jean-François Sivadier, dirigée par Louis Langrée, est l’événement le plus attendu du festival. Habituée aux rôles de soprano léger, Natalie Dessay oriente aujourd’hui sa carrière vers des rôles plus lourds et plus dramatiques. Elle a discrètement testé le rôle de Violetta à l’Opéra de Santa Fe, en août 2009, avec un certain succès. Mais, attention ! à Aix et en plein air, elle sera bien plus exposée.

ON LE SAIT MOINS

Il connaît un nouveau départ. Le premier festival français de spectacle vivant vient de connaître des années de transitions. Le précédent directeur, Stéphane Lissner, avait engagé une course au gigantisme en produisant, en quatre étés, le Ring, de Wagner, et en inaugurant, pour l’occasion, une nouvelle salle, le Grand Théâtre de Provence. Des innovations financièrement difficiles à digérer, d’autant que, depuis, la crise est passée par là. Le successeur de Lissner, Bernard Foccroulle, a ainsi mis plusieurs saisons pour proposer une politique artistique équilibrée. C’est le cas cette année. Mais retrouvera-t-on  » l’esprit  » du festival ? C’est un autre défi.

L’orchestre en résidence est londonien. Pour sa deuxième année à Aix, le London Symphony Orchestra (LSO) donne pas moins de seize représentations d’opéra et deux concerts symphoniques sous la direction de sir Colin Davis et de Valery Gergiev. Cette phalange vient en outre renforcer les actions du festival vers les plus jeunes. Une création collective inspirée par La Clémence de Titus sera présentée le 17 juillet. Le LSO sera encore là en 2012 et 2013. Mais, en 2014, c’est l’Orchestre de Paris qui s’installera dans la fosse pour Elektra, de Richard Strauss, mis en scène par Patrice Chéreau et dirigé par Esa-Pekka Salonen. Les prochaines éditions sont déjà programmées. En 2012, Jérémie Rhorer dirigera une nouvelle production des Noces de Figaro, de Mozart. Il y aura aussi une création mondiale, due au compositeur anglais George Benjamin, qui se jouera ensuite à la Scala de Milan, au Covent Garden de Londres, à l’Opéra de Munich, au Festival de Vienne et à l’Opéra d’Amsterdam ! Une autre création est programmée pour 2013 : un opéra de Kris Defoort, sur un livret et une mise en scène de Wajdi Mouawad.

Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence Du 5 au 25 juillet.

BERTRAND DERMONCOURT

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