A la rencontre de la  » vraie  » Audrey Hepburn

Belle et intemporelle, Audrey Hepburn incarne à elle seule l’élégance des sixties. Mais qui était vraiment cette femme que l’on qualifie aujourd’hui d’icône ? La réponse se trouve à laNational Portrait Gallery, à Londres. Au coeur d’une exposition organisée en collaboration avec ses deux fils.

Tout le monde connaît le visage d’Audrey Hepburn (Bruxelles, 1929 – Tolochenaz, 1993)… y compris ceux qui n’ont jamais vu un seul de ses films ! Dotée d’un charme dévastateur, elle appartient à cette catégorie d’icônes intouchables qui gagnent en notoriété avec les années. Rançon de la gloire ? Les expositions se multiplient, creusant toujours plus profondément le fossé entre sa figure lustrée et sa véritable identité. Selon ses fils, Luca Dotti et Sean Hepburn Ferrer, Audrey Hepburn était à mille lieues de l’image figée de cette femme chic à la beauté sophistiquée. Stéréotype dans lequel elle fut presque immédiatement enfermée. D’ailleurs, le cadet de la famille – né de son deuxième mariage avec le psychiatre Andrea Dotti – supporte de moins en moins les clichés vintage vus et revus dans les carteries, jusqu’aux tirages démultipliés à l’infini d’une grande enseigne de préfabriqués suédois.

Cette exposition londonienne est dès lors l’occasion de briser tous les préjugés, de présenter Audrey Hepburn sous un autre jour. Telle qu’elle était : simple et authentique. Ce recadrage offrant un nouvel éclairage résulte de l’étroite collaboration (la toute première) entre les organisateurs et les deux fils de l’actrice. Ces derniers ont offert à la National Portrait Gallery un lot de 35 clichés issus de leurs collections familiales. Ces instantanés providentiels – capturés dans l’intimité – constituent la vraie raison de se déplacer. Composé de quelque septante photographies, le parcours ménage un bel équilibre entre portraits connus – entre autres des couvertures de magazines dont elle a fait 600 fois la Une -et des clichés qui reflètent avec plus de justesse la  » vraie  » Audrey. Une femme calme, sans histoire.

Se développant de manière chronologique, la visite s’ouvre sur un portrait de 1938. La fillette a 9 ans. A l’autre extrémité, un cliché signé Steven Meisel réalisé lors de son tout dernier shooting (1991). Entre les deux, des photos qui suivent la montée captivante d’une des premières stars véritablement internationales : son enfance, ses débuts sur les planches à Broadway, son ascension fulgurante à Hollywood jusqu’à l’engagement humanitaire marquant le crépuscule de sa vie. Dans les années 1950 et 1960, Audrey Hepburn a multiplié les rôles à succès. A l’époque, elle compte parmi les quelques célébrités les plus souvent photographiées. Voici aussi l’occasion de réviser ses classiques à travers les instantanés des plus grands photographes dont elle fut souvent la muse et l’amie (Richard Avedon, Cecil Beaton, Angus McBean, Irving Penn…).

A l’ombre de la star…

Mais que penserait Audrey Hepburn de cette initiative ? Premièrement, elle serait très surprise de voir qu’une exposition lui est consacrée. Toujours étonnée de son succès, elle n’a jamais véritablement compris cet engouement autour d’elle.

Deuxièmement, elle détesterait le titre ! Le terme  » icône  » est parfaitement mal choisi. Elle n’aspirait pas à devenir la légende intouchable que nous connaissons (même si cela ne se décide pas). D’ailleurs, elle n’avait pas la vocation d’être une star de cinéma. Elle souhaitait danser et rêvait d’entrechats. Elle quittera les Pays-Bas fin 1948 pour intégrer une école de ballet à Londres. Trop grande pour devenir danseuse étoile, elle se dirigera vers le cinéma un peu par hasard. Elle sera d’abord choriste avant de tourner dans ses premiers films britanniques. Un cliché rappelle la rencontre entre la jeune femme et celle qui la lance dans le cinéma, Colette. La femme de lettres est l’auteur d’une nouvelle intitulée Gigi, adaptée au théâtre en 1952. Dans le rôle principal, Audrey Hepburn. C’est à cette performance que la jeune comédienne doit son arrivée sur les planches américaines.

Ses plus beaux rôles, Audrey Hepburn les tient dans l’intimité. A l’ombre de la star se cache une maman. Son fils, Luca Dotti, se rappelle d’une mère aimante et très présente. Une vraie maman – douce, simple et spontanée – qui allait chercher son petit à l’école, surveillait les devoirs… comme toutes les autres. L’homme se souvient avoir été interpellé par ses camarades de classe :  » Mais ta mère, elle est tout à fait normale ! « . L’enfant ne comprenait pas. Leur avait-on dit que sa mère était folle ?

Audrey Hepburn ne possédait pas qu’une beauté plastique. Elle avait – aussi et surtout – une  » belle âme « . En témoigne son engagement pour des causes humanitaires. Elle fut ambassadrice spéciale de l’Unicef pour l’Afrique et l’Amérique latine de 1988 à 1992. Et ce n’était pas du cinéma. Elle va soutenir des projets en Ethiopie, au Soudan, au Bangladesh, en Somalie. L’exposition montre quelques clichés réalisés lors de ses missions. Des actions caritatives qui se poursuivront au-delà de sa mort avec l’Audrey Hepburn Children’s Fund.

Au fil de cette présentation (un brin trop courte), on aurait apprécié croiser quelques extraits de films (pour donner un peu de vitalité) ou encore découvrir quelques tenues ou effets personnels (même si ces vitrines tombent souvent dans le  » tarte à la crème « ). En outre, il devient rare de visiter une exposition sans le moindre support multimédia. Du coup, les septante portraits qui se suivent – mais ne se ressemblent pas ! – donnent au parcours un côté un peu figé, dépouillé. A moins que cette option muséographique ne soit là que pour coller au mieux avec la personnalité d’Audrey Hepburn, définitivement marquée par la simplicité ?

Audrey Hepburn. Portraits d’une icône,à laNational Portrait Gallery, à Londres, jusqu’au 18 octobre. www.npg.org.uk

Par Gwennaëlle Gribaumont

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